Cette année, et pour une nouvelle fois, les vacances estivales se promettent en Vanoise, à Val d’Isère dans un premier temps, puis à Val Thorens pour une grande partie du séjour. A côté de cet objectif « vacances », je tenais à me rendre compte de l’état actuel de certains glaciers, en particulier après les évènements de l’été 2003.
Val d’Isère, ballade à travers le parc de la Vanoise
Avec Amélie, nous avons organisé une randonnée sur 2 jours dans le parc la Vanoise sur les hauteurs de Val d’Isère. Le départ est donné le jeudi 22 juillet au pied de Bellevarde, une ascension classique et sans grande difficulté. Le sommet ne présente guère d’intérêt puisque fortement exploité. Ensuite nous nous sommes dirigé vers le chalet du Charvet puis le sommet de la journée qui était fixé au col de la Rocheure à 2916 m. A l’image de ces dernières années, le dernier hiver fut marqué par la sécheresse, pas ou peu de précipitations en automne et des cumuls inférieurs aux normes de saison durant les mois d’hiver. Toutefois, les températures sans excès du printemps ont permis à quelques névés de persister. Néanmoins, les neiges persistantes sont en faible quantité. Les premiers névés apparaissent au col des près vers 2650 m, et de façon très aléatoire jusqu’au cimes. Le premier regard sérieux s’attarde sur le glacier des Barmes de l’Ours, ce dernier présente un bassin de réception vers 3300 m, et descend au plus bas vers 2900 m. La totalité du glacier est recouvert de neige, l’absence de pente et l position d’abri permet une bonne résistance.
La montée se poursuite au col de la Rocheure, avec d’importants névés entre 2900 et 3200 m. un nouveau point s’effectue sur le glacier des Fours. Situé entre 3200 et 2760 m, c’est l’image d’un glacier malade qui apparaît, découpé à la moindre rupture de pente, morcelé de toute part, le glacier fond très vite selon les apparences. La présence d’important lac au pied du glacier qui n’apparaît pas sur certaines cartes le plus récente témoigne de cette fonte accélérée. Après une nuit dans le refuge des Fours (très agréable), départ pour le col des Fours (2976 m) puis l’Iseran (2700m) avant le retour vers Val d’Isère. Le versant nord du col des Fours est garni de nombreux névés d’une épaisseur atteignant parfois 3 m, les névés persistent et forment parfois un manteau blanc hivernal jusqu’à la route de l’Iseran à 2500 m où ils sont plus discontinus. Les cartes topographiques indiquent la présence d’un petit glacier, celui de la Jave vers 2900 m. La carte date de 1988, mais depuis le glacier ne semble être, aucune trace de glacier sur le lieu indiqué. Le lac post glaciaire apparaît bien, seuls les névés recouvrent les moraines.
Enfin le dernier glacier rencontré et celui du Pissaillas exploité pour le ski d’été. Toutefois, depuis le 18 juillet, les remontées sont fermées. Le glacier est en nette régression et ne présente qu’un dénivelé proche de 200 m. Seule la rimaye du glacier est recouverte de neige, c’est un glacier qui en train de « mourir ». Le glacier de la Ouille Noir à coté a complètemet disparue. Le projet de la société d’exploitation des remontées de la station prévoit d’aménager le glacier en canon à neige. Ces apports artificiels de neige ont pour but d’assurer le ski de printemps principalement. Seul le pied du glacier sera équipé de canons. Hors, il faut savoir que pour alimenter un glacier l’apport de neige doit se faire dans la rimaye et non pas dans la zone d’ablation, de plus la neige artificielle ne se prête pas chimiquement à la transformation progressive en glace. Il est nécessaire d’insister que ce projet n’empêchera pas la fonte rapide du glacier, la seule manière serait de cesser toute exploitation puisque le rabotage du glacier accélère sa fonte.
La Grande Motte, un glacier qui pleure
Le samedi 24 fut l’occasion d’une petite ballade sur Tignes. Tout d’abord, nous fûmes un peu désabusés par les nombreux travaux et surtout par la lecture des futurs projets urbains. La volonté de bâtir une véritable ville est manifeste, puisque de futurs centres commerciaux verront le jour ainsi que de nouvelles infrastructures. En revanche, toujours pas de projet de changer les bus qui je le rappelle consomment 14 litres pour 100 km ! Il ne faut pas oublier qu’en montagne comme en plaine la pollution atmosphérique existe aussi. Elle se visualise sur la neige, les végétaux et l’eau. En outre, il est important de souligner le renouvellement futur du parc des remontées mécaniques, ce sont des remontées performantes et discrètes qui verront le jour.
