GRENOBLE (AP) - Considérée comme un havre de fraîcheur et un réservoir naturel d'eau, la montagne souffre aussi de la canicule et de la sécheresse avec des conséquences parfois inattendues comme la fonte d'une partie de la voûte du tunnel de glace sous l'Aiguille du Midi, à 4.842 mètres d'altitude, dans le massif du Mont-Blanc.
Les responsables du téléphérique ont ainsi du fermer depuis samedi ce tunnel long au total d'une trentaine de mètres, reliant dans la glace et le rocher la gare d'arrivée des bennes à l'arête de la Vallée Blanche. L'épaisseur de glace de trois à quatre mètres qui recouvre le tube à son extrémité s'était fragilisée en raison de la chaleur.
Par sécurité, il a été décidé de dégager la partie glacée formée par les accumulations successives de neige et qui aurait pu s'écrouler. Les travaux entrepris depuis samedi devaient être terminés lundi soir. Les ouvriers qui travaillent jour et nuit enlèvent totalement la couche de glace, dont ils se servent pour reboucher un peu plus loin sur la Vallée-Blanche une crevasse située sur un itinéraire de haute montagne.
La température au sommet de l'Aiguille du Midi était lundi matin de dix degrés. Selon Météo-France, l'isotherme zéro (ligne, qui, sur une carte, relie tous les points ayant une même température) varie ces derniers jours entre 4.500 et 5.000m d'altitude.
"Cette 'douceur' à haute altitude rend très délicat, voire impossible certaines courses en glace", explique le Bureau des guides de Chamonix. La rupture des ponts de neige et le dédale à travers les séracs (blocs de glace) que doivent effectuer les alpinistes rendent certains itinéraires impraticables.
Autres conséquences de la chaleur, les chutes de pierres. "C'est un phénomène important cette année, la chaleur fait fondre la neige et la glace des névés (masse de neige durcie): la montagne se purge" a expliqué à l'Associated Press, le commandant Nicolas Bonneville, responsable du Peloton de gendarmerie de haute montagne de Chamonix. Ce phénomène, note-t-il, est à l'origine de nombreuses interventions du PGHM.
Ce temps exceptionnel est en revanche idéal pour la randonnée. La météo est stable et les sentiers sont parfaitement praticables. Mais selon les professionnels du tourisme, la fréquentation des massifs est moyenne cet été.
"La canicule de juillet a eu quelques effets négatifs en altitude, les vacanciers préfèrent les plans d'eau de plaines ou des vallées dans l'espoir de trouver un peu plus de fraîcheur" constate ainsi Daniel Cavalli, responsable du tourisme à Annecy.
Dans les vallées alpines et en plaines, la chaleur a également des conséquences: elle favorise la prolifération dans pratiquement tous les plans d'eau de la larve d'un parasite du canard. Baptisée "puce du canard" elle provoque des dermatites parfois accompagnées de fièvre chez les baigneurs, selon Pierre Latour, médecin et conseiller municipal à Annecy.
Les vallées souffrent également de la pollution à l'ozone. Depuis le début juillet, Grenoble a ainsi enregistré durant quinze jours des taux dépassant le seuil d'alerte fixé à 180mg/l.
Trop souvent présentées par les publicités des stations thermales comme une réserve d'eau pratiquement inépuisable, les Alpes connaissent aussi les effets de la sécheresse. Les départements alpins sont parmi les premiers à avoir pris, début juillet, des mesures de restrictions d'eau. Dans certaines communes, comme à Gresse-en-Vercors (Isère), la pénurie oblige même la municipalité à interrompre la distribution de 22h à 6h du matin afin d'éviter le gaspillage.
La chaleur exceptionnelle de cet été est également à l'origine de feux de forêts dans les Alpes. Moins spectaculaires que dans le Midi de la France, ils n'en sont pas moins redoutables.
Ainsi depuis le 28 juillet, Canadair et hélicoptères se relaient quotidiennement, jusqu'à présent sans succès, au-dessus du Néron près de Grenoble (Isère) pour tenter d'éteindre un incendie qui a déjà ravagé une centaine d'hectares, selon le Centre opérationnel départemental d'incendie et de secours (CODIS). Etouffées par les largages des bombardiers d'eau, les flammes reprennent en effet peu après à la moindre brise. Le site, à 1.800m, est inaccessible pour les moyens au sol. AP
boi/ll
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