SPOLIERS
Mais là où le livre m'a le plus perturbé, c'est au niveau de certains messages ou idéologies nauséeuses véhiculées par ce livre.
Mais attention, il reste un tome où pas mal de choses peuvent changer. Je pense en particulier à Rogue: le laisser tel quel me parait scandaleux, mais je suis presque sûr qu'il y aura un rebondissement majeur autour de lui. En effet, Rowling insiste lourdement sur les "faites-moi confiance" de Dumbledore tout au long de la saga mais encore plus dans ce n°5 (même si cette confiance est plus que perturbée par son étonnement lors de sa mort, ce qui est quand-même bizarre...)
Soit:
-Il est l'un des horcruxes de Voldemort
-Il double en fait les deux camps, cherche à abattre Voldemort de son côté (pourrait év. être le R.A.B?). Dumbledore lui ferait confiance dans le sens de son but final, mettant son sort personnel en second plan (ce qui n'explique pas complètement pourquoi il tue Dumbledore, à part s'il le croit devenu inutile et trop faible. J'ai bien une autre idée en rapport avec ma critique n°3 mais ça va trop loin, je veux pas être ridicule ^ ^).
-Soit rien du tout, et alors Rowling est une ordure dangereuse (dans le contexte d'un livre pour enfants)
Ensuite, au niveau d'Harry Potter. Là encore, je pense (j'espère) que le dernier tome apportera une explication.
On se rend compte en effet qu'Harry est très cruel (comme son père vs Rogue?), vite dénué de pitié dans les situtations tendues (ce qui au passage et cohérant avec le récit, puisque dans le tome 1 le choixpeau avait hésité à l'envoyer à Serpentard).
Quelques exemples:
-quelques secondes après avoir failli tuer Malefoy, Harry ne pense plus du tout à lui et aux conséquences de son acte, mais au fait de perdre son livre. Belle lucidité pour quelqu'un couvert du sang qu'il vient de faire couler!
-il torture Dumbledore sans états d'âme (ou si peu!) en lui faisant boire la potion dans la grotte au médaillon horcruxe! On dira ce qu'on voudra (il avait promis, etc), ça reste une attitude assez incroyable!
-A la question de Dumbledore "quels seraient tes sentiments à l'égard de Voldemort", Harry réponds, p.563, "je voudrais qu'on le tue, et je voudrais m'en charger moi-même".
-p.90: "mais si c'est le cas [si je dois mourrir], poursuivit-il d'un ton féroce [...], je ferai tout pour emmener avec moi autant de mangemorts que je le pourrai"
...Gentil garçon quoi!
Dernière chose, la plus choquante (encore une fois, à ce stade de l'histoire):
Pendant toute la saga, le personnage de Dumbledore est magnifié par Rowling. Figure idéale du maître, de l'exemplarité, humaniste (trop nous dit-on dans ce tome), c'est un personnage "violamment" positif, indiscutable, l'exemple à suivre.
Partant de ce statut, son attitude p.563 est particulièrement troublante...
"Tu le dois [le tuer], parce que toi-même, tu ne pourras vivre en paix tant que tu n'auras pas essayé! Imagine que tu n'aies jamais entendu la prophétie; quels seraient tes sentiments à l'égard de Voldemort?
-Je voudrais qu'on le tue [Harry]
"Bien sûr que tu le voudrais! s'écria Dumbledore [...] Tu es libre de choisir ta voie [...] mais Voldemort, lui, continuera à s'y tenir [à la prophétie]. Il continuera à te traquer... Et donc, inévitablement...
-L'un de nous deux finira par tuer l'autre, acheva Harry. Oui. Il comprenait enfin ce que Dumbledore avait essayé de lui expliquer. C'était, pensa-t-il, la différence entre être trainé dans l'arène pour livrer un combat à mort et entrer dans cette même arène la tête haute. [...] Dumbledore savait -et moi aussi, songa Harry, avec un orgueil féroce, et mes parents aussi- qu'on ne pouvait imaginer plus grande différence.
Donc 1)
Rowling nous dit qu'il est normal de vouloir la mort de quelqu'un qui a tué un être cher. "Bien sûr", dit même Dumbledore!
Si cette réaction est certes compréhensible, elle est parfaitement indéfensable. J'aurais jamais pensé trouver quelqu'un d'assez bête pour défendre aussi directement le "oeil pour oeil, dent pour dent". Pire, ces propos sont mis dans la bouche d'un personnage bon voire exemplaire. Affligeant.
[Ca m'énerve d'autant plus actuellement avec l'ouverture du procès de l'assassin du contrôleur aérien suisse en charge lors de la collison de deux avions près du lac de Constance. La presse est en train de prendre la défense d'un type qui a froidement vengé sa femme et sa fille mortes dans la catastrophe, à coups de force arguments genre "sa vie était brisée" et autres co*neries du même genre, défendant ainsi presque ouvertement la vengeance (qui plus est selon toute vraisemblance avec préméditation ici).
On parle de circonstances atténuantes, d'une peine de 5 ans de prison seulement... Pour un assassinat!! Ca ça me révolte à un point, mais vraiment...]
2)
La thèse qu'est en train d'essayer de nous défendre Rowling, c'est quoi? Tuer ou être tué? Il n'y pas d'autre moyen que cette ultime violence pour résoudre un problème? C'est incroyable! Avec un tel discours on balance des bombes atomiques tous les jours, pour se défendre, "parce qu'il n'y a pas d'autre solution"
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Enfin bref, relativisons, la série n'est pas finie, voyons si elle arrive à quelques entourloupes au volume final pour nuancer ce disocurs nauséeux.
A part ça, y'a quand-même du positif dans ce livre! Une fois de plus le suspense est haletant, et je trouve les touches d'humour particulièrement drôles.
Enfin, contrairement à une critique souvent entendue, je ne trouve pas que l'histoire tourne en rond et qu'on a plus rien de neuf. Au niveau du scénario c'est toujours aussi bon; pour moi c'est la forme qui pêche dans ces 2 derniers tomes.
inscrit le 30/01/04
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