Hugues d'Aubarède en haut de l'Everest

L'Everest par la face Nord (versant tibétain) à suivre ce printemps 2004 dans les traces de Zébulon (alias Bertrand Roche) sur le Toit du Monde pour la troisième fois. Se trouvent à ses côtés d'autres français, de purs amateurs tels les lyonnais Hugues d'Aubarède et Maryse Guillemette (qui ont ensemble gravi le Gasherbrum 2). Hugues d'Aubarède compte bien pour sa seconde tentative parvenir au sommet du Toit du Monde et fêter ses 57 ans. Bonne chance à eux !

Mercredi 7 avril 2004
Zébulon (alias Bertrand Roche) a atteint une première fois le sommet de l'Everest par le versant népalais à 17 ans avec son père Jean-Noël Roche. Puis au printemps 2001 il a décollé en parapente avec Claire sa compagne depuis le même sommet, atteint cette fois-ci par le versant tibétain. Il y retourne cette année pour faire découvrir ces pentes à des clients autrichiens. Se trouvent à ses côtés, d'autres français, de purs amateurs, tels les lyonnais Hugues d'Aubarède et Maryse Guillemette qui ont ensemble gravi le Gasherbrum 2. Pour sa seconde tentative, Hugues d'Aubarède compte bien cette année fêter ses 57 ans en atteignant le Toit du Monde. Tous sont déjà à Katmandou. L'accès au Tibet se fera par la route de l'Amitié qui mène sur le plateau tibétain. Dans une semaine toutes ces expéditions devraient être à pied d'œuvre.

Vendredi 9 avril 2004
Hugues d'Aubarède et Maryse Guillemette sont arrivés à Tingri. Tingri est un petit village face au Cho Oyu et à l'Everest à 4300m. Il est composé d'un vieux village tibétain en contrebas de la route et d'un village "sinisé" : avec l'occupation chinoise, les maisons ont poussé de chaque côté de la route principale qui n'est autres que la piste qui traverse le Tibet de Lhassa à Katmandou. Des nomades sont installés très souvent à Tingri, dernier village pour les tibétains qui traversent le Nang Pa La, le col frontière qui permet de basculer côté Népal en rejoignant la vallée du Khumbu. C'est un col qui passe à près de 5700m et qui est emprunté tant par des réfugiés que par des commerçants. A Tingri, il existe également un très gros commerce de chèvres ; les carcasses sèchent au soleil et… à la poussière ! Traditionnellement les animaux sont abattus de la façon suivante : on les retourne sur le ventre, on leur fait une petite boutonnière au niveau de l'abdomen avec un couteau et on glisse la main jusqu'au cœur pour casser l'aorte ! Gloups ! Zébulon et ses amis doivent les rejoindre incessamment. Et après deux jours d'acclimatation, des jeeps et camions emmèneront tout ce petit monde au camp de base parking de l'Everest, à 5300m, très près du monastère de Rongbuck où habituellement depuis les premières expéditions des années 20, les grimpeurs reçoivent la bénédiction du grand Lama. En partie détruit pendant la révolution culturelle chinoise puis par un tremblement de terre, Rongbuck compte une petite communauté de moines. Il est très intéressant de gravir les pentes qui dominent le monastère, on y trouve des grottes jusqu'à 6000m qui ont été jadis occupées par des ermites et contiennent encore des traces de leur passage comme les Sha-Sha, des ex-voto en terre.

Mercredi 14 avril 2004
Zébulon et ses deux clients autrichiens ont retrouvé les français Hugues d'Aubarède et Maryse Guillemette qui avaient pris un peu d'avance et s'acclimataient au camp de base chinois de l'Everest. Ils en ont profité pour visiter le monastère de Rongbuck à 7 kilomètres du camp de base parking, monastère qui vient d'être repeint. La forme est bonne avec quelques maux de tête pour Maryse (maux qui s'atténuent sans problème). En revanche les 3 espagnols qui partagent leur "permis" d'ascension ne sont pas arrivés, sans doute bloqués par les grèves qui ont lieu à Katmandou. Le départ pour le camp de base intermédiaire est prévu le 16 avril. Théoriquement la petite équipe atteindra le pied du col nord le 18 avril. Il faut rappeler que la marche d'approche se déroule jusqu'à 6400m sur une moraine couverte de pierres au milieu du glacier. En 1922, les britanniques avaient baptisé ce chemin incongru "miracle highway"..

