kerva
kerva

inscrit le 21/12/03
1 message
Salut à tous et plus particulièrement aux surfs alpins!
Je fais du surf alpin depuis 10 ans (fidèle à Hot!)et je cherche à prendre des cours de perfectionnement (pur carving...). Vous connaissez des stations qui pourraient proposer ce genre de cours ou stages...?!? Je galère pour en trouver. Même les ESF se foutent de ma gueule en me demandant si ca existe encore.... !!!!
Zlikaplouf
Zlikaplouf

inscrit le 13/01/02
361 messages
Moi perso je commençais à ramer depuis un moment quand je suis tombé il y a presque deux ans sur : extremcarving.fr, et les quelques bons conseils font de suite la différence. Maintenant faut voir avec le matos. Messire pourrait t'en dire plus.
messire
messire

inscrit le 17/09/01
1067 messages
Ben en fait si tu lis attentivement ce qu'on raconte sur notre site tu pourra effectivement progresser, que ce soit avec une freestyle ou une pure alpine genre Blast. Notre pédagogie puisque finalement s'en est une consiste a modifier ses mauvaises habitudes pour pouvoir ensuite acceder aux virages extremes/carving poussé, mais la base est la même pour toutes les disciplines: elle consiste en l'abandon du virage en contre-rotation au profit du virage en rotation..Bref lis bien notre site ( www.extremecarving.com ) regarde les videos didacticielles, et si tu comprends l'approche tu y arriveras sans prof car c'est finalement pas sorcier, faut juste arriver a oublier d'utiliser les bras comme une girouette et ca demande un peu de temps...

Ensuite puisque tu es en alpin, tu pourras progresser vers les virages de plus en plus couchés, backside comme frontside, et pour finir les enchaîner naturellement. Une planche moins race comme la Swoard que nous avons mis au point permet d'avoir moins d'angle et d'avoir des appuis plus puissants, que sa construction permet d'encaisser sans déraper, mais avec n'importe qu'elle board alpine la courbe de progression reste grande avant de plafonner..

Un bon conseil : vire les cales sous tes fixes et ride a plat: avoir le genoux arriere rentré vers l'avant conduit naturellement a la contre-rotation et donc a une conduite de courbe inefficace.

Si tu as des questions ben poses les mais n'attends pas de l'ESF des cours de carving . Seuls les Suisses enseignent les virages en rotation ,l'ecole francaise etant plutot buste face a la pente, ce qui est efficace en course mais moins en freecarve.


Nils/Swoard Snowboards

NB: tiens je serais a la CLusaz entre le 27 et le 4 janvier si y'a des gens qui veulent voir une Swoard ou des virages en rotation !
J'aurais aussi une 168M, une 175H et une 175M démo pour si y'a des gens zinterressés..Faut que la neige soit au rendez vous of course mais la semaine qui arrive semble prometteuse

Zlikaplouf
Zlikaplouf

inscrit le 13/01/02
361 messages
Bon à savoir Messire, la programmation vacances est prévue du 31 au 1er (et oui c'est cours !) mais on a des réservations pour le moment sur deux sites : soit de ton côté soit du côté de l'Isère, ça va dépendre des chutes de neige. En espèraht bien te voir un jour sur ta monture !
plak
plak

inscrit le 17/12/03
28 messages
-> Kerva, essaye de te renseigner du cote d'Auron (c'est dans les alpes du sud ... tres au sud!) j'ai deja vu, par 2 fois, un extra terrestre qui donnait des cours de carving avec 7-8 "eleves".
Je ne me souviens plus de son nom ... mais je crois qu'il etait a l'ESF (?!).
C'est un peu flou, desole ...
No brain no pain
No brain no pain

inscrit le 25/02/99
125 messages
Il-y a 3-4 ans, j'ai fait un cours alpin a Tignes.
C'etait un cours classical (!!!) 5-6 participants, tous 10-15 ans d'experience.
Je ne me souviens plus le nom du gars (le prof), mais il participait aux championnats de france au slalom

Peut-etre il est encore avec l'ESF de Tignes, tu pourrais leur envoyer un couriel.

