Tenninkaku Onsen 天人閣 -    Urbex au Japon 🇯🇵 

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Tenninkaku Onsen 天人閣 - Urbex au Japon 🇯🇵 

exploration photographique d'un hôtel abandonné dans les montagnes d'Hokkaido.
article Urbex

Février 2023, après 2 semaines passées à explorer la région de Tohoku en mode ski (ne ratez pas notre mega dossier)  je pousse un peu plus au Nord du Japon, sur l'ile d'Hokkaido... Mon seul programme : me promener en solo complet, sac photo sur le siège passager, en comptant sur les bonnes faveurs du hasard pour me fournir la matière de quelques clichés. Hokkaido est une terre étrange, qui coche toutes les cases de mes addictions photographiques : un désert blanc présentant une alternance de cartes postales et de scènes post-apocalyptiques. De la neige et du béton. De la rouille aussi, beaucoup de rouille.

Sur la base d'informations très parcellaires, je me dirige vers une petite vallée paumée au centre de l'ile, dont la route unique se termine en cul-de-sac sur une petite station thermale oubliée, et pour l'essentiel abandonnée. Je n'ai aucune idée alors de ce qui m'attend, n'ayant rien trouvé d'autre en ligne qu'une photo de façade d'un hôtel fermé depuis quelques années. Rien ne dit qu'il y aura plus à voir, ni même que la route ne sera pas finalement fermée, mais je n'ai pas besoin de plus pour prendre le volant ce jour là.

Arrivée à Tenninkyo

Je me gare, il y a une seule autre voiture sur le parking : des promeneurs venus voir la cascade qui fait la renommée de ces gorges. L'ambiance est grise, il neigeotte. Parfait.

Des 4 hôtels historiques qui avaient élu domicile en ce haut de vallée, seul un est encore en activité. Le plus grand et le plus ancien, le Tenninkaku, est fermé depuis 2018. Les 2 ponts d'accès, enjambant la rivière, sont ce jour recouverts de plus de 2 mètres de neige. La traversée est déjà une aventure en soi, aucune idée de ce qu'il y a sous mes pieds... Ambiance. La règle : rester bien au centre, pas le moment d'aller tester la résistance des corniches...

Ajoutez des photos (2020px)

L'hôtel est fermé depuis 2018, soit 5 ans au moment de mon exploration. Toutes les entrées sont condamnées par des planches, je me contente de quelques photos d'extérieur avant d'aller me balader quelques heures dans les photogéniques gorges situées dans la continuité du bâtiment.  Je passe à autre chose.


Sur le chemin du retour, je passe néanmoins devant ce qui semble être une annexe, sans doute destinée à l'hébergement des employées, évidemment à l'abandon. Mais en haut de l'escalier de secours, à la merci des tonnes de neige amassées sur le toit, la porte semble ouverte aux quatre vents... Tout juste me dis-je en montant les quelques marches que ce serait quand même une conclusion assez baroque si la neige décidait de se décrocher à cet instant. Pas malin le gaijin, mais la tentation est trop grande, d'autant que les marches enfouies sous la neige me confirment que personne n'est passé récemment par là. J'aime autant me savoir seul, la perspective de tomber sur un vieil ermite fou et son katana ne me réjouissant pas plus que ça.

Ajoutez des photos (2020px)

Bingo, l'accès est totalement libre, même pas de porte à pousser.  Je viens de trouver mon entrée dans l'hôtel, auquel ce bâtiment est relié par un tunnel extérieur. La journée bascule en mode Urbex, pour la deuxième fois en l'espace de quelques jours (lire notre article sur les stations de ski abandonnées dans le Tohoku)

J'insiste sur la façon dont cette exploration a débuté car j'ai conscience des problèmes que peut poser la mode de l'urbex ici au Japon (les autorités commencent d'ailleurs à se montrer beaucoup moins tolérantes). Mon exploration, improvisée, s'est faite dans le plus grand respect des lieux. Ne rien toucher, ne rien emporter.

Ajoutez des photos (2020px)

Les dégradations indiquent pourtant qu'il y a eu du passage, et de la casse, ce qui est presque étonnant si on considère l'habituel respect des japonais pour les lieux abandonnés, et le fait que l'hôtel ne soit pas fermé depuis si longtemps. Même ici, les généralités restent des généralités, les exceptions la règle.

Ajoutez des photos (2020px)

Ma lecture de blogs japonais (ils sont nombreux sur le thème des hôtels Onsen) et d'archives de presse locale m'a vite appris que l'âge d'or du Tenninkaku s'était achevé bien avant sa fermeture. L'hôtel est daté, les installations accusent leur age, le tout dans un contexte économique et démographique particulièrement difficile au Japon... Une première fois en 2010, puis en 2016 la route d'accès est emportée par des pluies diluviennes, forçant l'hôtel à de longues fermetures. Le Tenninkaku ne s'en remettra pas, et n'attendra même pas le coup de grace du Covid pour mettre la clé sous la porte en 2018, accablé par les embrouilles financières du groupe dont il dépend désormais. 

Le Tenninkaku est un grand hôtel composé de plusieurs bâtiments, qui accueillait 99 chambres. Je prend du temps à arpenter les couloirs, poussant les portes de quelques chambres, non sans m'assurer de ne pas m'y retrouver enfermé. La base. Certaines chambres, couettes étendues sur les lits, semblent presque occupées, tant rien n'a bougé en 5 années. Tout juste la neige déposée au travers d'une fenêtre cassée signale qu'aucun client n'est attendu pour ce soir.


♨️

Il ne me reste plus qu'à trouver la direction du Onsen, objectif incontournable de toute exploration au Japon...