Jeudi 15 avril 2004
Beaucoup d'expéditions au camp de base de l'Everest côté Tibet, mais également beaucoup d'expéditions qui n'arrivent pas, suite aux problèmes engendrés par le mouvement maoïste qui sévit sur la route de l'Amitié entre Katmandou et la frontière sino-népalaise. Hugues d'Aubarède nous confirme que certains essayent même de prendre l'hélicoptère pour éviter tout déboire avec la fameuse armée de libération. Au camp de base, la vie s'organise. Nos lyonnais et Zébulon vont monter dès demain au camp intermédiaire et atteindre le CBA (Camp de Base Avancé) à 6400m le lendemain. Le temps est, comme souvent à cette époque, radieux le matin puis se bouche l'après-midi. Des rafales de vent très fortes (qui ont arraché la tente des Sherpas) accentuent le froid qui règne toutes les nuits. Pour s'acclimater, les alpinistes effectuent des "randos" autour du camp de base. On notera que près du monastère de Rongbuck les autorités ont bâti une sorte d'hôtel de couleur rose d'une très grande laideur ! Le guide Russel Brice, grand spécialiste de l'Everest, est évidemment présent avec une vingtaine de clients et une organisation optimum. Personne n'est malade et c'est l'heure de préparer les charges, en pesant chaque sac que les yacks vont monter dans les heures qui viennent.

Vendredi 16 avril 2004
Les premières grandes manœuvres ont débuté sur le versant nord de l'Everest. Ce matin, les Français du groupe de Thamserku Trekking (Maryse et Hugues) vont quitter aujourd'hui la morne plaine du CBP pour rejoindre le camp intermédiaire à 5600m au pied des pénitents de glace de la "miracle highway". Il faudra quelques six heures de marche au pas des 48 yacks qui transportent tout le matériel nécessaire à l'installation du camp de base avancé à 6400m au pied du col Nord. 15h (heure française). Il est déjà tard au Tibet. Et même si les gens de l'Everest ne respectent guère l'heure de Pékin (au moins deux fuseaux horaires entre Pékin et l'Everest) pour se caler sur l'heure népalaise, il fait vite nuit. Nos équipes d'everesters sont parties du camp de base parking avec un peu de retard : les négociations de portage avec les yackmen prennent toujours du temps. Ils ont finalement quitté le camp de base à 13h en compagnie de 48 yacks et sont arrivés vers 18h au point intermédiaire à 5700m. Les tentes sont installées, il fait évidemment très froid, mais ça sent déjà bon le col Nord. Sur cette même moraine en 1989, j'avais trouvé derrière des pierres une vieille bouteille d'oxygène des années 20... C'est un lieu propice à l'archéologie de l'Himalaya. C'est également au pied du col Nord que nous avions croisé les restes de Maurice Wilson, décédé en 1934 sur ces pentes et régurgité par le glacier...

Lundi 19 avril 2004
Ils sont au camp de base avancé à 6380m précisément, au pied du col Nord depuis samedi 17 avril. Une tempête de neige les a cueillis vers 15h, juste au moment où Hugues d'Aubarède achevait son travail de terrassement pour installer sa tente. Le 18 avril en revanche, il a fait très beau, le vent est tombé et le froid s'est évanoui. Tout ce petit monde attend désormais au pied du col Nord. Il va falloir équiper la montagne dans les jours qui viennent pour aller poser dans un premier temps le camp 1 à 7000 m sur le balcon du col Nord entre l'Everest et le Changtse.

Mercredi 21 avril 2004
Du côté de l'Everest, l'équipe de Zébulon a rejoint Hugues et Maryse au camp de base avancé le 19 avril. Il y a environ 150 personnes au pied de la montagne et tout se passe bien dans une ambiance météo pour l'instant glaciale avec un peu de vent. On notera qu'un autre français, Franck Pitela (39 ans) de Valence tente le sommet au sein de l'organisation de Dan Mazur. Les Sherpas de l'équipe de Russel Brice ont déjà pris les choses en main et sont partis équiper les premières pentes du Col Nord. Cette face relativement raide fut en 1922 le théâtre de la première tragédie de l'Everest puisqu'une avalanche balaya plusieurs des Sherpas qui grimpaient avec Mallory. Le 20 avril, des yacks ont apporté le matériel resté au camp de base parking. La puja, cérémonie de prière organisée par les Sherpas, va avoir lieu demain jeudi 22 avril. Mais les impatients, tels l'anglais "David" qui a déjà eu deux orteils amputés suite à une tentative sur l'Everest, ont déjà fait un aller-retour au col Nord. Parmi les sherpas qui aident les Français, on trouve Ang Babu, frère de Tserap Jangbu (le sirdar d'Everest 50, l'année dernière). Ang Babu a été moine pendant 10 ans (6 ans à Katmandou et 4 en Inde). En dehors de ces prédispositions religieuses, notre homme a déjà à son actif le Lhotse et le Shishapangma. La puja devrait être réussie !

