j'ai passé une semaine dans les environs de Saint-Moritz à la mi-février. Comme je n'ai pas lu beaucoup de compte rendus concernant cette région, j'en fais un.
L'Engadine, c'est la haute vallée de l'Inn (canton des Grisons, Suisse). Le fond de la vallée est assez élevé (entre 1700m et 1800) et reste donc enneigé pendant toute la saison d'hiver, de sorte qu'on y trouve les fronts de pistes des différents domaines et la totalité des lieux de séjour.
Le forfait "engadine" regroupe des domaines de taille variable : deux grands (Corviglia-Marguns et Corvatsch-Furtschellas) et trois petits (deux à proximité du col de la Bernina, qui ont un dénivelé important, et le petit domaine plus familial de Zuoz, en aval). Le forfait comprend également d'autres "domaines" de taille très réduite (une ou deux pistes) et permet d'emprunter tous les trains et bus du secteur (sauf bus de nuit).
- Corviglia Marguns : c'est le domaine propre à Saint Moritz (et à Celerina), exposé au sud-sud-est. Pour l'essentiel, de larges boulevards sans difficultés (même les pistes "noires") et parfaitement entretenus, des RM très modernes : il n'y a que des TPH, des télécabines, des funiculaires et des TSD à bulles, à quelques exceptions près (un TSF deux places, un TSD débrayable sans bulle, un TK qui était fermé... et c'est tout).
Bref, une sorte de "Plagne de luxe", et encore, à la Plagne il y a beaucoup plus de pistes difficiles je crois. Pas forcément exaltant pour un bon skieur mais pas désagréable non plus. Une surprise cependant, la bleu qui redescend de Trutz à Chasellas était dans un état épouvantable le jour où je l'ai empruntée (beaucoup plus d'herbe que de gazon, vraiment). Je me demande vraiment pourquoi ils ne l'avaient pas fermée. Ailleurs (tout le domaine était ouvert) les pistes étaient en bon état, même si l'on sentait au début du séjour qu'il n'avait pas neigé depuis un moment.
Beaux paysages mais peut-être pas autant que dans les autres secteurs qui font plus "haute montagne". A signaler parmi les coins sympas : la noire "olympique", les pistes rouges en contrebas du piz nair (qui est le point culminant du domaine à un peu plus de 3000m), et la belle descente entre le piz Schlattain (à environ 3000m) et Celerina (1750m). J'ai skié deux journées dans ce domaine. Très peu de monde sur les pistes (et aucune attente aux remontées), à l'exception de la tranche horaire 11 h - 14 h. Le reste du temps, c'était limite désert, alors qu'on était (d'après ce que m'avaient dit les locaux) dans une des deux semaines les plus chargées de l'année...
- Corvatsch-Furtschellas : de taille comparable, exposé au nord-nord-ouest. Ce domaine est situé sur l'autre versant, un peu plus à l'ouest.
Une piste noire de ce domaine (pas bien difficile), permet d'atteindre le bas du téléphérique du Signal, ce qui donne accès au domaine de Corviglia Marguns. Il "suffirait" donc de construire une remontée entre Saint-Moritz et le haut de cette piste noire pour que les deux domaines soient reliés. Je me demande si le projet a été envisagé, et si oui, pourquoi il n'a pas (encore ?) été réalisé.
Le parc de remontées comprend deux téléphériques partant de la vallée. L'un d'entre eux est suivi d'un autre téléphérique qui atteint le glacier de Corvatsch, en contrebas du pic du même nom. C'est le point culminant du domaine skiable, et de tous les domaines de l'Engadine (3300m). La parc de RM est moins moderne qu'à Corviglia-Marguns (surtout dans la partie "furtschellas") : excepté les 3 téléphériques et à deux ou trois TSD à bulles près, il est composé de téléskis doubles (assez casse gueule, je trouve).
Le cadre est plus sauvage. Vue extraordinaire en haut du téléphérique de Corvatsch : vue rapprochée sur les sommets et les glaciers de la Bernina d'un côté (le piz Bernina est le dernier "4000" à l'est des Alpes, mais les autres sommets sont très beaux aussi), vue très lointaine au nord ouest jusqu'au Valais et à l'Oberland Bernois, et, en contrebas, sur les lacs de l'Engadine.
