FRANCFORT (AFP) - En trente ans d'existence, le célèbre oeuf en chocolat "Kinder Surprise" et les petites figurines en plastique qu'il renferme sont devenus une obsession pour des milliers de collectionneurs de tous âges, prêts à débourser des centaines d'euros pour les pièces les plus rares.
Et la "collectionnite" sévit particulièrement en Allemagne, où quelques 300.000 personnes seraient atteintes, à des degrés divers.
"Sans doute parce que nous sommes naturellement un peuple de collectionneurs", avance Harald Voelker, 41 ans, en déambulant dans le Musée des Arts appliqués de Francfort, qui consacre jusqu'au 30 mai une exposition à l'une des plus célèbres friandises au monde, vendue à 30 milliards d'exemplaires depuis 1974.
Autre explication possible: l'Allemagne est depuis toujours un marché privilégié pour le fabricant de la marque Kinder ("enfants" en allemand), le confiseur italien Ferrero, qui réalise environ un quart de son chiffre d'affaires mondial dans le pays.
A Francfort, le musée a rassemblé 2.000 pièces issues d'une collection privée, qui sont soigneusement rangées par séries sous des globes de verre.
Nico Vincentini, 14 ans et 300 figurines sur les étagères de sa chambre, scrute en connaisseur les petits animaux de la famille des "Crazy Crocos", une série de Schtroumpfs de 1981 ou encore les reproductions miniatures des héros du film "Le Seigneur des Anneaux".
L'arme secrète du collectionneur? L'ouïe, explique-t-il très sérieusement. "Dans les magasins, j'arrive à distinguer les oeufs qui contiennent des petits jouets à monter (sans valeur pour les connaisseurs) de ceux, beaucoup plus rares, qui contiennent les figurines, rien qu'en les agitant près de mon oreille", assure-t-il. Tant pis pour la "surprise" promise sur l'emballage en papier aluminium blanc et orange.
Le quotidien Tagesspiegel rapporte aussi l'histoire d'un collectionneur particulièrement acharné qui "emprunte" régulièrement des centaines d'oeufs au chocolat à un ami commerçant, le temps de les passer aux rayons X chez un médecin complice, pour n'acheter finalement que la coquille renfermant la perle rare.
Si les oeufs Kinder s'achètent environ 50 centimes d'euro pièce dans les supermarchés, certains sont prêts à débourser beaucoup plus pour satisfaire leur passion, à l'occasion de marchés aux puces ou de bourses consacrées au "Ü-Ei", comme ils l'appellent affectueusement. La légende veut qu'un collectionneur ait un jour déboursé 2.000 euros pour un petit bout de plastique.
"Ma pièce la plus chère, c'est un lutin aux cheveux rouges tenant un parapluie, datant du début des années 80, je l'ai payée 275 deutsche marks", soit quelque 140 euros, confie Harald, à la tête d'une collection de 600 figurines. "J'ai pris mon temps, je voulais être sûr qu'il ne s'agissait pas d'une contrefaçon", explique-t-il.
Plusieurs sites internet spécialisés aident les collectionneurs à débusquer les faussaires, attirés par le faible coût de fabrication des pièces, quelques centimes d'euro à peine dans des usines en Asie.
L'internet est devenu un instrument de prédilection pour les passionnés du monde entier, qui s'échangent des figurines entre le Brésil, la Nouvelle-Zélande ou l'Allemagne. Les plus consciencieux vont jusqu'à s'équiper de logiciels spéciaux, vendus quelque 13 euros, pour gérer leur trésor sur ordinateur.
Tout est prévu, jusqu'au recyclage du chocolat qui s'entasse vite quand, comme Nico, on achète régulièrement des lots de 72 oeufs Kinder auprès de commerçants en gros. "Je fais des gâteaux avec. Il y a des livres de recettes spécialement conçus pour ça", assure sa mère Michaela.
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