GAP (AFP) - Pour lutter contre la prolifération des marmottes accusées d'endommager les prairies de fauche dans le parc national des Ecrins, une opération de contrôle des naissances est actuellement testée non loin de la station de ski d'Orcières (Hautes-Alpes).
"Les agriculteurs accusent les marmottes de faire des trous dans les prés, de remonter des pierres qui parfois cassent les barres de coupe utilisées pour le foin", explique Dominique Gauthier, directeur-adjoint du laboratoire vétérinaire du département, responsable de l'expérimentation.
La marmotte dont le poids adulte varie entre 3 kilos après l'hibernation et 6 kilos, a deux prédateurs, le renard et l'aigle, mais pas le loup qui préfère des animaux plus gros. Pour supprimer les problèmes posés par ce petit rongeur, on utilise habituellement le poison, ou bien la capture et le transfert dans un autre secteur.
"Tuer les marmottes n'est pas satisfaisant sur le plan éthique, les enlever est une solution à court terme, car cela crée un appel démographique et les départs sont rapidement compensés par l'installation de jeunes", affirme M. Gauthier.
Dominique Allaine, un universitaire lyonnais spécialiste de cet animal, explique que les marmottes vivent en couple, avec leur descendance, les jeunes restant avec leurs parents pendant 2 ans ou plus. Les femelles font une portée par an, généralement de 4 marmottons, et la famille va de deux (un male dominant et une femelle dominante) à 20 individus.
On a dénombré 160 marmottes dans le vallon de Prapic, site de l'expérimentation, et les 40 plus actives ont été capturées et traitées en avril-mai, pendant la période des amours.
"Les femelles ont ainsi reçu une injection qui supprime les chaleurs et les males une injection freinant leur libido. Ces animaux ont été équipés d'un collier pour pouvoir les reconnaître", explique M. Gauthier.
"Les femelles mettent bas en juin dans leur terrier. Les petits sortent à l'air libre début juillet et c'est à ce moment que l'on saura si notre opération a été succès", précise-t-il.
Le professeur Allaine, qui n'est pas associé à l'expérience, s'intéresse beaucoup aux résultats des tests. "Des études génétiques très sérieuses montrent que chez les marmottes, 20% des naissances viennent d'une paternité hors couple", explique-t-il.
"Le male à la libido inhibée sera-t-il capable d'empêcher les autres males d'approcher sa femelle et l'expérience ne va-t-elle pas augmenter le taux de cocuage des males dominants et perturber la colonie", interroge le spécialiste.
Il estime que la prolifération des marmottes n'a pas que des inconvénients, même pour le monde paysan. "Les marmottes attirent les touristes, et ce sont souvent les paysans qui louent les gîtes", explique-t-il.
inscrit le 08/11/01
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