Il en faut pour tout le monde,
après c'est une question de conception... Les gens ne se posent pas assez de questions, dans nos société où tout est assisté, asseptisé, on fait de la montagne ( ou des grands espaces )un bien de consommation.
Les utilisateurs d'engins motorisés en milieu naturel que ce soit mer, montagne etc... prônent tout autant que nous ( enfin que ceux qui n'utilisent pas ce genre de moyens ) l'amour des grands espaces, la liberté retrouvée et l'osmose avec une nature vraie et non pervertie.
Seulement dans les faits, il y a ceux qui utilisent leur corps, leur sueur et leur souffle ce qui pour moi revient à vivre le milieu, à le transpirer, à s'inclure dedans, en se faisant tout petit pour s'adapter aux contraintes, tandis que sur un moteur, ( cet avis n'engage que moi ), la démarche s'apparente plus à une démarche de consommation.
Chacun de nos faits et gestes, de chacune de nos activités sont systématiquement en relation directe avec le monde et l’environnement dans lequel nous vivons tous les jours, dans nos villes, dans nos vallées.
Prendre son quad, sa moto, son jetski ou l'hélico pour descendre des pentes vierges, ne diffère pas de prendre sa voiture ou le bus le matin pour aller travailler. Je prends ma machine, je conquis les grands espaces, je ne suis que de passage, je n'ai pas besoin de m'adapter aux éléments ( avec 50, 100 ou 1000 chevaux c'est pas la peine )et je reproduis ce que chacun de nous vit au quotidien.
Cet pratique me parait assez contradictoire avec les aspirations relatives à ce genre d'espace.
Oui je veux me retrouver en pleine nature, isolé si possible, non, je ne lache pas ma machine accompagnée de tous ses bruits, odeurs. Impossible finalement de se détacher de ce que nous avons de plus matériel, de plus "évolué" ( avec les bons et mauvais aspects ) en nous, impossible finalement d'échapper au quotidien.
Les grands espaces, l'osmose avec la nature, ne se sentir qu'un des éléments n'est à mon avis pas possible dans cette démarche. Cela n'est rendu possible que si nous nous considérons comme partie intégrante de cet espace et pas comme simplement de passage. Voir, sentir, toucher, entendre, ces sensations que l’on ressent personnellement et intimement ne sont possibles que lorsque l’on prend le temps de le faire, dans des conditions adaptées. Le silence en est une condition.
Aller vite, aller loin, n'être que de passage n'est pas ma vision de la pratique de la montagne et plus largement celle des grands espaces naturels.
Vivre le milieu, n'est rendu possible que si nous nous rendons le plus discret possible, le plus fragile peut-être, et dans ce cas, l'intégration au milieu est totale.
Prenons le temps et osons nous défaire de l’emprise de ce que nous faisons tous les jours.
Isolons nous, prenons de la distance, suons un coup, sentons nous petits, impuissants et infiniment vulnérables face à cette nature, arrêtons de penser que nous les Hommes, nous avons de grosses machines surpuissantes qui nous permettent d’aller sous l’eau, de rouler très vite, de nous poser au sommet des montagnes, ayons un peu d’humilité par rapport à tout ça et la, nous pourrons vivre la montagne plutôt que la consommer.
C'est en tous cas mon avis, je ne jette pas la pierre, je pense qu'il faut être cohérent avec ses aspirations, c'est tout...
inscrit le 17/01/03
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