Malgré les très mauvaises conditions météorologiques, nous sommes quand montés au sommet du téléphérique de la Grande Motte. Nous attendions la neige, il pleuvait à 3460 m ! Le glacier est en très mauvais état c’est une certitude. Une discussion avec un technicien confirme mon point de vue. Il est arrivé à Tignes en 1968, à cette date le glacier avait une épaisseur maximale de 115 m. Aujourd’hui, cette épaisseur avoisinerait 70 m au sommet quelques mètres e bas. L’été 2003 fut catastrophique car le glacier est marqué par sa pente, il glisse plus vite sur les eaux sous glaciaires et font donc plis vite. La Grande Motte est en fait recouverte par de gros blocs de pierres, le tout enveloppé par de la glace. En août 2003, pour la première fois certains blocs sont apparus ! Il y a trois raisons qui expliquent cette fonte :
· Le manque de neige : depuis 10 ans maintenant les hivers sont globalement secs, ce sont les neiges d’automne qui tombent sur un ensemble froid qui contribue à la formation du glacier ? durant ces dernières années les mois de novembres furent secs. Seules les pluies d’avril sont abondantes, mais cette neige tombe sur un ensemble chaud, elle s’évapore et ne nourrit pas le glacier.
· La température : le moindre réchauffement ne perçoit pas vraiment en plaine mais en montagne, les conséquences sont visibles rapidement sur les glaciers.
· L’exploitation du glacier pour le ski d’été accélère la fonte : la rabotage opéré par les engins, les aménagements effectués accélèrent la fonte. Selon le même technicien, il ne reste pas plus de 10 ans de ski d’été à Tignes (le ski d’été aura disparu à Val d’Isère, la Plagne….). Il faudrait donc laisser 5 à 6 ans de répit au glacier pour espérer une exploitation à plus long terme. En conclusion pour sauver les glaciers, arrêtons leur exploitation.
Le massif de Péclet
Après une visite dans l’espace Killy, c’est parti pour une semaine de vacances à Val Thorens. Dès le premier jour (25 juillet), nous nous sommes empressés de monter au glacier de Péclet. Le funitel étant fermé, nous avons pris notre courage à deux mains avec le plus grand plaisir. Les névés apparaissent au niveau du lac blanc, une chose est sûr : le ski d’été aurait été possible à Val Thorens. A l’image de ses camarades de la Vanoise, le glacier de Péclet est en très nette régression. Toutefois, ce dernier n’est plus exploité depuis 3 ans, et cela s’aperçoit sur la forme du glacier qui devient plus « bombé ». J’ai vite rangé mes fausses idées sur la disparition de se glacier, son étendue est encore conséquente, il s’étend de 3300 à 2854 m, on ignore son épaisseur moyenne, je pense qu’elle ne dépasse pas 15 m. Une grande partie du glacier est encore à cette date recouverte de neige. Cet apport est essentiellement du à des températures de printemps fraîches. En revanche, une nouvelle fois, le glacier accuse le coup du manque de neige de cet hiver. Le cumul de l’hiver dernier à Val Thorens fut de 5 m seulement au lieu des 10 à 12 m habituels (6 m à 3000 m). Si l’hiver avait connu un enneigement normal, il aurait été possible de skier vers 2600 selon les guides.
Le glacier de Péclet s’étendant sur 2 parties, nous partîmes à la rencontre du grand glacier centrale. Les névés sont très importants sur le glacier presque tout blanc. Le glacier est concave, signe d’une relative bonne santé. La surprise fut grande en inspectant le glacier, la langue terminale se termine à 2870 m sur la carte. Cependant celle-ci se prolonge très nettement sous la forme d’u glacier noir, c'est-à-dire de la glace recouverte de moraine. Le glacier s’étend alors jusqu’à 2710 m avec des épaisseurs supérieures à 5 m sur la partie frontale du glacier alors que sur la partie supérieure l’épaisseur dépasse 60 m. Le glacier du Borgne et celui du Gébroulaz, sont entièrement recouvert de neige, et ne nous les avons pas approché, il est donc impossible de faire une quelconque commentaire à leur sujet.