Si ca marche encore a Tignes (cours en Alpin), tu veux bien poster ca ici?

kerva
kerva

inscrit le 21/12/03
1 message
Merci à tous!
je connaissais déjà extremarving depuis pas mal de temps mais c'est bien d'avoir au moins une fois dans sa vie un cours! Je pense avoir un bon niveau déjà mais c'est surtout du pur perfectionnement. Je vais à Tignes du 4 au 10 janvier donc si ils font des (bons) cours je vous tiendrai au courant of course!!! Merci et A+ sur les pistes. J'espère que la neige sera au RDV pour tous...
ptitjuju
ptitjuju

inscrit le 27/10/03
788 messages
ça existe encore l'alpin?

les seuls spécimens qui existent encore sont en combi fluo, le bandeau sur la tête, les lunettes cébé rondes et ont 40 ans en moyenne!!!

me ditent pas qu'il y en a encore???? perso, je vois pas l'intérêt de faire du slalom en snowboard (désolé isa ou karine, mé c vrai), le snowboard c'est fait pour la poudre et/ou le freestyle.

L'alpin (ou carving), c comme les f..cking bipèdes qui dévalent à 100 Km/h sur les pistes bleues noires de monde et qui sont limite de tuer trois gosses!!

Bé non messieurs, le snowboard, c pas comme le ski, c'est pas la vitesse qui est intéressante, c plutot la glisse (sensations qu'on ne retrouve pas en ski).

Enfin, je ne dénigre pas les skieurs, moi je respecte les skieurs newschool (ride dans la poudre, freestyleurs de l'extrème, etc...).

mé bon, je vais me mettre à dos tous les skieurs parisiens qui prennent les pistes pour des autoroutes...

cordialement.

bloodfrenchie
bloodfrenchie

inscrit le 02/03/02
811 messages
waouh... ca c'est de l'ouverture d'esprit comme on aimerait en voir plus souvent!
c'est plutot affligeant!

on va y aller point par point...

"ça existe encore l'alpin?"
en effet, ca existe toujours... il te sufit d'aller voir sur qques sites pour te faire une idée: alpinesurfer.net ; extremecarving.com ; bomberonline.com ; et d'autres...

"les seuls spécimens qui existent encore sont en combi fluo, le bandeau sur la tête, les lunettes cébé rondes et ont 40 ans en moyenne!!!"

Faux encore, la preuve que tu parle sans vraiment connaitre... tout d'abord, la moyenne tournerait plus vers les 30ans (perso j'en a 18). En ce qui concerne la tenue, cela est loin d'etre toujours vrai, et surtout je en vois pas en quoi cela derange-t-il... peut ere que ca blesse ton ame de snowboarder roots et pur... c'est ca?

"perso, je vois pas l'intérêt de faire du slalom en snowboard (désolé isa ou karine, mé c vrai), le snowboard c'est fait pour la poudre et/ou le freestyle."

La reponse a cette phrase, tu l'a trouvé toi meme... en disant "perso,..."! Voila c'est ton avis personnel! En vertu de qoi te permets tu de l'erigere en loi, en barriere que l'on ne devrait pas franchir?
Si je fais de meme, ca deonnerait:
"je vois pas l'interet de faire du freestyle et de se poser les cul sur la neige toute la journée, le snowboard c'est fait pour carver."
ce que je ne permettrais pas... tout simplement parce que je considere qu'on ne doit pas faire de generalité sur des choses qu'a fortiori on ne connais pas bien!

"L'alpin (ou carving), c comme les f..cking bipèdes qui dévalent à 100 Km/h sur les pistes bleues noires de monde et qui sont limite de tuer trois gosses!!"

une preuve de tolerance encore une fois...

"Bé non messieurs, le snowboard, c pas comme le ski, c'est pas la vitesse qui est intéressante, c plutot la glisse (sensations qu'on ne retrouve pas en ski). "

Voila LA PHRASE DU JOUR... appretez vous a la voir aux infos ce soir...
Plus serieusement... la carving, justement c'est qqu chose que l'on ne retrouve pas en ski... ou alors pas de la meme maniere! COmme tu le dis si bien, c'es "la glisse"... Le freestyle, c'est surement plus de la glisse... n'est ce pas?

alors juste un dernier mot... apprend a connaitre avant de formuler de telles critiques...

cordialement...

plak
plak

inscrit le 17/12/03
28 messages
Precision de grande importance: il y a bcp "d'anciens" qui font de l'alpin ambiance carving. Pourquoi? parce que les "vieux" ont tout essaye; ils ont fait le tour de toutes les glisses et ce sont celles qui apportent le plus de sensations qui les ont marque.
Il faut ecouter de tps en tps les old school ... ils se trompent moins que les petits jeunes euphoriques!
Au contraire, il ne faut pas trop se fier au marketing snowboard qui impose des modes et des styles.
Faut essayer un max de trucs dans la vie sinon, un jour tu te rends compte que tu n'as pas vecu et que tu es passe a cote de pas mals de choses!


