L'article paru dans les Echos du 3 janvier 2005 :
Quiksilver discute d'une éventuelle acquisition de Groupe Rossignol
Le spécialiste américain de la glisse, désireux de réaliser une acquisition dans l'outdoor, discute actuellement avec la famille Boix-Vives, qui contrôle le leader mondial des équipements de ski.
Alors que les analystes prêtent surtout à Nike ou à des fabricants d'articles de sport d'hiver un intérêt pour Groupe Rossignol, le spécialiste américain de la glisse, Quiksilver, s'est officiellement manifesté auprès de la famille Boix-Vives pour lui acheter sa participation. Cette famille verrouille 45 % du capital et 63 % des droits de vote du leader mondial des équipements de ski et le rend non opéable. Dans un entretien aux « Echos », Bernard Mariette, le président de Quiksilver Inc., indique que son groupe, « désireux d'entrer dans l'oudoor », étudie une acquisition de Groupe Rossignol, « l'entreprise que nous regardons de plus près, même si elle n'est pas la seule possible ». Des discussions sont en cours avec les Boix-Vives. « Nous en sommes à réfléchir à l'intérêt d'une telle opération et aux modalités pour les actionnaires des deux groupes, mais nous sommes encore loin d'avoir un prix, de leur côté comme du nôtre », précise Bernard Mariette, qui connaît personnellement la famille Boix-Vives, côtoyée notamment sur les pistes de ski.
Du côté de Groupe Rossignol, également contacté par « Les Echos », Laurent Boix-Vives reconnaît avoir reçu une lettre d'intention de Quiksilver mais il affirme « qu'aucune réponse n'y a été apportée » et « qu'il n'y a pas d'accord aujourd'hui ». On insiste, au siège de Voiron, sur le fait que « beaucoup de groupes sont intéressés à un rapprochement et l'ont fait savoir à Laurent Boix-Vives, directement ou indirectement », compte tenu du profil de l'actionnariat actuel. Aucune des deux filles de l'actionnaire de référence, âgé de soixante-dix-huit ans, n'est en effet susceptible de reprendre la gestion de l'entreprise. Ces discussions sont donc « normales, habituelles et continuelles depuis de très nombreuses années », pour le président du directoire de Groupe Rossignol, Bruno Cercley, qui ajoute que le directoire ne participe pas aux négociations. Selon lui, « Laurent Boix-Vives reste passionné par le groupe qu'il a construit et il n'est pas pressé de se désengager, il écoute les uns et les autres et aucune orientation à ce jour n'a été décidée. »
Spéculation boursière
Une intense spéculation entoure néanmoins le titre Skis Rossignol depuis quelques semaines. Plus de 10 % du capital ont changé de mains depuis un peu plus d'un mois, propulsant l'action jusqu'à 17,15 euros en séance le 22 décembre, contre 12,97 euros le 26 novembre au lendemain de l'annonce d'un bénéfice net semestriel en recul de 70 %. Bernard Mariette assure que Quiksilver, pour sa part, n'a pas ramassé d'actions sur le marché récemment. Sans se prononcer sur le prix qu'il serait prêt à payer pour le contrôle de Groupe Rossignol, il estime « posséder sans problème les moyens de financer une telle acquisition ». Son groupe, qui réalisait à peu près le même chiffre d'affaires que Groupe Rossignol il y a trois ans, a doublé de taille depuis. Sur l'exercice 2004 clos fin octobre, les ventes s'affichaient à 1,27 milliard de dollars (grâce notamment a l'achat de DC Shoes), en hausse de 30 % sur un an, et le bénéfice à 81,4 millions de dollars, soit un bond de 39 % par rapport à 2003.
Vendredi dernier, la capitalisation boursière de Groupe Rossignol atteignait, pour sa part, 191,7 millions d'euros. L'entreprise iséroise a affiché, sur l'exercice 2003-2004 (clos fin mars) un résultat net de 7,2 millions d'euros pour un chiffre d'affaires de 478,6 millions. Son résultat d'exploitation représentait 5 % des ventes et son ratio d'endettement net sur fonds propres atteignait 1,21 (contre 1,13 à la fin de l'exercice précédent).
Confronté à une baisse de sa marge opérationnelle depuis 2001, ainsi qu'à un recul de ses parts de marché mondiales dans le snowboard et les fixations alors que les produits alpins stagnent, la direction de Groupe Rossignol mise sur l'essor du ski nordique et du textile. Un plan d'action baptisé « Gold 100 », lancé en novembre, fixe quatre grands objectifs pour l'exercice 2007-2008. A cet horizon, le golf et l'outdoor doivent représenter 40 % du chiffre d'affaires du groupe (30 % actuellement) et la position de numéro un mondial sur le matériel hiver doit être renforcée, le résultat d'exploitation doit doubler pour dépasser 50 millions d'euros et l'endettement doit être réduit de 25 %. Le groupe, qui fêtera alors ses 100 ans, compte améliorer ainsi ses performances et sa... valorisation.
NADINE BAYLE
inscrit le 07/11/03
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