PARIS, 19 avr (AFP) - Devenu obèse, toujours plus outrancier depuis le début de sa déchéance en 1991, mais continuant à mordre dans la vie avec une incroyable voracité, Diego Armando Maradona, victime dimanche à Buenos Aires d'un grave malaise cardiaque à 43 ans, a toujours été un peu l'anti-thèse du sportif de haut niveau.
Malgré tous ses excès et sa vie souvent dissolue, l'Argentin restera un Dieu de la planète football, au moins l'égal des plus grands, le seul sans doute à avoir fait trembler le trône du roi Pelé.
Arrivé au faîte de la gloire sportive au milieu des années 80, il reste également le symbole d'une Argentine qui s'est ouverte au monde après de longues années d'une meurtrière dictature militaire.
En fait, Maradona a réappris aux Argentins à rêver. Il a aussi vengé l'humiliante défaite de la guerre des Malouines d'un simple revers de la main, par une belle soirée mexicaine, un soir de quart de finale de Coupe du Monde, contre l'Angleterre.
Ange ou démon?, se sont souvent interrogés de multiples psychologues argentins. Sans doute simplement un "gamin en or" (Pibe de oro), tombé dans le chaudron de la Bonbonera (le stade de Boca Juniors) quand il était petit, et qui n'a plus jamais voulu grandir.
Parmi les milliers de photos accompagnant la gloire puis la déchéance de Maradona, deux clichés résument sa vie.
La main de Dieu
Le premier a été pris en 1986, un soir de finale de Coupe du Monde, dans le mythique stade Aztèque de Mexico, où Maradona n'est plus qu'un immense sourire en brandissant la coupe Jules Rimet. Il est au sommet de son art.
Son but inscrit de la main contre les Anglais en quarts de finale a fait hurler de joie tout un peuple qui y voyait "la main de Dieu". Mais, les fans de football se repasseront inlassablement son deuxième but contre ces mêmes Anglais, un chef-d'oeuvre d'intuition et de talent pur.
"J'avais envie de m'arrêter de jouer pour le regarder", avouera son équipier Jorge Valdano.
Maradona a écrasé la compétition de sa personnalité, comme l'avait fait avant lui un certain Pelé, seize ans plus tôt, dans ce même stade... Clin d'oeil de l'histoire, cette image de Maradona faisant s'arrêter le temps dans l'immensité du stade Aztèque rejoint ainsi celle de la tête de Pelé stoppée d'une manière incroyable par le gardien anglais (encore), Gordon Banks, en 1970.
Le second cliché date du 26 avril 1991. Il est beaucoup moins glorieux. Hirsute. Bouffi. Mal rasé. L'oeil éteint. Sa gouaille perdue, Maradona sort de son domicile de Buenos Aires entouré de deux policiers qui viennent de l'arrêter pour détention et consommation de cocaïne.
C'est le début de la déchéance, des déclarations tapageuses, des outrances de tous ordres, des retours au premier plan soigneusement orchestrés par un entourage de requins. Les cures de désintoxication vont désormais alterner avec les contrôles anti-dopage positifs.
L'ami Fidel
Le virus de la drogue avait été contracté au barrio Chino de Barcelone et soigneusement cultivé pendant les années de gloire à Naples. L'homme-enfant ne pourra jamais s'en débarrasser, envoyant plus d'une fois à la face du monde "le chemin de croix de sa dépendance à la cocaïne".
"Ma vie est sur un terrain", aimait à répéter Maradona. Le football l'a fait roi. Il a payé cette gloire comptant et au prix fort. Cerné par les scandales, sous le coup en 2000 d'une suspension de deux ans pour un nouveau contrôle positif, il quitte officiellement le monde du football, à 37 ans, le jour de son anniversaire.
Depuis, auprès de son "ami" Fidel Castro, il avait essayé de se refaire une santé à Cuba dans des centres spécialisés. Mais en vain. A chaque fois le naturel reprenait le dessus.
Mais, quelle que soit l'issue de son grave malaise cardiaque, il a déjà rejoint depuis longtemps dans le coeur de ses supporters les plus grands mythes de l'histoire de l'Argentine, d'Evita à Juan Manuel Fangio.
Bien que ce soit pas très bien vu de parler de foot sur skipass (quoique le sujet sur la victoire de Sochaux tient bien la route pour le moment), je voulais mettre cette dépêche AFP sur celui que je considère comme le plus grand footballeur de tous les temps. En espérant qu'il arrive à passer ce très mauvais pas
inscrit le 07/11/02
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