Plak, ni dieu, ni maitre.

ptitjuju
ptitjuju

inscrit le 27/10/03
788 messages
bloodfrenchie: ouaips, t'as raison, je suis pas ouvert d'esprit, mais pas du tout. c clair que je chie sur ceux qui descendent comme des malades sur les pistes, désolé, mais là, je respecte pas. par contre pour le reste, faut le prendre au second degré mon coco. M'en fout que tu fasses de l'alpin, du freestyle ou du freeride, mais comme c pas courant alors je me permet de chambrer un peu. enfin, le prends pas mal, c pas grave de préférer l'alpin. Reste sur les pistes, tu ne sais pas ce que tu perds en freeride et en freestyle.
Tu vois le truc qui est bien avec le snow, c la liberté, donc pouvoir aller ou tu veux avec ton snow et faire ce que tu veux (ou peux), mais avec l'alpin, tu peux pas sortir des pistes damées, c là que je comprends pas. ça te tente pas de te faire des bon gros virages dans 50 cm de poudre et ensuite te lancer sur un gros kicker backcountry et reposer dans la bonne pow-pow?
c réducteur l'alpin, mais ça ne m'empèche pas de carver de temps en temps (un ptit v-turn par ci par-là).
mé bon, je discute pas les gouts, j'm'en balance, c ta vie, t'aime bien carver, c cool! mé tu rates des trucs...
ptitjuju
ptitjuju

inscrit le 27/10/03
788 messages
yep plak t'as réson, fo tout essayer. mé les gouts et les couleurs.

pour dire que le carving te donne le plus de sensations, pour moi carrément pas. ça fait 8 ans que je pratique et je prends mon pied dans le freeride/freestyle. c pas une question de mode ou de marketing, c simplement que j'ai toujours aimé ça, le spectacle, t'envoyer en l'air. c la combinaison glisse + air qui me fait kiffer. mé les vieux y peuvent plus faire tout ça, alors du coup, ils préfèrent carver!!!!
t'inquiète moi aussi quand je serai vieux je ferai du carving ;-p j'aurai pas le choix...

plak
plak

inscrit le 17/12/03
28 messages
J'ai fait 5 ans de freestyle a haut niveau: dommage pour toi, gamin!
Je n'ai plus le niveau pour rivaliser avec les terreurs du big air d'aujourd'hui mais je mets minable pas mal de monde encore!

Je fait du freestyle avec ma board freestyle, du carving avec ma freecarve, du freeride avec mon swallow ...

J'ai essayer le freestyle, tu n'as pas essayer l'extreme carving (quand je dis essayer, je ne dis pas une journee, je parle de sport, du vrai)
Je n'ai de haine envers personne, j'aime tout mais faut connaitre avant d'argumenter.

Plak (qui chausse ses skis de tps en tps parce qu'il n'est pas raciste!)

bloodfrenchie
bloodfrenchie

inscrit le 02/03/02
811 messages
tes deux derniers message sont un peu moins desagreables a lire...
car desole, le 2nd degre, dans ton premier post je vois mal ou il se trouve, et pourtant, j'ai les degrés d'humour aiguisé plus loin que le second...
La porchaine fois que tu fais du second degre, essaye de faire qu'on pouisse le voir

juste un question... tu irais dire a un pilote F1 qu'il ne sait pas ce qu'il rate en ne faisant pas de rally? Non sans doute pas...
sans vouloir comparer les plaqueux a des pilotes de haut niveau (quoique, pour certains...), mais je veux juste te faire remarquer que les carver ont souvent choisi l'alpin pour sa precision et sa technicicite... ou est le probleme... on fait du carving par choix et pas par depit!!

ptitjuju
ptitjuju

inscrit le 27/10/03
788 messages
plak t'as vraiment un sale esprit de merde de compétiteur à 2 francs. rien à foutre de mettre minable qqun!!!! je pense qu'il y a bcp de monde qui peuvent te mettre minable aussi. Et puis je ne suis pas si sectaire que ça, je carve de temps en temps quand la neige est trop dure et que le hors-piste est impratiquable... mé bon, c pas mon truc, c tout. et puis vaut mieux pas que je m'y mette je te mettrai minable (bé oui, je suis trop fort, je suis l'entraineur perso de karine ruby et de terje haakonsen)!!!!!
plak
plak

