Interview Tom Wallisch

La stature de favori du voltigeur américain dans le slopestyle des X Games s'est trouvée bien écornée par un hiver en demie-teinte, marqué par une blessure en décembre. Propre et combatif, Tom Wallisch n'aura pas réussi cette année, aux X Games de Tignes, à contenir la puissance de feu et l'inventivité d'un podium dont il ne fait pas partie. Visiblement déçu après la finale du slopestyle, Tom a pris le temps, avec son professionnalisme et sa disponibilité habituelles, pour faire le point sur cette saison qui s'achève par une maigre cinquième place aux X Games de Tignes.

-Alors Tom, on imagine que tu es déçu ? 

-Oui, j'aurais pu être plus technique sur les rails, j'aurais pu mieux skier, mais je suis content de la journée. La compétition s'est jouée sur les meilleurs runs et pas seulement sur le fait d'être capable de passer les sauts. Je suis content. 

-Qu'est ce qui te manquait pour accéder au podium ?

-Je crois que sur un slopestyle comme celui-là, où il y a beaucoup d'options sur les rails, je n'ai pas réussi à trouver une ligne qui me permette de mettre en valeur ces qualités techniques. J'étais un peu simple sur les derniers rails. Ca fait trois ou quatre ans que je viens ici, les rails et les tables ne changent pas vraiment, je me sens limité car je ne peux pas refaire les mêmes tricks que l'année dernière, c'était un peu dur pour moi. 

-Comment McRae Williams a-t-il pris la première place ?

-Aujourd'hui, tout s'est joué sur les rails. Gus et Jossi ont fait trois doubles, mais McRae a posé les tricks les plus techniques sur les rails avec par exemple un nose butter 450 au sommet. Il est nouveau sur la scène, met du switch, des tricks que les juges ne voient pas souvent. Il a été récompensé pour ce style frais. Les sauts et les rails étaient vraiment smooth, bien amenés. C'était neuf à regarder ! 

Dans la tente au départ du slopestyle des X Games Tignes (photo : Pierre Morel)

-Comment s'est déroulé ton hiver ?

-Mon hiver a été plutôt bien, à part des ligaments déchirés en décembre au Grand Prix de Copper, une blessure qui m'a vraiment ralenti. J'ai participé aux XGames d'Aspen sans pouvoir m'engager vraiment, j'ai du prendre 6 semaines de repos ensuite. C'était un hiver en dent de scie, mais j'ai filmé beaucoup, de l'urban pour un projet solo. Après une longue année de compétition, j'avais envie de faire autre chose, passer du temps à filmer avant la folie olympique de l'année prochaine. Je mets beaucoup d'énergie là-dedans. 

-Comment te prépares-tu pour les JO ?

-Juste skier le plus possible. Cet été et cet automne, je vais probablement skier beaucoup plus que ces dernières années, en passant du temps à Mt Hood, en Nouvelle-Zélande, pour travailler sur les tricks, des nouvelles choses pour la saison de compétition. 

-Tu es toujours aussi compétitif ?

-Yeaaah, I guess so, j'ai toujours été compétiteur, mais voyager d'event en event, avoir du mauvais temps comme hier (lors des qualifications du slopestyle) qui empêche de bons skieurs d'être en finales… c'est frustrant et après des années à faire cela, je fatigue. Avec une nouvelle épreuve comme les JO, c'est excitant et me redonne envie de travailler ! C'est un nouveau challenge que j'attends impatiemment !

-Comment vois-tu la nouvelle scène freestyle émergente ?

-Il y a tant de nouveaux gamins qui arrivent !  Quand tu es jeune, tu es plus solide déjà et puis ces gamins peuvent voir les rails que nous faisons depuis des années, ils connaissent les tricks à  maitriser pour participer aux contests, ils les apprennent tout de suite, il bossent les double corks sans attendre, c'est dingue à regarder. Ils ont vraiment faim ! 

-Quel âge as-tu ? 

-J'ai 25 ans, ce n'est pas vieux en soi mais ça commence à faire vis-à-vis de gamins comme Goepper ou Torin, des kids qui ne cassent pas leurs os, alors que moi je peux me casser si je tombe !

-Quelles sont les prochaines étapes pour toi ?

-Je vais continuer à apprendre de nouvelles choses et rester compétiteur pour au moins un ou deux ans et ensuite je vais faire une transition vers des projets de films cool, dans le backcountry, de l'héliski, en gros commencer une carrière de long terme où je n'ai pas à sauter des tables de 20 mètres avec réception sur le plat tous les jours, où je ne suis pas obligé d'apprendre un nouveau trick chaque jour pour ne pas être distancé. Et surtout, have fun !