Red Bull Cold Rush 2012

Silverton Mountain, niché à près de 3000 m d’altitude, déroule un terrain parmi les plus raides, hauts et effrayants de l’Amérique du Nord... (à part l'Alaska bien sûr). Pendant trois jours, 23 skieurs se sont retrouvés dans cette petite ville du Colorado, au nord des San Juan Mountains pour se disputer le titre de “best all-around skier in the world”. Un Linecatcher à la sauce américaine : bien plus épaisse et avec plus d'hélicos.

Le lineup est alléchant, avec d’abord les star de TGR (Sage Cattabriga-Alosa, Dash Longe, Kye Peterson, Wiley Miller, Tim Durtschi et Rachael Burks), les cadors de  Matchstick (Sean Pettit, Richard Permin et Michelle Parker) et les kings de Poor Boyz (Dane Tudor et Pep Fujas). La population de Silverton, qui affiche normalement 638 habitants se retrouve soudain avec une proportion d’excellents skieurs bien supérieure à n’importe quelle ville de montagne, des skieurs logés dans le plus que centenaire Grand Imperial Hotel pour disputer le Red Bull Cold Rush. 

“C’est ma cinquième édition,” explique Sean Pettit qui l’a remportée deux fois, “et j’ai tant de raisons de revenir : skier avec mes potes est le plus gros bonus. Ils sont tous bien occupé tout l’hiver et le Cold Rush est le seul évènement qui nous rassemble tous pendant quelques jours de ski ensemble. La façon dont la compétition est organisée est géniale, c’est tout ce que je recherche quand je cours ou quand je filme, et tout cela rassemblé dans une seule compétition. C’est juste parfait !».

Pep Fujas

La compétition s’est jouée sur deux journées : big-mountain day et slopestyle day. Le premier jour, une avalanche a coupé la face en deux, déposant une tonne de débris et provoquant un peu de nervosité chez les athlètes quand ils sont venus inspecter la face. 

«En voyant ça, une avalanche aussi grosse sur la face que j'ai prévu de skier, normalement, je fais demi-tour et je rentre à la maison», explique Lexi Dupont. Il est vrai que les avalanches ont été, cette saison, un souci constant dans toute l’Amérique du Nord, la faute à un manteau neigeux très instable. Et de nombreux accidents tragiques sont venus émailler cet hiver. Finalement, Sage Cattabriga-Alosa, Pep Fujas et Dave Treadway montent dans l’hélico pour aller voir tout cela de plus près. «Quand j’ai vu les traces de l’avalanche, je me suis dit : «dégage», parce que je pensais qu’elle s’était déclenchée naturellement», explique Dave Treadway, vainqueur de la journée de big-mountain l’année dernière. «En fait j’ai appris qu’elle avait été déclenchée volontairement, ce qui m'a rassuré. Nous avons fait un run de vérification et j’ai constaté que la neige était solide».

Sean Pettit

C’est parti, les hélicoptères emportent les skieurs sur le sommet aiguisé et la compétition démarre. Dane Tudor, un gars discret et tranquille, se transforme sur la neige, et il nous offre une ligne folle et engagée avec quelques airs dans un couloir nommé Pequeño 1, avant de traverser une zone appelée “The Hour Glass.” Sans hésiter, Tudor a envoyé son traditionnel jump de 8 mètres et a terminé avec de grands virages. Il avait donné le ton pour le reste de la journée. 

Sage Cattabriga-Alosa (photo de droite) a skié une ligne joueuse et agressive, comme il en a l’habitude dans ses faces d’Alaska tandis qu’Andy Mahre navigue avec aisance une zone rocheuse qui n’avait jamais été skiée auparavant. Le jeune Logan Pehota (16 ans) s’est montré très créatif autour d’une spine alors que Dash Longe a choisi une belle grosse ligne qui lui offre la première place du jour. Ce sont les 22 autres skieurs qui ont voté pour cette place, placant Dane Tudor et Andy Mahre en seconde et troisième position. 

Chez les femmes, Rachael Burks a envoyé un gros air sur son premier run puis se bat pour rester sur ses jambes... avant de finalement tomber. Avec son second run, elle décroche la première place et l'emporte pour cette journée. C’en est terminé de ce premier jour du Cold Rush et après avoir soigneusement travaillé à leur gueule de bois toute la soirée, les skieurs reprennent le lendemain matin la direction de la face pour la journée slopestyle. Tout comme l’année dernière, le magicien Pep Fujas a crée un parcours étonnant avec des hips, des step-up et des step-down ainsi qu’un rail sur la partie supérieure du slopestyle. 

«J’étais vraiment nerveux pour cette journée de slopestyle», explique Collin Collins, «Pep et son équipe ont monté le niveau d’un cran cette année avec leur parcours. Il y a des grands sauts et le module de rail fait peur. mais après les speed checks, on a pu se lancer et je suis vraiment content du résultat !». 

Bien sûr la journée a connu un grand nombre de crashs parce que les skieurs poussaient loin, quelques skieurs ont réussi leurs lignes. La plus technique revient sans contest à Dane Tudor qui a envoyé un 720 sur la corniche pour ensuite balancer un switch 540 sur le dernier kicker qui affichait une bonne vingtaine de mètres. Wylie Miller fut sans conteste le plus stylé de la journée, avec un nose butter to 720 très poppy sur la corniche. Sean Pettit a, comme à son habitude, pris l’énorme kicker plus haut que tous les autres avec un switch 540 de plus de 30 mètres. Pep Fujas a mis aussi la main à la pâte en signant deux runs. Il est second derrière Dane Tudor et c’est Wiley Miller qui complète le podium. Chez les filles, Rachael Burks rate son premier run sur l’énorme kicker et, tout comme la veille, pète le score avec son deuxième pour l’emporter. 

Le troisième jour est annulé à cause d’une avalanche sur la zone de course (encore) et après une belle journée de freeride, tous les participants se retrouvent devant les vidéos des runs pour couronner Dane Tudor et Rachael Burks vainqueur du Red Bull Cold Rush 2012 ! Ensuite, c’est le cover band Metal Gods qui a pris les choses en main en faisant trembler les murs ancestraux du Grand Imperial Hotel.