inscrit le 17/12/03
28 messages
Au revoir!
ptitjuju
ptitjuju

inscrit le 27/10/03
788 messages
bloodfrenchie: sorry, je suis un peu maladroit. moi j'ai dans l'esprit que le snowboard, c'est comme le surf, c un état d'esprit. c la glisse, les sensations, mais sans vouloir à tout prix aller plus vite que les autres. C clair que rechercher la technicité, la précision, c très bien, et j'approuve. Mais pour moi ça ne va pas dans le sens du snow. je suis peut-être un peu fermé la-dessus, mé bon j'arriverai pas à convertir tout le monde ;-) en fait, je suis tellement passionné par le freeride/freestyle que j'aimerais que le snow n'existe que pour ça! c clair que chacun peux trouver des plaisirs différents dans le snow... sorry, je suis finalement pas très ouvert d'esprit, faut que je fasse des efforts!!!
jeanbernard
jeanbernard
Statut : Confirmé
inscrit le 08/10/01
1580 messages
Matos : 5 avis
-> kerva: eh oui on a tous le même problème:
l'an dernier à serre-chevalier j'ai vu un mono de l'ESF avec 3 élèves en alpin (que je n'ai hélas pas réussi à approcher).
le soir même, je passe aux bureaux de l'ESF et demande pour un cours de snowboard alpin. D'abord, personne dans le bureau ne savait ce que c'est. finalement, ils ont trouvé un mono dans l'arrière-salle qui savait mais prétendait que ça n'existait plus depuis longtemps!
et comme je n'ai jamais revu le mono en question, ben j'ai jamais pu avoir accès à un cours.

bref, il ne reste plus qu'à avoir beaucoup de chance ou alors à se fédérer et se regrouper en bandes pour s'entraider...

chouchdestructor
chouchdestructor

inscrit le 14/10/02
209 messages
le mieux c'est de trouver quelqu'un de balèze pour qu'il te dise ou sont tes défauts car c'est pas à l'ESF que tu trouveras des profs alpin (même si j'en connais). Ils sont souvent de "l'ancienne" et donc ne t'enseigneront pas les techniques pour faire par exemple de l'extremecarving mais plutot les techniques pour faire un slalom...
Alors t'es sur skipass yaurra bien une personne que tu pourras rencontrer une journée!
Et en plus cela coute en générale qu'une bonne bière!!
Zlikaplouf
Zlikaplouf

inscrit le 13/01/02
361 messages
Allez Messire on va se cotiser pour un cours spécial tartiflette !
Sinon pour votre culture perso vous pouvez lire cet article que j'avais trouvé assez juste sur l'approche de l'activité. On y retrouve l'état d'esprit des freeriders. Mais techniquement y a des choses intéressantes qui se sont développées dans tous les domaines du snow. Moi je suis assez content d'avoir commencé par l'alpin (à l'époque tu n'avais pas le choix) même si je m'éclate comme un fou avec mes flows maintenant.

Apprendre sans le savoir ?
De la forme scolaire en général, de l’éducation physique en particulier et de l’enseignement du ski pour illustrer
Olivier MAULINI
Université de Genève
Faculté de psychologie et des sciences de l'éducation

2001

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Avez-vous déjà chaussé les skis cet hiver ? Si c’est le cas, vous en aurez peut-être profité pour observer une espèce particulière d’éducateurs : les moniteurs des écoles de ski et de snowboard. Et sans doute en aurez-vous tiré de précieux enseignements vis-à-vis de la pédagogie en général et de la Rénovation en particulier. Si ce n’est pas le cas, peut-être aimerez-vous connaître les questions que se posent ces enseignants pas comme les autres et les réponses qu’ils y apportent.

En mars dernier, les quotidiens Libération et le Nouveau Quotidien ont tous deux publié un article élogieux sur l’enseignement du " snowboard " (surf des neiges) dans la station d’Avoriaz. Quel rapport me direz-vous avec les trois axes genevois, l’échec scolaire et les objectifs-noyaux ? Plus d’un, nous allons le voir. En fait, ce détour n’en est (presque) pas un : parler de l’enseignement du ski, c’est parler d’éducation physique ; et parler d’éducation physique, c’est parler d’éducation tout court ; c’est donc parler d’apprentissage, d’enseignement, bref d’école et de... Rénovation.

Pour bien se connaître soi-même, il est souvent utile d’écouter ce que les autres disent de nous. " Parle-moi de moi, je saurai qui je suis ". Quand un fils fait un reproche à son père, il lui renvoie une image, certes déformée, mais par là même signifiante de ce qu’il fait et de ce qu’il est en tant que père. Idem lorsque la Confédération Suisse se fait sermonner par les diplomates européens chargés des négociations bilatérales ou les députés américains à la recherche de l’or nazi. Idem encore lorsque l’école essuie les récriminations d’autres acteurs de la formation et de l’éducation.

