Avis sur Les Arcs

Les Arcs/Peisey-Vallandry constituent une excellente destination pour l'amateur de glisse de bon niveau. Le vaste domaine, la diversité et la quantité des pistes et hors-piste pentus offrent un vaste terrain de jeu à même de satisfaire ceux qui cherchent avant tout le sport pur, même si de très nombreuses animations s'offrent à celles et ceux qui fondent leur plaisir sur les activités annexes.

Divisée en plusieurs stations (Arc 1600, Arc 1800, Arc 1950 et Arc 2000, couplés aux villages de Peisey, Vallandry et Villaroger et à la ville de Bourg-St-Maurice, dans la vallée), la station offre un visage globalement homogène, avec une architecture qui s'inspire de celle de la plus vieille des stations, Arc 1600. L'ensemble n'est pas forcément très esthétique (hormis les villages, plus pittoresques, et Arc 1950, plus moderne), mais s'insère bien dans le massif montagneux de la Haute-Tarentaise et le premier coup d'oeil n'est pas rebutant pour le néo-visiteur. D'emblée, celui-ci pourra choisir sa destination en fonction de ses aspirations : Arc 2000 pour le sportif venu pour le ski (ou le snow) pur et dur, Arc 1800 pour qui voudra profiter des "après" propres à la plus grosse des stations, Arc 1950 pour le chic et le shopping, Peisey-Vallandry pour plus de calme, Villaroger pour l'authenticité d'un vrai village de montagne, Bourg-St-Maurice pour le confort d'une vraie ville avec toutes ses facilités et un accès par TGV couplé au funiculaire qui vous montera à 1600 en 7mn (le "funi" tourne de 7h à 19h, départ toutes les 20 à 30 mn).

Passé ce cap, 220 km de pistes s'offrent à celui qui vient poser ses spatules aux Arcs/Peisey-Vallandry (APV). Globalement, le niveau moyen est assez élevé : très peu de pistes vertes et les pistes bleues sont presque toutes des pistes de liaison : si chaque station offre un espace "débutant" correct avec un (ou deux) petit télésiège gratuit ("Combettes" à Arc 1600, par exemple), on déconseillera quand même à celui qui attaque sa première piste de débuter aux APV. Pour l'anecdote, bien des militaires de l'ancienne base de chasseurs alpins, souvent issus de la plaine ou de l'outre-mer, ont maudit leur première descente sur ce domaine bien raide...

Dans cette difficulté, la variété n'en est pas moins très grande : entre les sapins de Mont-Blanc, à Arc 1600, propices à la glisse les jours de blanc, les grands boulevards de 1800 ou les immenses pistes noires et rouges de 2000 qui dévalent sur Villaroger (plus de 2000m de dénivelé d'une traite!) aptes à faire rêver l'amateur de difficulté par grand beau, chacun trouvera son compte sur un domaine bien balisé, très bien entretenu et ouvert en toutes conditions, ou presque. On remarquera d'ailleurs que les remontées mécaniques y sont globalement confortables, nombreuses et fréquemment remises en état (quasiment plus de téléskis en 2018) dans toute la station. Même un jour d'affluence, la queue reste à ce jour raisonnable, mais on pourra s'interroger sur la pérennité de ce constat en voyant la multiplication récente des immeubles de grande taille (arrivée de l'immense Club Med à Arc 1600 en fin 2018). On évitera dans tous les cas les remontées mécaniques stratégiques ("Arcabulle", "Bois de l'Ours", ...) aux heures de pointe (11h30-12h/14h-14h30).

Un cran au-dessus question adrénaline, l'amateur de freeride trouvera nécessairement son compte dans l'un des plus beaux domaines de France avec une multitude de lignes partants de diverses pointes, dont l'Aiguille Rouge, sommet de la station à 3226m. La Réserve Naturelle de Villaroger (accès soumis à autorisation via une formation dispensée par l'ONF) constituant le point d'orgue de ce vaste panel de couloirs dont la difficulté culmine avec le mythique couloir de l’Équipe où le risque (mortel) de chute incitera à la plus grande prudence le skieur émérite. On remarquera à cet effet, histoire de fixer l'ambiance, que les Arcs ont plusieurs fois servi de décor pour le Red Bull Linecatcher ainsi qu'à plusieurs étapes de qualification pour le Freeride World Tour. Le freerandonneur, quant à lui, pourra profiter du Mont Pourri (3779m), adjacent au Grand Col, pour pousser encore plus loin la vue sur la Vanoise et la diversité des lignes et paysages.