Vendredi 23 avril 2004
Une fois de plus, c'est notre ami Yannick Giezendanner qui s'occupe de la météo sur l'Everest. Ses prévisions, pour l'heure, sont exactes et Hugues d'Aubarède confirme la justesse de ses annonces. Aujourd'hui il neige avec un peu de vent. Zébulon est redescendu au camp de base chinois, Hugues et Maryse espèrent quant à eux monter au col Nord (7000m) passer une première nuit. Une grande réunion est prévue dans les jours qui viennent entre toutes les équipes pour mettre au point l'équipement de la montagne. Cette phase est toujours source de discussions sur l'Everest. Elle est même source de conflit d'ordre financier. En fait, tout se résume à l'investissement de chaque équipe : une très grosse équipe va fournir de nombreuses cordes fixes et de l'oxygène, à l'inverse une petite équipe ne disposera que de quelques cordes. Tout le problème est qu'une fois les pentes équipées, tout le monde de sert de toutes les cordes fixes. Par le passé, on a vu des expés qui réclamaient des royalties en cas d'utilisation de leurs propres cordes. On peut également imaginer le problème stratégique qui en résulte : quelle équipe va tenter la première le sommet et conséquemment poser les cordes fixes dans la partie sommitale ? Bons débats !

Lundi 26 avril 2004
C'est l'heure des aller-retour entre camp de base avancé à 6400m et camp de base parking à 5300m. Hugues et Maryse sont redescendus au camp de base parking. Les quatre espagnols qui manquaient à l'appel ont fini par arriver. Tout comme au Makalu, la météo n'a guère été fameuse en fin de semaine. Au camp de base parking Zébulon a sorti le génépi et le St Joseph, histoire de faire revenir le soleil... dans la tête de chacun. Visiblement aux dires de ceux du Makalu et de l'Everest, la météo est très instable.

Lundi 3 mai
Yannick Giezendanner nous a redit ce matin même, que la météo est un peu plus clémente que l'an dernier sur le plan "neige" , en revanche de grosse tempêtes de vent sont venus bousculer nos amis de l'Everest. Hugues nous confirment que des tentes ont été détruites. C'est à 6 400 m que chacun a appris avec beaucoup de tristesse le décès de Patrick Berhault. Pour l'instant, les camps s'équipent avec lenteur, l'arête qui permet de monter au camp 2 est toujours battue par le vent. un créneau météo un peu meilleur est annoncé autour du 6 et 7 mai qui permetrra peut-être de pousser plus haut sur la montagne.

Mercredi 5 mai .
Y aura t'il des tentatives à l'Everest vers le 15 mai ? Actuellement, nous indique Hugues d'Aubarède, qui est déja monté au dssus du camp 2 vers 7 200m avec Maryse, seules quelsues expéditions ont atteint la cote 7 800 m où sont posées les tentes du camp 3. C'est le vent qui est pour l'instant principal responsable de ce "relatif" retard. Rapellons que la voie, à partir du col nord emprunte une sorte d'arête, sans difficultés notoires mais très exposée aux vent du nord. Les prévisions météo de Yannick Giezendanner, prévoient une accalmie du vent autour du 15 mai et de meilleures conditions pour la période de fin de mois. On n'oubliera pas que statistiquement depuis 51 ans, c'est dans une
fourchette comprise entre le 22 et le 26 mai que l'Everest est le plus gravi.

Vendredi 7 mai
Est ce reparti comme l'an dernier ? A l'Everest, tout le monde attend. Certains sont même repartis sur Katmandou pour attendre des jours meilleurs. Hugues et Maryse sont remontés au camp de base avancé à 6400m. Des sherpas font des trajets jusqu'au camp3, mais la météo de Yannick Giezendanner n'indique pas de créneau de vrai beau temps avant le 18 mai. Pour tous, la santé est bonne. Hier Hugues est allé porter deux katas (écharpes) à la demande des sherpas, au monastère de Rongbuck pour organiser une puja. Ce vendredi 7 il a fait beau, le froid est moins vif. Au programme : encore un aller-retour au col Nord avec une poussée jusqu'au camp2 et ensuite dans les starting-block en prévision du 18... Il faut savoir que les condoléances pour Patrick Berhault arrivent depuis le Tibet et le Népal. Des Sherpas prient pour lui.

Mardi 11 mai 2004
Ca souffle... et ca maigrit (Hugues a perdu 10 kilos depuis son arrivée). le régime est frugal : riz, lentilles et riz...et toutes les énergies se concentrent vers la fameuse journée du 18 mai annoncée comme le premier summit day de la saison.