Apprendre le snowboard semble être a priori un apprentissage comme un autre. Ses promoteurs ne sont cependant pas de cet avis. Pour mieux nous en convaincre, ils opposent leur démarche à la logique scolaire. En parlant d’eux-mêmes, ils nous disent beaucoup, d’une part sur ce qu’est l’école, d’autre part sur ce qu’elle paraît être. Voyons comment.

Apprendre à apprendre sans savoir qu’on apprend ?
Les surfers revendiquent une forme de rupture avec la tradition antérieure, jugée obsolète : celle du ski de piste. Le paradoxe fondamental est décapant : " tout le challenge, c’est de mettre les enfants dans des situations pédagogiques, leur enseigner sans que jamais ils aient le sentiment d’apprendre ". Entendons-nous bien : il ne s’agit pas seulement d’apprendre avec plaisir, ou encore d’apprendre en s’amusant. Il s’agit d’apprendre sans même savoir qu’on apprend. D’apprendre, en quelque sorte, à son insu.

Du point de vue pédagogique, ce postulat a de quoi choquer, convenons-en. Comment peut-on imaginer un apprentissage durable en l’absence de ce qu’on a coutume d’appeler une " posture réflexive " ? Apprendre " sans le savoir ", voilà qui est bon pour l’enfant sauvage, livré à lui-même dans un environnement exclusivement naturel. Pour le reste, l’histoire de l’éducation nous montre que seule l’intervention explicite des adultes permet au petit d’homme d’accéder à la connaissance. Si l’homme est un animal social, il ne peut reconstruire à lui tout seul le savoir élaboré par ses semblables au cours des siècles. Il a besoin de puiser aux sources les plus immédiates, comme aux plus lointaines, pour s’émanciper des lois de la nature. Parler, lire, écrire, mesurer, calculer, chanter, dessiner, jouer, ne sont possibles qu’à travers un long apprentissage. Ce qui justifie l’existence de deux institutions consacrées à cette tâche : la famille et l’école.

Evidemment, l’apprentissage n’est pas toujours conscient. Souvent, l’imitation spontanée suffit, en particulier chez les tout petits. Plus tard, les mécanismes vont cependant se complexifier, passer des opérations concrètes aux opérations formelles. En accédant à la capacité d’" abstraction réfléchissante ", l’homme pourra penser sa propre pensée et celle des autres. C’est précisément sur cette rupture que se fonde en partie la spécificité de l’institution scolaire. En créant l’école, l’humanité a voulu systématiser la transmission des savoirs élémentaires afin de les diffuser plus rapidement et plus largement que ne le permettait la pratique antérieure du compagnonnage. Or, la meilleure façon de gagner du temps ne consiste pas à réinventer tout le savoir avec chacun des élèves. Il s’agit plutôt, d’une part d’aller à l’essentiel, d’autre part de construire un savoir de " deuxième degré ", un savoir sur les savoirs, seul gage d’une véritable maîtrise, d’une véritable lucidité.

Les programmes scolaires gardent la trace de cette intention. Pourquoi par exemple enseigner la grammaire à l’école primaire ? Parce que la maîtrise de la langue orale et écrite n’est optimale que si elle s’accompagne d’un savoir sur la langue elle-même, le savoir qu’on appelle " métalinguistique ". Postulat que l’on peut généraliser : mathématique, histoire, géographie, dessin, musique, chacune de ces disciplines construit un regard réflexif, un regard " méta " qui permet aux élèves, non seulement de maîtriser un certain nombre de savoirs et de savoir-faire, mais aussi de prendre conscience de cette maîtrise pour l’améliorer encore.

De façon plus " transversale ", les pédagogues ont beaucoup insisté sur la nécessité d’" apprendre à apprendre " plutôt que de se noyer dans l’accumulation de savoirs vite oubliés. Ils ont trouvé l’appui des psychologues pour qui la prise de conscience par l’enfant de son propre fonctionnement intellectuel, de " ce qui se passe dans ma tête quand je pense " (cf : exposition Piaget du Musée d’ethnographie) est l’une des clefs de ce qu’on appelle aujourd’hui la " métacognition ". Si l’élève prend explicitement conscience de ses difficultés d’apprentissage, il pourra d’autant mieux y remédier. En anticipant, en contrôlant, en ajustant, bref en régulant sa propre activité mentale, il en augmentera l’efficacité. Il se posera en extériorité de la situation d’apprentissage et pourra mieux la contrôler. Evidemment, les enfants n’ont pas tous les mêmes capacités réflexives. Mais voilà précisément l’enjeu : permettre à chacun de construire cette compétence essentielle, sous peine de voir se perpétuer les inégalités d’accès à la connaissance. Car accéder au statut de sujet, c’est non seulement savoir, c’est surtout savoir que l’on sait. Pour Meirieu (1996, p.11), savoir qu’on sait est tout autre chose que savoir, puisque, quand on sait que l’on sait, on peut utiliser ce que l’on sait sans attendre qu’on nous le demande.

