Par Madeleine Schürch. Mis à jour le 04.12.2014
Hier soir, l’assemblée générale de Télé-Dôle a été mise devant le fait accompli. La société des remontées mécaniques qui exploite les pistes de Saint-Cergue et du massif de la Dôle ne survivra pas si elle ne change pas de structures d’ici à l’hiver 2016. Son président, Stéphane Natalini, explique pourquoi.
En 2011, après un hiver sans neige, Télé-Dôle avait dû appeler les Communes du district à l’aide pour payer ses factures. Quelle est la situation aujourd’hui?
La saison dernière, la neige était abondante, mais elle est arrivée tardivement. Les pistes n’ont ouvert que le 28 décembre pour 93?jours contre 106 l’année précédente. Avec en plus du mauvais temps le week-end, cela a donné une baisse de fréquentation de 18%. Pour cet exercice, nous avons enregistré une perte après amortissement d’environ 400'000?francs et un cash-flow de – 34'000?francs. Il faut dire que le massif de la Dôle connaît de fortes variations climatiques, ce qui demande un fonctionnement flexible. En parallèle, la chute de l’euro n’arrange pas les affaires. Sachant que 65% de notre clientèle viennent de France, le change leur est défavorable et Télé-Dôle touche moins lors de la redistribution des recettes sur le forfait franco-suisse que nous avons avec Sogestar, la société des Rousses.
Vos projets de développement restent en panne, malgré l’aide la région. Pourquoi?
La région a cofinancé le nouveau télésiège et sorti de l’argent après la grosse casse de 2011. Mais, malgré cela, on voit que nous n’avons pas les moyens de notre politique, que les recettes de Télé-Dôle ne peuvent couvrir à elles seules les charges d’exploitation et les investissements nécessaires à sa survie, comme l’aménagement d’un parking et d’une zone d’accueil. Les syndics se sont donc rencontrés pour chercher des solutions. Nous avons fait une étude d’exploitation, un business plan, et mandaté une étude de marketing qui a débouché sur une liste d’actions à mener. Une bonne part reposait sur le Plan des investissements régionaux (PIR) pour rembourser le prêt LDR pour le télésiège et les Dappes, dont le solde est de 2,4 millions de francs. Mais le PIR ayant été refusé, on n’a pas pu faire ce remboursement, qui pèse sur nos charges. Résultat, si nous n’avons pas les fonds nécessaires, un mauvais hiver pourrait nous amener à un dépôt de bilan.
Vous proposez un changement de structure et de gouvernance. Selon quel schéma?
Toutes ces études ont pris trois ans et nous sommes toujours sur le fil tendu. Il faut donc rapidement recapitaliser la société afin de rembourser le prêt LDR, le sortir des charges et pouvoir investir en commun avec la région dans les aménagements. Ensuite, on ne peut échapper à la création d’un fonds de régulation annuel pour que Télé-Dôle, comme la plupart des sociétés de remontées mécaniques, dispose de subventions. La région doit absolument prendre conscience que cette société est d’utilité publique, comme un théâtre ou une piscine, et qu’elle doit disposer d’un soutien pérenne.
Faut-il absolument créer une nouvelle société pour aller de l’avant?
L’étude mandatée par le Conseil régional sur la gouvernance de la zone touristique entre Saint-Cergue et Saint-George conclut que Télé-Dôle a un fonctionnement trop complexe. Une direction commune entre remontées mécaniques, Nyon – Saint-Cergue – Morez et Transports publics nyonnais est trop lourde. Ces deux dernières sociétés étant placées devant de grands défis, avec la cadence au quart d’heure, la charge devient énorme pour le directeur, Richard Zaugg. C’est pourquoi le N-St-C-M a dénoncé, en juin dernier, la convention qui le lie aux remontées mécaniques pour 2016. Cette résiliation n’est pas un coup dur, plutôt une opportunité de donner l’élan à une refonte de Télé-Dôle.
Sous quelle forme?
Je pense qu’on pourrait se diriger vers un appel d’offres à des sociétés de remontées mécaniques, même si créer une nouvelle société n’est pas impossible. Il est aussi envisageable que nos voisins français de Sogestar s’y intéressent, pour autant qu’ils aient une filiale suisse. Personnellement, je pense qu’ils seraient les mieux armés pour y répondre, en fonction des synergies qui existent déjà entre nos deux domaines. Il faudrait d’ailleurs sortir de cette politique de concurrence entre les deux massifs. Mais le conseil d’administration est attaché à ce que La Dôle reste en mains suisses, aussi pour les coûts et les méthodes de travail. On ne pourra se passer d’une société d’investissements, propriété des actionnaires, et d’une société d’exploitation. Ensuite, il faudra trouver une structure professionnelle pour prendre la direction. Ce ne sera possible que si nous avons réussi à verrouiller un soutien annuel.
Mais le temps presse?
Le cap important est fixé au printemps prochain, lors d’une assemblée générale extraordinaire. On y donnera la stratégie et le mandat d’approcher Communes et actionnaires. Restera un travail important à mettre en place d’ici à l’hiver 2016-2017. Dans ce contexte, l’aménagement des pistes a été différé, car on ne peut dépenser 800'000?francs sans garantie sur la continuité.
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