Mercredi 12 mai 2004
A la recherche de l'appareil photo d'Irvine…
Sur les pentes de l'Everest, il n'y a pas que des alpinistes en quête de sommet. Un Américain et un Sherpa (caméra au poing) quadrillent les pentes du versant nord pour retrouver la dépouille mortelle de Andrew Irvine, décédé en 1924 alors qu'il approchait du sommet de l'Everest avec Mallory. Souvenez-vous, Mallory avait été retrouvé en 1999 mais rien ne permettait de savoir si oui ou non les deux hommes avaient atteint le sommet. L'an dernier, des rumeurs avaient circulé sur la réapparition de l'appareil photo (dans lequel peut-être des photos témoigneraient de l'altitude atteinte…). Rumeurs apparemment sans fondement puisqu'une équipe, avec le soutien de la BBC, est de nouveau sur le terrain à sa recherche. Sinon tout le monde est au camp de base avancé à 6400m. Les données météo ont encore changé et Yannick Giezendanner parle d'un premier créneau le 15, 16 et 17 mai et d'un second après le 22 mai. Hugues et Maryse se sont décidés pour une première tentative le 15, que nous suivrons au jour le jour. Si les tentes ont été déposées jusqu'au camp3 (8300m) elles n'ont pas été montées à cause du vent. Il suffit maintenant d'attendre… pas des plus simple à 6400m !

Vendredi 14 mai : Pensée pour les Everesters
le téléphone de Hugues et Maryse va rester muet pendant trois jours puiqu'aujourd'hui ils sont en route avec une option pour le sommet le 16 ou 17. Ils ne seront pas seuls puisque bon nombre d'expéditions ont opté pour la même stratégie, tant du côté népalais que tibètain. Courage les délices de Katmandou sont proches !

Lundi 17 mai
Il est 8h 45 et peut-être à cette heure précise certains se tiennent au sommet de l'Everest ? Hugues et Maryse étaient au camp 3 ( 8 300m) hier soir. Normalement ils sont partis la nuit dernière pour être au sommet ce matin. On ne sait qu'une chose des Autrichiens ont renoncé sur le versant nord à 200 m du sommet pour cause de cordes fixes... En revanche sur le versant sud avec une météo exceptionelle c'est déja 71 alpinistes qui ont atteint le sommet dés le 15 mai... Parmi ces grimpeurs la première ascension des Grecs et des Malaysiens. On attend des bonnes nouvelles de nos français dans les heures qui suivent.

Victoire ?
Coup de fil rapide d'Hugues, un peu essouflé "génial, 8 850..." comme nous l'imaginions ce matin, tout va donc très bien sur l'Everest...Des détails un peu plus tard et tout en croisant les doigts "congratulations" comme disent les Sherpas ! Souhaitons à Jean christophe sur le Makalu (en route vers le sommet" cette mème belle réussite ainsi qu'à nos trois de l'arête sud est. Allez les ptit gars la météo est impeccable !

Les nouvelles se précisent , on est sûr de la victoire d'Hugues d'Aubarêde, il semble en revanche que Maryse Guillemette ait eu trop froid aux pieds et ses soit arrétée à 200 m du sommet de l'Everest. Elle est actuellement au camp 3 de l'Everest attendant le retour de Hugues, des sherpas et des autres expéditions. Mille bravos à tous !

Le 18 mai à 12h 15
La voix de Hugues est visiblement cassée. Avec Maryse et deux Sherpas, ils viennent de débarquer au camp 2 à 7 700 dans une tempête de vent très violente, qui leur cachait le tentes. La voix est aussi joyeuse de ce beau succès même si l'homme ne cesse de répêter : je suis HS, complètement HS...Il faut dire qu'il est arrivé au camp 3 hier soir, à la frontale à 8 h du soir...et que la descente ne fut pas de tout repos : un crampon perdu après une petite chute ...Mais tout va bien, à cette heure c'est repos au camp 2, avant d'entamer demain la suite de la descente vers le monde plus tranquille du camp de base. Bravo à Yannick Giezendanner qui ne s'était pas trompé sur la météo et a su donner le bon créneau (on est à plus de 120 ascensions entre le 15 et le 18 mai). En fait Hugues est monté avec des Italiens qui, sans oxygène, ont du renoncer car la voix n'était pas équipée, et ce sont des autrichiens qui ont été les maitres d'oeuvres avec les Sherpas de l'équipement des parties sommitales. Maryse est un peu déçu, mais à 8 700 m elle a craint pour ses pieds devenus insensibles. Désormais repos en attendant les fiestas.

Le 19 mai
Cette fois Hugues est rentré au camp de base, après ce long périple en altitude. Dépourvu de voix et sous antibiotique, notre Lyonnais victorieux, retrouve le doux plancher des yacks avec Maryse. Pas de nouvelles de nos amis du Makalu qui doivent s'apprêter à remonter, en revanche , après avoir ouvert un itinéraire très dur et original sur le Makalu 2 , Jean Christophe lafaille exténué, selon ses propres mots, est redescendu au camp de base et se donne un peu de repos avant de prendre une décision : remonter ou non.