La Rénovation genevoise fait elle aussi ce pari : penser son propre apprentissage serait gage de lucidité et d’émancipation. Dans son bilan de l’an 1 (De l’activisme à la méthode), Monica Gather Thurler affirme que plusieurs équipes témoignent du fait que les enfants sont plus confiants et conscients de leurs difficultés, arrivent à faire des choix de travail pour améliorer leurs compétences (p.27). De son côté, le Service de la recherche en éducation innove en soumettant aux élèves de 6e primaire un questionnaire intitulé " Comment j’apprends ? ".

Apprendre sans maître d’école
Comment alors expliquer ce paradoxe : au moment même où l’école découvre (ou met en pratique) les délices de la métacognition et de la prise de conscience, on souhaite ailleurs s’en débarrasser. Ou plutôt : on semble le souhaiter. Revenons en effet à notre article initial : pourquoi donc vouloir apprendre [le snowboard] sans avoir le " sentiment d’apprendre " ? Pour deux raisons, fort différentes l’une de l’autre nous allons le voir.

D’abord, " apprendre " est trop pénible. Selon un moniteur, " l’image que les jeunes se font du snowboard, c’est que c’est facile, alors que le ski, ça s’apprend ". Insistons sur l’équation : si quelque chose s’apprend, c’est que c’est difficile ; si c’est facile, pas besoin d’apprendre. Une question se pose alors : comment, dans ces conditions, définit-on le verbe " apprendre " ? C’est là qu’intervient notre seconde explication, décisive : " Cela veut dire qu’il faut éviter toutes les situations de type scolaire ". Qu’est-ce à dire ? " Pas de rassemblements militaires, pas de tests, pas de médailles (...) On ne leur dit pas comment ils doivent faire et on ne leur parle pas de technique. "

Ne sous-estimons pas ce glissement : si les jeunes préfèrent le snowboard, c’est que, dans leur esprit, c’est plus facile. Pourquoi est-ce plus facile ? Parce qu’il n’est pas nécessaire d’apprendre. Pourquoi n’apprend-on pas ? Parce qu’on ne décompose pas chaque mouvement et qu’on n’encolonne pas les élèves sur deux rangs, en d’autres termes, parce qu’on n’a pas l’impression d’être à l’école, fut-elle l’Ecole suisse de ski.

Si l’école est faite pour apprendre et si l’école est ennuyeuse, c’est l’idée même d’apprentissage qui devient rébarbative. En fait, on veut bien " apprendre le surf ", mais " sans recevoir d’ordre ". D’où le titre de l’article : " apprendre le snowboard sans maître d’école ". Sans professeur, mais avec un moniteur, c’est-à-dire " un copain qui conseille et un leader incontesté pour sa compétence et son comportement ". Tout le contraire de l’instituteur moyen, donc ! En fin de compte, on voit bien que c’est moins l’apprentissage comme tel qui est dénoncé que la " forme scolaire " de l’apprentissage, que la scolarisation des apprentissages.

La rupture n’est pas fortuite, elle est revendiquée. D’un côté, " les cours de ski classiques ", variante alpestre de l’école de grand-papa : groupes homogènes, maître omniscient, décomposition et répétition des mouvements, verbiage explicatif, discipline de fer, bref une pédagogie " contraignante et scolaire ". De l’autre, une " organisation souple " orientée vers " l’autonomie, le plaisir et le sens des limites ". Les moyens ? Différenciation ("Par thèmes : je veux progresser, je veux sauter, je veux tailler de belles courbes, j’ai envie de tout essayer ") ; pédagogie de la réussite (" Ne proposer que des situations positives, simples et ludiques qui mettent les jeunes en confiance ") ; situations complexes et non-linéarité (" On ne dit pas ‘on ne fera pas de saut tant qu’on ne saura pas tourner’ ") ; primat du résultat obtenu sur l’orthodoxie stylistique (" Peu importe la façon dont on tourne, le tout est d’acquérir une certaine habileté. Pourquoi vouloir hiérachiser une position plutôt qu’une autre quand on enseigne aux enfants ? ") ; objectifs-obstacles (" Ce banc, il y en a qui vont le passer en montant dessus, d’autres qui vont l’enjamber, l’essentiel c’est qu’ils le passent en se faisant plaisir. Et si on veut vraiment qu’ils franchissent un objectif donné, on va s’arranger en aménageant un terrain qui corresponde à cet objectif ").