Les rouges qui redescendent de Corvatsch ressemblent à de vraies rouges (et m'ont même paru plus difficiles que bien des noires des autres domaines). Il y en a une belle qui part à droite, juste en contrebas du pic : on surplombe une vallée glaciaire, loin de toute remontée mécanique, pendant plusieurs kilomètres.
Dans l'ensemble, les pistes sont un peu plus difficiles (sans qu'il y air rien d'extraordinaire de ce côté là) et surtout plus variées (moins uniformément large, etc.). Un défaut à mon avis : la liaison médiocre entre les sous-domaines de Corvatsch et de Furtschellas : dans le sens Corvatsch > Furtschellas, par de longs téléskis, dans l'autres par des bleues désepérement plates. Jolies pistes en forêt dans le bas du domaine (attention, le HP y est interdit).
A signaler, au début du séjour (il a neigé ensuite), des cailloux sur certaines pistes pourtant élevées (au dessus de 2500 mètres), assez surprenant en cette saison et à une telle altitude. D'une manière générale, si l'enneigement était correct (encore heureux, à cette altitude en cette saison), on se rendait bien compte qu'il était déficitaire, du moins au début du séjour. Sur les pistes, encore moins de monde qu'à Corviglia Marguns : on s'est retrouvé plusieurs fois à 3 ou 4 dans le téléphérique.
- Diavolezza (Bernina): c'est un téléphérique au milieu de nulle part, où l'on vient par le train, le bus ou la voiture, sur la route du col de la Bernina Le bas des pistes est à 2000m, le sommet environ à 3000). En haut, dans une sorte de combe, il y a un télésiège qui doit permettre de skier tard dans la saison. De l'arrivé du téléphérique, vue spectaculaire sur le massif de la Bernina et ses glaciers, du même genre que celle de Corvatsch.
Toutes les pistes ramènent au téléphérique sauf une piste "jaune" (itinéraire balisé) qui redescend sur le glacier de Morterasch. Pas grand monde sur les pistes, très chouettes mais assez faciles, mais un peu d'attente parfois au téléphérique (enfin, ça n'a jamais dépassé 20 minutes). Malheureusement, petit problème de synchro, quand on reste jusqu'à la fermeture des pistes, il faut attendre un bon moment le train. Bon, ça tombe bien, il y a un bar à proximité.
- Lagalb (Bernina) : sur la même route, un peu plus haut, fonctionne selon le même principe. Pistes peut-être un peu plus raides. Fréquentation / desserte : mêmes remarques que pour Diavolezza.
Dommage qu'il faille attendre le train/bus ou la navette pour passer de Diavolezza à Lagalb alors que les deux domaines sont si proches (les gares de départ des deux téléphériques sont à un kilomètre l'une de l'autre).
Les "stations":
- Saint-Moritz : sans être vraiment atroce, c'est sans doute l'endroit le plus moche du coin : grosse station (ville ?) à l'architecture hétéroclite, dans un trou d'où l'on ne voit rien (site très différent de tout le reste de la vallée). Je m'attendais au moins à trouver des palaces à l'architecture originale, mais ce n'est même pas vraiment la cas. Et puis surtout il y a une ambiance "jet set fils à papa" dont je comprends très bien qu'on puisse la détester. Dans les rues principales de Saint-Moritz Dorf (Saint Moritz Bad a l'air plus "modeste"), tous les magasins de luxe possibles et imaginables se tiennent compagnie, les uns à côtés des autres. J'imaginais pas que ça puisse exister, une telle concentration sur un si petit espace, m'enfin c'est bien, pendant que les milliardaires font leurs courses, ils n'encombrent pas les pistes.
-Celerina, en contrebas de Saint-Moritz, de l'autre côté de ce qui semble être un verrou glaciaire (et sur lequel est installée la piste de bobsleigh), permet un accès direct au même domaine skiable par télécabine. Ambiance assez différente ; c'est un ancien village qui a pas mal grandi mais qui garde des traces de son passé (à la différence de Saint-Moritz) et qui ne comporte "qu'un" palace.