Toujours dans le domaine "adrénaline", il est à noter que les Arcs sont l'une des capitales françaises de deux disciplines marginales et spectaculaires : le speed-riding (ski avec une voile de parapente) et le ski de vitesse (la piste de KL fut utilisée pour les JO de 1992). Pour cette dernière discipline, il arrive que la piste soit ouverte aux néophytes pour un baptême en fin d'année de ski (mars/avril) en fonction des conditions de neige.

Le freestyleur, lui, restera un peu sur sa faim : l'Apocalypse Park, à la jonction entre 1600 et 1800 reste très en-dessous de ce que peuvent proposer d'autres stations : pas de pipe, pas de difficulté majeure, on reste dans le classique FS "de base". Et si le printemps apporte chaque année son "Airbag" et sa piscine pour multiplier les fous-rires en waterslide, l'ensemble reste trop moyen pour valoir un voyage aux APV spécifiquement pour cette raison. Quelques boarder-cross parsèment par ailleurs la station, on passera vite dessus vu leur manque global d'intérêt, le plus intéressant restant celui de 2000, qui pourra au mieux distraire les jours de pénurie de neige.

Les à-côtés, eux, sont multiples et l'amateur de montagne pas forcément skieur sera forcément ravi. Dans cette diversité immense, on ne pourra être exhaustif mais on citera la grande piste de luge d'Arcabulle (Arc 2000), les chiens de traîneau de Comborcière (Arc 2000) , la piscine et la patinoire de 1800 au sein du tout nouveau complexe de loisir "Mille-Huit", les nombreux itinéraires de raquettes, le ski-jöring de Mont-Blanc (pas loin du Club Med)...sans compter, bien entendu, la vaste offre de Bourg-St-Maurice (7500 habitants), en bas dans la vallée de la Tarentaise. A peu de choses près, on pourrait aisément passer huit jours au ski sans faire de ski et sans s'ennuyer ! On notera également les très nombreuses animations organisées par la station tout au long de l'hiver, avec différents événements nationaux et internationaux (Festival du Film Européen en décembre, la course du cœur,...)

Question météo et ensoleillement, la station n'est pas forcément la mieux lotie de France : orientée Nord (sauf à 2000), le soleil y est rare et disparaît bien vite en hiver. L'amateur de bronzage intensif passera son chemin. Quant à la neige, elle est fréquente mais souvent moins massive qu'ailleurs : les fronts qui attaquent la Chartreuse ou Belledonne se calment bien souvent avant d'arriver au fond de la vallée et les retours d'Est, inversement, y sont moins denses qu'à Val d'Isère ou qu'en fond de Maurienne. Au final, on entendra rarement l'office de tourisme des APV dire qu'il est tombé 1m dans la nuit mais il y sera fréquent d'avoir des chutes raisonnables, qui tiendront dans le temps vu l'altitude de la station (1200-3200m).

La vue, quant à elle, oscillera entre le passable et l'extra-ordinaire. Si la majorité des paysages restent communs, la vue sur l'Isère et la Tarentaise depuis 1800 un jour de beau reste assez magique. Cependant, le point d'orgue est indéniablement fourni par le point de vue à l'Aiguille Rouge, qui constitue un événement à couper le souffle : au-delà de la majesté du Mont Blanc et de presque tous les sommets des Alpes françaises et italo-suisses (Cervin, Mont Rose,..), l’œil aiguisé pourra découvrir le massif Central, à plus de 300 km, pour peu que la brume se dissipe.

Un point sur les tarifs : si le forfait journalier est cher (50€ pour les APV en 2018, parmi les plus chers de France), le forfait semaine reste abordable avec des offres famille (4 personnes pour 6 jours) honnêtes (212€/personne). En plus des classiques offres à prix réduit de début et de fin de saison, un des bons plans de la station est l'offre "SamediJeSkie", qui permet de skier les samedis, comme son nom l'indique, à prix modique (dans les 30€ environ, variable en fonction de la période).

On ne pourra pas terminer ce rapport en citant bien évidemment la liaison vers la Plagne : grâce au téléphérique de Vanoise Express, accessible à Plan Peisey, la sœur jumelle des Arcs s'offre à vous. Peut-être un peu plus sage (mais ça se discute) et plus accessible que les Arcs, la présence si aisée d'une autre immense station offre à l'amateur de neige un potentiel doublé immédiatement disponible. Celui qui voudra profiter de ce domaine "Paradiski" dans son ensemble devra cependant choisir avec soin son point de villégiature aux APV : on privilégiera Peisey-Vallandry ou 1800, et on évitera Villaroger ou Bourg-St-Maurice afin d'éviter de passer la journée dans les transferts...