Le ski français cherche à remonter la pente
La Fédération française de ski a été mise en redressement judiciaire. Un plan ministériel vise à faire cesser les querelles qui minent ce sport.
La Coupe du monde de ski alpin qui démarre ce week-end à Sölden, en Autriche, représente un véritable défi pour les athlètes de l'équipe de France dont la Fédération (la FFS), présidée par Marcel Calvat et recensant 200.000 licenciés, est en redressement judiciaire. Aux difficultés financières se sont ajoutées les conditions climatiques de l'été obligeant les skieurs qui ne trouvaient pas de neige sur les glaciers alpins à en rechercher sur d'autres continents (au Chili en particulier). « De tels déplacements coûtent cher et sont difficiles à financer en période de rigueur budgétaire »,admet Dominique Laurent, directeur des sports au ministère, qui exerce désormais sa tutelle sur la FFS.
Les comptes de l'exercice 2002-2003 clos le 30 avril laissent apparaître une perte de 1,4 million d'euros pour un budget de 10,9 millions d'euros (dont près de 7 millions d'euros pour le haut niveau), qui doit être entériné aujourd'hui par l'assemblée générale de la Fédération. Mais le passif est plus important : il s'élève même à 3 millions d'euros, si l'on ajoute une partie du remboursement en cours d'un emprunt de 4,5 millions d'euros, contracté sous la présidence de Bernard Chevalier, qui s'est étendue de 1987 à 2002.
Changer les mentalités
Lors de la mise en place du groupe de travail « perspective et avenir » au sein de la FFS, en juillet, le ministre des Sports, Jean-François Lamour, a averti : « Il ne s'agit pas de changer les hommes, mais de changer les mentalités, le mode de gestion et les structures. »
De son côté, le président Calvat, soutenu par l'admnistrateur judiciaire Robert Meynet, a martelé : « Pour sortir de la crise, il faudra que la rationalité l'emporte sur les problèmes de personnes. » Pas facile. Car la crise qui secoue le ski français est profonde. « Depuis 2001, date à laquelle notre société a pris en charge le marketing de la Fédération, nous avons connu trois présidents », regrette Benoît Fritsch, directeur associé de Media Part- ners France.
Problème de personnes (le président et le directeur technique national ne se parlent plus), rivalité entre les massifs de montagne, querelle entre les élus de la plaine et ceux de Savoie et Haute-Savoie, qui détiennent une majorité de voix à la FFS, opposition entre les disciplines anciennes (ski alpin, ski nordique) et nouvelles (snowboard, freestyle, etc.). « Le champ de neige est véritablement miné », reconnaît un expert.
Face à la menace de mise en faillite de la Fédération - ce qui aurait le plus mauvais des effets dans un pays où le tourisme hivernal représente une grosse activité économique -, le ministère des Sports a décidé de prendre les choses en main. « L'administrateur judiciaire a vingt mois pour mettre en place un plan de redressement »,commente Dominique Laurent.
La subvention publique a été renouvelée à hauteur de 4,3 millions d'euros (dont 408.700 euros pour le snowboard), mais celle-ci est conditionnée à « des mesures d'économies drastiques », qui touchent au fonctionnement de la FFS. « Pour l'avenir, conformément à la nouvelle loi sur le sport votée le 1er août et dont les décrets d'application ne devraient pas tarder à sortir, nous souhaitons que d'autres acteurs (syndicat des remontées mécaniques, stations, association des maires, écoles de ski) s'impliquent dans la vie fédérale », ajoute la responsable du ministère. Cela serait un gage de sécurité pour les sponsors.
Loin de l'objectif fixé
« L'environnement actuel n'est pas satisfaisant pour s'occuper du marketing de la Fédération », confirme Benoît Fritsch. Le groupe Media Partners, basé en Italie, s'est engagé, il y a trois ans, à apporter 15,7 millions d'euros de recettes de sponsoring et de droits TV à la FFS d'ici aux JO de Turin de 2006. « Elles ne dépassent pas 1 million d'euros, on est très loin de l'objectif fixé », reconnaît le responsable de la filiale française. Parmi les sponsors fidèles qui maintiennent leur confiance jusqu'en 2006 figurent la Caisse d'Epargne des Alpes, Renault, et les équipementiers Anzi Besson, Odlo, Sun Valley, tandis que les Fromageries Riches Monts (groupe Sodiaal) ont renouvelé pour une année supplémentaire. « C'est vrai que le discours autour de la Fédération est négatif, analyse Christophe Brosiers, responsable produit de la marque (280 millions de chiffre d'affaires en 2002). Mais le consommateur se fiche de ces querelles. Il est très content que l'on soit partenaire des équipes de France, qui nous donnent une excellente visibilité. On a décidé de repartir pour une saison, après on verra. »
Pour améliorer le marketing, les spécialistes réfléchissent à la création de paquets pour les fournisseurs dont l'investissement se situerait dans une fourchette de 10.000 à 50.000 euros. Le ticket d'entrée pour un « top » sponsor se chiffre à environ 200.000 euros. Côté médias, un accord a été signé l'an passé entre le groupe (détenteur des droits TV) et Eurosport pour la diffusion de la Coupe du monde.
Sport+, qui détient les droits pour l'Autriche, diffuse les courses qui y sont organisées. « On a signé un accord avec FR3 pour retransmettre l'ensemble des compétitions françaises en Auvergne, en Paca et en Rhône-Alpes, soit 10 millions de téléspectateurs touchés »,révèle Benoît Fritsch. Media Partners a également passé un accord avec RMC Info.
inscrit le 24/04/03
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