Le résultat fait la fierté des moniteurs : " les groupes ne ressemblent en rien à ces classiques files d’enfants reproduisant chaque mouvement de leur prof ". L’apprentissage est à la fois orienté et fondé sur la liberté et la responsabilité des participants. L’enseignement est " rythmé par des niveaux d’autonomie " ; en fin de cours, les jeunes reçoivent une " attestation d’autonomie ". Ces jeunes surfers, une fois sur les pistes, ne feront pas " n’importe quoi ". Ils seront attentifs aux dangers de la montagne, sauront maîtriser leur vitesse et respecter les autres amateurs de sports d’hiver.

Un enseignant sachant systématiser sans saucissonner est un bon enseignant...
En dernière analyse, on pourrait reprocher à nos jeunes surfers de caricaturer (voire de diaboliser) outrageusement l’univers scolaire. Force est toutefois de reconnaître que leur opprobre n’est pas sans rapport avec celle de certains chercheurs. Lorsque Philippe Perrenoud s’interroge sur le sens du travail scolaire, lorsque Michel Develay dénonce l’enseignement de savoirs démontés, coupés de leur origine et de leur signification profonde, lorsque Jean-Pierre Astolfi accuse l’école de donner les réponses avant même les questions, on se trouve à chaque fois confronté au même enjeu : comment faire de l’école un lieu de construction et de transmission de savoirs vivants et émancipateurs ? Comment en faire l’instrument d’une diffusion systématique de la connaissance, sans transformer cette dernière en objets morts et éclatés, sans la " saucissonner " en tranches si fines qu’elle en perd toute saveur et toute valeur nutritive ?

Revenons à l’éducation physique. Comme l’affirme Daniel Bain (1996), cette discipline peine à se défaire de son misérable statut de " branche tertiaire " dans l’école publique (loin derrière les " branches principales ", loin aussi de " branches secondaires " comme la géographie ou l’histoire). Cette situation est regrettable à deux égards au moins : d’abord, on sous-estime son apport dans le développement global des enfants ; ensuite - et c’est l’objet de ce texte - on ignore un gisement de pratiques et d’analyses théoriques qui peuvent contribuer à éclairer les enjeux scolaires les plus généraux, les plus " transversaux ".

Prenons deux exemples :

Dans le domaine des finalités, on sait que l’école a pour mission d’équiper tous les élèves d’un ensemble de compétences nécessaires à leur vie de futur citoyen. Mais comment passer des déclarations de principe à leur opérationnalisation ? L’éducation physique fournit une excellente illustration des dilemmes rencontrés. Si l’objectif est que tous les élèves sautent 4 mètres en longueur et plongent des 3 mètres en fin de 6e primaire, comment ne pas " fabriquer de l’échec " avec les enfants qui n’iront ni si loin, ni si haut ? Comment ne pas pénaliser les " petits gros " au profit des " grands minces " ? En changeant d’objectif, évidemment. Mais si l’on abandonne la performance sportive au profit du bien-être et de l’équilibre personnel, ne risque-t-on pas de renoncer trop complaisamment à toute ambition d’enseigner ? Car, pour le dire très vite, il y a deux façons d’émanciper l’enfant pataud : l’inciter à décoller son " image de soi " de ses performances sportives ou... l’aider à sauter plus haut !
Dans le domaine des moyens, l’" objectif-obstacle " et la " situation-problème " sont au cœur de la didactique des sciences ou de la mathématique. Comme on l’a vu, les mêmes concepts ont leur utilité dans d’autres espaces : sur les pentes enneigées, mais aussi à la piscine ou sur le stade d’athlétisme. Avantage non négligeable : ils s’y incarnent dans des dispositifs matériels immédiatement visibles, palpables, saisissables. Lorsqu’un enfant apprend à marcher, la " zone proximale de développement " perd une partie de son mystère et peut presque se mesurer avec le double-mètre. La distance qui sépare les mains de l’adulte de celles de l’enfant permet en effet d’identifier les compétences du second nommé. L’ajustement optimal de cette distance sera en outre le gage d’un apprentissage réussi. Si nos mains sont trop éloignées, l’enfant ne " se lancera " jamais. Si elles sont trop rapprochées, si elles sont trop prévenantes, trop omniprésentes, comment fera-t-il pour s’en détacher ? Seule une distance optimale, une " zone proximale " provoquera la bonne stimulation. Nous sommes ici aux prises avec le paradoxe fondateur de l’éducation : comment aider l’autre à se libérer de notre influence, comment " étayer " tout en " désétayant " ?
Philippe Meirieu utilise parfois cette image : si l’école s’était mise en tête d’apprendre la marche aux enfants, nombreux seraient les humains quadrupèdes ! Comment en effet s’y prendrait-elle ? Comme à son habitude : réunion d’experts, formulation d’objectifs et de sous-objectifs d’apprentissage, planification linéaire sur l’ensemble de la scolarité élémentaire (lever le pied le gauche en 1e enfantine ; le pied droit en 2e enfantine ; mettre un pied devant l’autre en 1e primaire, mais sans lever les bras ; faire la même chose en 2e primaire en levant les bras, etc.) ; construction de séquences didactiques appropriées ; élaboration de documents de référence ; leçons d’une heure hebdomadaire sous forme d’exposés théoriques sur la cinétique et la coordination des mouvements ; exemples et exercices pratiques ; évaluation notée ; certification en cas de réussite et redoublement en cas d’échec.