Suivant les panneaux dans un dédale de couloirs, j'atteint une première salle, constituée de plusieurs bassins. Il s'agit a priori du Onsen des dames, dont le vestiaire semble plus que jamais figé dans le temps, le sèche-cheveux encore dans la prise. C'est un de mes clichés préférés ce jour là.

Puis je vois la mention d’une autre salle, que je finis par rejoindre alors que le sol du couloir se recouvre étrangement d'une épaisse couche de glace. La vision est surréaliste. Directement accolé à la falaise, ce onsen intérieur avait comme caractéristique d'être baigné en permanence par les ruissellements naturels le long de sa paroi rocheuse. Mais il n'avait à l’évidence pas été conçu pour hiverner sans l’apport constant de la chaleur des eaux thermales. Le robinet des bassins ayant été fermé, la nature a repris ses droits, et les cascades de glace ont envahi les lieux, accélérant de façon spectaculaire la dégradation de la structure.


Je ne m’attarde pas trop longtemps dans ce chaos, la structure ne tiendra sans doute pas bien longtemps encore. Je fais de mon mieux en photo, dans une forme de précipitation, destinée à éviter autant que faire se peut la page des faits divers du journal local.

Salle de jeu et boutique

Sur le retour, je croise la boutique de souvenirs et la salle de jeu. Les monnayeurs ont fait les frais de vandales qui oui, existent aussi au Japon, aussi rares fussent-ils. Il y a fort à parier que l'hôtel avait fermé sans même prendre la peine de les vider, pensant sans doute pouvoir ouvrir de nouveau quelques mois plus tard. Les décisions ne sont pas toujours claires et annoncées...

Au total, je reste tout juste un peu plus d'une heure à l'intérieur. Avec le recul, je peux regretter de ne pas avoir poussé plus avant l'exploration, de ne pas avoir d'avantage soigné certains clichés. Mais il ne faut pas sous-estimer le coté anxiogène d'être seul dans un tel bâtiment, dans un tel environnement. 

Je repars sans avoir déplacé ni empoché le moindre objet, c'est la règle. Les souvenirs sont dans la tête et les cartes mémoire. 

Epilogue - février 2024, un an après

Mais mais mais... pourquoi tant de détails alors que les règles de l'Urbex imposent la plus grande discrétion? Et bien tout simplement parce que parfois les Haikyo (terme japonais désignant les bâtiments abandonnés) changent de statut : soit par leur réhabilitation, soit par leur destruction. Un an après cette exploration, alors que je passe non loin de là, je décide de faire un crochet pour saluer les lieux. Pas pour les explorer de nouveau, mais juste pour garder le contact et aller au delà de la visite unique.

Surprise, la façade est partiellement recouverte d'échafaudages, des préfabriqués semblent abriter de nombreux ouvriers : le site serait-il en train d'être réhabilité?

Non, une discussion rapide avec les ouvriers nous apprend que l'ensemble des bâtiments est en cours de destruction : 1,7 milliard de yens (soit une dizaine de millions d'euros) ont été debloqués par le gouvernement local pour rendre le point d'entrée de ces magnifiques gorges à leur état naturel. C'est une première étape pour redynamiser le tourisme local, alors qu'il ne restera à Tenninkyo q'un seul (petit) hôtel, en parfait état lui, encore exploité à ce jour. Je compte bien y séjourner lors de mon prochain passage, avec l'espoir d'approfondir ma connaissance des lieux, clichés en poche.

l'histoire du Tenninkaku, telle qu'affichée dans une mini exposition croisée lors de mon exploration.

Ajoutez des photos (2020px)

Pincement au coeur : ce sont bien les derniers instants  du Tenninkaku Onsen, qui avait été créé en 1900, que j'avais documenté cette journée de février 2023. Je prolonge ce travail documentaire à mon retour, tirant sur des fils de plus en plus nombreux qui me permettent de mieux comprendre les lieux, photos d'archive à l'appui.

Mes photos prises un an plus tôt (à 3 jours près) prennent soudain une autre saveur. Il n'y en aura pas d'autres, je n'en connais pas d'autres qui auraient été publiées (malgré d'intenses recherches aux quatre coins de l'interweb). 

J'étais venu dire bonjour, ce seront finalement des adieux. 

Tirages

je propose une sélection des clichés de cette incroyable exploration en tirages sur papier collection, en édition strictement limitée à 30 exemplaires, tous formats confondus. A retrouver sur www.guillaumelahure.com

 A partir de 49€ seulement le tirage nu à encadrer. Merci d'avance du soutien !

Ajoutez des photos (2020px)

Bonus

Au fil de mes recherches documentaires, j'ai récupéré de nombreux clichés d'archive, sur des blogs japonais mais aussi sur des plateformes de réservations sur lesquelles le Tenninkaku était encore référencé jusqu'il y a peu. La comparaison avec mes photos de 2023 est saisissante. Ces clichés s'étalent sur une période allant de 2005 à 2018.

Ajoutez des photos (2020px)
Staff
G
Texte, Photos Guillaume Lahure
fondateur de skipass.com | inventeur du slogan In Tartiflette We Trust, ce qui avouons le pose un homme | 📷 Photographe de choses neigeuses et rouillées, du Vercors au Japon et entre les deux.

2 Commentaires

Thoams Superbe. Ils sont sympas tes reportages Urbex montagne! Petite dédicace à la chambre d'hotel qui n'a pas bougé en presque 20 ans... Juste les lits défaits entre les deux photos, incroyable.
G merci! j'en ai encore "quelques uns" sur le disque, à venir bientôt :)
 

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