- L'Engadine en amont de Saint-Moritz (Silvaplana, Sils Maria...): le fond de la vallée est surtout occupé par des lacs. Pas mal de construction de style plus ou moins traditionnel (hôtels et location) mais assez récentes dans l'ensemble. Surlej est à proximité immédiate su téléphérique de Corvatsch, Sils Maria est à environ 1 km du téléphérique de Furtschellas, les autres stations/villages sont plus loin des remontées mais desservies par le bus). Paysage magnifique et très original (l'altitude, la largeur du fond de la vallée, les lacs gelés).
- L'Engadine en aval de Saint-Moritz (Samedan, La Punt, Zuoz) : peut-être un peu moins remarquable que la partie amont par ses paysages, mais c'est là qu'on trouve le plus de de villages anciens, à l'architecture surprenante (les grosses maisons engadinoises et leurs décors peints) ; on devine encore la vie rurale, et tout simplement, la vie "hors tourisme" (Samedan à l'air d'être un peu le centre administratif et économique de la vallée). Bref, c'est plus "authentique", mais c'est aussi plus loin des grands domaines (qu'on peut rejoindre par train ou bus). C'est aussi probablement là qu'il est le plus facile de trouver une location abordable.
- Pontresina : à l'écard de la vallée principale, sur la route du col de la Bernina. C'est une agglomération toute en longueur. Je ne l'ai vue que du train. Ca m'a l'air d'être un Saint-Moritz "soft". Il n'y a pour ainsi dire pas de domaine skiable propre, mais Pontresina est très bien situé entre les domaines de la Bernina (Lagalb et Diavolezza) et ceux de Saint-Moritz - Corvatsch (on peut tous les atteindre directement par bus ou train).
En résumé : un cadre fabuleux, surtout à Corvatsch et à la Bernina, des systèmes de transport performants (aussi bien pour les liaisons entre les domaines que pour les RM) avec un inconvénient cependant, l'accès aux domaines se fait généralement par téléphérique (ou funiculaire), ce qui a pour conséquence un peu d'attente, même quand il n'y a personne. En revanche, je ne crois pas avoir jamais attendu plus de 30 secondes aux autres remontées.
En revanche une relative uniformité côté pistes. Peu de pistes raides, pas de bosses, etc... Bon, cela dit, je n'ai pas essayé les pistes "jaunes" et c'est mon grand regret (j'étais parti avec un pote qui est quasi débutant, et je ne voulais pas prendre de risque). Ces itinéraires balisées présentent peut-être de belles surprises. Une remarque les concernant : en comparant les plans de pistes de l'année dernière avec les tout derniers (mis en ligne à la fin de l'année 2003), on constate que certains ont disparu : à Corviglia Marguns, l'itinéraire entre Corviglia et Celerin(la moitié !) a a disparu des plans, Furtschellas a également perdu ses itinéraires. Il ne reste plus que l'itinéraire du glacier de Morteratsch depuis Diavolezza (ainsi qu'une variante dans ce secteur) et l'itinéraire entre Marguns et Samedan. Je me demande pourquoi.
Je ne peux rien dire pour le HP. J'ai vraiment été soufflé par le peu de monde sur les pistes et le peu d'attente aux remontées : on était en plein saison mais ça ressemblait à la mi janvier en Savoie.
Enfin, les domaines séparés, auxquels on est peu habitué en France : on peut y trouver du pour et du contre. Le pour, c'est que ça apporte pas mal de variété, mais il vaut mieux rester sur un domaine pour la journée, sinon, effectivement, on perd du temps.
Enfin, le ski en Suisse, même à Saint Moritz, ce n'est pas si cher qu'on peut l'imaginer. Globalement, j'ai d'ailleurs l'impression que la Suisse est un peu moins chère aujourd'hui qu'il y a quelques années. En tout cas, il est possible de trouver des locations abordables à condition de s'y prendre à l'avance et de ne pas loger à Saint-Moritz (si ça se trouve, on peut aussi trouver à Saint-Moritz des locations abordables, mais je n'ai pas cherché). Sur les pistes, les bars branchés et faussement rustiques, avec leur toît coniques et leurs pubs pour une marque de Champagne (je ne sais plus laquelle) sont hors de prix, mais les restaurants d'altitude m'ont paru "normalement chers".
inscrit le 04/11/03
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