Evidemment, cette satire est injuste. Mais elle n’est pas dénuée de sens. Les nouvelles approches didactiques et pédagogiques sont toutes à la recherche d’une approche plus globale des apprentissages, une approche qui inscrive l’entraînement " technique " dans des activités complexes, fonctionnelles et - surtout - significatives.

L’éducation physique, discipline en plein renouveau, cherche elle à se débarrasser d’un héritage fondé sur le culte de la performance, la répétition de gestes calibrés, la discipline paramilitaire. Un récent numéro de la revue Education physique à l’école aborde l’enseignement des sports de glisse en général et du snowboard en particulier avec des postulats sans ambiguité : stimuler et exploiter la curiosité et les questions des élèves (" un enseignement omniprésent peut réduire la créativité à néant ") ; problématiser les situations (" développer des stratégies permettant de résoudre des problèmes ") ; renoncer aux prescriptions motrices (" ne pas tendre à inculquer des positions corporelles et des formes techniques données "). Des postulats qui devraient certes trouver un écho dans nos classes blanches et autres sorties luges. Mais des postulats qui sont sans aucun doute transférables, d’une part dans la salle de gymnastique (de jeu ou de rythmique), d’autre part dans la salle... de classe.

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Sources
Estrade, Brigitte (1996). Le snowboard sans maître d’école, in : Libération (9-10 mars), p.21
Hotz, Arturo (1996). Sports de neige, sports de glisse. L’art de gérer le (dés)équilibre, in : Education physique à l’école, 6, pp.19-22

Tanette, Sylvie (1996). Avoriaz, la Mecque du snowboard, in : Le Nouveau Quotidien (14 mars), p.27

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Pour en savoir plus...
Allal, Linda; Saada-Robert, Madelon (1992). La métacognition : cadre conceptuel pour l'étude des régulations en situation scolaire, in : Archives de psychologie,60, pp.265-296
Bain, Daniel (1996). De la gymnastique à l’éducation physique et sportive : une didactique en évolution, in : Education et Recherche, 1, pp.5-7.

Doudin, Pierre-André; Martin, Daniel (1992) De l'intérêt de l'approche métacognitive en pédagogie. Une revue de littérature. Lausanne, Centre vaudois de recherches pédagogiques, cahier 92.9.

Gautheron, Nathalie ; Maulini, Olivier (1995). Comment partir des intérêts des enfants pour leur doner progressivement accès à des attitudes et des compétences nouvelles ? L’exemple de l’éducation corporelle, physique et sportive, in : Actes du Forum 1995 de ‘enseignement primaire, Genève, DIP.

Joannisse, Robert (1996). L’articulation formation et recherche en éducation physique, in : Education et Recherche, 1, pp.8-25.

Meirieu, Philippe (1996). Le maître : de la transmission à la médiation. Paris, Entretiens Nathan.

Perraudeau, Michel (1996). Les méthodes cognitives. Apprendre autrement à l’école. Paris, A.Colin.

René, Bernard-Xavier (1993) La gestion médiatisée des différences, in : Cardinet, Jean et al. Education physique et différenciation pédagogique. ASEP, pp.61-91

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