Avis sur Alpe du Grand Serre

L'Alpe du Grand Serre, ou La Morte pour les locaux, est une modeste station au sud de Grenoble, entre la Matheysine et le Taillefer.

Loin de l'ambiance industrielle de certaines grandes stations, l'Alpe du Grand Serre c'est avant tout un grand bol d'air frais, impression qui est décuplée par la vue imprenable sur Grenoble... et son fameux nuage de pollution ! Tout le monde (ou presque) y trouvera son compte, des débutants aux experts, des skieurs aux snowboarders (sans passer par les adeptes de snowblades, faut pas déconner), des plus petits aux plus grands ! A titre personnel, c'est ma station de prédilection pour les belles évasions loin du monde et pour débusquer de la peuf pas encore tracée même plusieurs jours après les dernières chutes de neige.

La station

L'accès à la station se fait soit par Séchilienne en une petite heure depuis Grenoble, soit depuis la Matheysine en passant par le col de Malissol. Depuis Grenoble, le principal bémol se trouve sur la route de la Romanche, sur laquelle on peut se retrouver dans le flux des touristes allant en Oisans (Alpe d'Huez-Oz-Vaujany, Les 2 Alpes, ...).

Le village de La Morte n'a pas un nom accueillant, ni très vendeur, et cela se confirme sur place. Amateurs d'architecture, passez votre chemin ! Les quelques petits immeubles n'empiètent toutefois pas sur le paysage qui reste l'attrait principal de vos pupilles (mention toute particulière à la vue sur le massif du Grand Armet, ambiance hymalayesque garantie lorsque c'est tout plâtré !). Des chalets davantage typés montagnards font face à la station, sur un versant bien ensoleillé.

Un conseil si vous n'avez pas peur d'un téléski un peu raide : préférez le départ des Cochettes, au niveau du hameau du Désert. Pas d'attente aux caisses et parking au pied de la piste.

Le prix du forfait est plus que correct (y compris pour le forfait saison !). L'enneigement est parfois un peu faible sur les sections ventées ou exposées plein sud (en fin de saison), mais la qualité du damage est largement satisfaisante pour le reste.

Le domaine

Il se décompose en deux parties principales.

Le versant "station" est le plus arboré (et le plus bas en altitude - 1400 m) avec des pistes variées pour tous. Pas ou peu de chemins, la largeur des espaces damés est suffisante pour ne pas se skier dessus. C'est ici qu'on retrouve les zones débutants, aux pieds des pistes ce qui permet de ne pas avoir à chausser les skis pour accompagner ses enfants pour leurs premières glissades. Mais ce versant orienté Nord-Est présente également des pistes plus solides permettant de peaufiner sa technique et de faire chauffer les cuisses. Si c'est la poudreuse que vous cherchez, il suffira de s'engager dans les forêts pour dénicher de la neige fraîche ou de profiter d'itinéraires évidents que vous aurez le loisir de repérer depuis les télésièges.

Un conseil, du côté des Cochettes, ne pas hésiter à explorer les sous-bois, quelques trésors s'y cachent...

Les Bergeries constituent la deuxième partie du domaine. Ici, ambiance plus aérée, avec de grands espaces blancs sur fond de ciel bleu, un poil plus exigeants pour les débutants. Peu d'arbres, quelques pins par-ci par-là. Les différents téléskis mènent tous à un col ou un sommet offrant de beaux panoramas (max 2180 m), les pistes quadrillent bien toute la cuvette offrant un ski varié, avec des mouvements de terrain, du raide, du moins raide, des virages... Ici les bords de pistes sont tous une incitation à découvrir le ski tout terrain : des champs vierges, des transferts, de petits canyons. C'est ludique, pas trop compliqué et sans risque de se perdre. Les amateurs de freeride pourront aussi prendre leur pied, moyennant un peu d'imagination et parfois quelques foulées ski au dos. (psssst! pense au triptyque Arva-Pelle-Sonde avant de sortir tes spatules au-delà des jalons)

Section freeride

Comme dit en introduction, on est ici bien loin de la foule affamée de pow que l'on retrouve aux 7 Laux pour ne citer qu'elle... Le freerideur observateur saura toujours dénicher quelques spots encore vierges, même plusieurs jours après la dernière chute de neige ! Volontairement, je ne vais pas tout vous détailler ici, car la montagne se mérite et tout reste facilement accessible. Ne pas hésiter à marcher sur les crêtes pour voir ce qu'on peut trouver derrière (jamais plus de 20-30 min). En cas de jour blanc les forêts regorgent de poudreuse et de quelques pentes soutenues, on a le choix de toutes les expositions de face pour toujours trouver de quoi se mettre sous la dent en cas de BERA prohibant une orientation de pente précise.

En seul bémol, il manque principalement des sections rocheuses à l'Alpe du Grand Serre. Pour sauter des barres et autres rocailles, se diriger du côté de l'Ollière pour skier les contrepentes du Grand Vent. Sinon, les amateurs de voltige pourront toujours se mettre de grands tirs sur les reliefs bombés qui font légion et les congères souvent présentes un peu partout !

Vous préférez le raide et les virages sautés ? Il y a un ou deux beaux et grands itinéraires accessibles par gravité (ou presque).

Minute météo

L'une des hypothèses de l'origine du nom de La Morte est qu'il serait étroitement lié aux conditions météorologiques parfois (souvent ?) coriaces. Brouillard barbare, vent et rafales bien sales, quand le temps commence à se gâter, pas la peine d'insister. Attention en cas de vent du sud, le télésiège donnant accès aux Bergeries (TS du Serriou) a sa gare d'arrivée sur un col où il n'est pas rare d'enregistrer des rafales à plus de 200 km/h ! Evidemment, dans ce cas seule une petite partie du domaine est accessible, et ça devient un peu (trop) restrictif... Par contre en cas de beau temps, attention au solarium des Bergeries !

Le mot de la fin ?

L'Alpe du Grand Serre, c'est typiquement la station agréable et abordable qu'on ne veut pas voir disparaître : on apprend à la connaître, on apprécie ses magnifiques panoramas, on y fait de sacrés hold-up (pow), on y emmène sa petite famille, on la quitte pour visiter d'autres horizons, mais on finit toujours par y revenir, pour le meilleur comme pour le pire !