Le lundi 26 juillet, en compagnie d’un guide, nous passons aux choses sérieuses avec une randonnée glaciaire sur le glacier de la Chavière et celui du Bouchet. Les conditions sont idéales avec un bon regel nocturne, un isotherme 0° vers 3000 m. Selon le guide, qui là depuis près de 30 ans, le glacier de la Chavière aurait perdue 15 m en épaisseur dans cet espace temps et 100 m en longueur. Si la pollution est souvent citée, le réchauffement naturel du climat est plus probable, sachant que le glacier a été plus petit. Jadis, le glacier de la Chavière et celui de Thorens ne faisaient plus qu’un. Aujourd’hui, une cinquantaine de mètres les sépare. La canicule de 2003 fut pénible pour l’ensemble des glaciers, en particulier pour celui de Thorens. Néanmoins, cette année, il est encore blanc à cette date. Son étendue est encore assez importante mais beaucoup moins que les indications de la carte topographique, son épaisseur ne doit pas dépasser une dizaine de mètres. Concernant le glacier de la Chavière son épaisseur atteint encore 80 mètres ! Il a encore de belles années devant lui. Plus modeste mais tout aussi impressionnant, le glacier du Bouchet est encore tout blanc, curieusement aucun torrent important ne sort de sa langue terminale. Blotti dans un cirque et souvent à l’ombre, la fonte semble ralentie.
Le ski d’été à Val Thorens c’est fini !
En grande partie financées par le département, les installations étaient effectives sur les glaciers de la Chavière et celui de Péclet. Depuis près plus de 10 ans, les remontées de la Chavière ont été démontées et tout dernièrement le Télésiège 3300 sur Péclet. Dans le premier cas, le parc de la Vanoise a souvent été cité comme cause. Pour Péclet, le manque de neige et la fonte du glacier sont évoqués. Le glacier de la Chavière est aujourd’hui skiable et en cet été 2004, celui de Péclet également. Selon le guide, la seule raison est le manque de skieurs et donc aucune rentabilité. Aussi le ski d’été à Val Thorens n’est plus une priorité et ne verra sûrement plus le jour. En effet, lors du dernier fonctionnement estival, il y a 3 ans, durant une semaine, seuls 8 à 12 skieurs étaient présents. Le ski d’été est en crise, aux deux Alpes depuis 3 ans, le nombre de skieurs quotidiens est de 1200, alors qu’il était de 3600 au début des années 1990. Les raisons économiques sont les principales causes de la fin du ski d’été à Val Thorens. De manière générale cette décision est sage, puisque les glaciers retrouveront leur aspect naturel qui leur sera plus profitable.
Le lac du Lou, le petit frère du lac de Tignes (2100 m)
Il y a des ballades qui ne méritent pas de commentaires particuliers. C’était l’idée de départ en partant au lac du Lou. Le lac est situé entre Val Thorens et Les Ménuires à 2035 m. Les sentiers d’accès sont sans difficultés. A première vue c’est un paysage superbe qui s’offre à nous. Mais très vite les mauvaises surprises se succédèrent. La première fut la pollution visuelle, il état impossible de compter le nombre de déchets autour du lac : sacs plastiques gobelets, etc….. A la force de ne rien dire et de laisser le laxisme roi, voilà ce qu’on récolte. Ce lac est comparable à celui de Tignes, altitude similaire mais aussi une pollution de l’eau très marquée. En effet, sur ces deux lacs, l’eau reste grasse, on observe de la mousse sur les berges et des reflets de couleur sur l’eau. Ces deux lacs sont situés à proximité de la circulation automobile source de pollution importante, dans une moindre mesure pour le lac de Lou. A environ une heure plus haut au lac de Pierre Blanche, on remarque bien la différence avec l’éloignement des sources de pollution et une moindre fréquentation. L’eau est plus claire et beaucoup moins grasse.
Conclusion : les conditions météorologiques durant les vacances
Du 20 au 31 juillet ce sont des conditions estivales qui ont dominées. Seule la journée du 23 fut marquée par un type de temps perturbé avec des précipitations sous forme de neige au dessus de 3600 m. Si la chaleur était présente en plaine, le vent de nord avait raison des maximales en altitude. Le gel nocturne se produisait vers 2800 en début d’échéance, 3200 m en fin de période. En moyenne les maximales étaient de 28° à 1000 m, 21 à 2000 et 8 à 3000. Si les journées étaient agréables à Val Thorens, après 17h mieux vaut se couvrir ! Après plusieurs hivers très secs, cet été est également sous le signe de la sécheresse.
inscrit le 20/09/02
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