Sous nos pieds, les skis s'adaptent tranquillement à la nouvelle donne. Les skis de l'hiver 2013 jouent la carte du "changement dans la continuité", une formule qui colle bien à la période pré-électorale. Le rocker continue à se répandre et les marques investissent le freerando pour trouver un relais de croissance dans ce marché qui n'est pas au beau fixe.

Depuis deux ans, le rocker s'installe largement dans les gammes, se diffusant dans des niveaux de pratique et des cibles inattendues (comme le ski de piste pour skieur moyen). L'année dernière, les concepteurs commençaient à bien connaitre ce satané rocker, à aimer tous ses avantages, à apprendre à éviter ses écueils (la spatule inerte) et se sont mis à jouer avec les profils dans une floraison de créativité qui a bouleversé nos habitudes et nos automatismes. La collection 2013 ne fait que le confirmer : le rocker est devenu un standard, un acquis. On ne dit plus d'un ski qu'il a un rocker, c'est devenu évident. D'ailleurs les argumentaires des marques ne commencent plus par ce mot magique (photo de gauche : deux profils de rocker chez Rossignol : le S7 -net- et le nouveau Squad 7 -flou-).

Les deux skis aux géométries innovantes de l'année dernière restent les mêmes : le BBR de Salomon et le Shiro de Völkl... auxquels on pourrait ajouter le Punisher de Scott, car ses lignes de cotes droites sous les pieds pourraient bien ouvrir de nouvelles sensations dans le pilotage du ski. Je complèterais volontiers avec le D2 de Dupraz (vainqueur d'un ISPO award de l'innovation) s'il n'était pas aussi exclusif (la spatule affiche quand même 170 mm de large !). Ce ski, comme le Punisher, se pilote littéralement les mains dans les poches, et déploie une puissance énorme par rapport à l'effort fourni par le skieur. Il faut juste - et ce n'est pas évident - oublier sa technique "appui languette" pour bien profiter de ces skis. Est-ce que ce seront les skis de demain : ultra-faciles à piloter et performants ? 

Le segment freerando (pouvoir monter en rando sans sacrifier la performance et le plaisir à la descente) est sans conteste la grande tendance de l'hiver 2013. Les marques ont l'habitude maintenant de proposer les modèles la gamme freeride dans une version allégée aux mêmes lignes de cotes. Seule la construction change pour gagner les précieux grammes qui permettent de monter plus vite sans trop perdre en rendement à la descente. C'est le cas par exemple chez Blizzard, Fischer, Elan ou Dynastar. Les gammes rando continuent de s'étendre avec l'ajout d'un nouveau modèle chez Atomic, Scott ou Movement.

Du côté des chaussures, de plus nombreuses marques proposent un modèles freerando avec collier débrayable pour la marche, une semelle grip et de la performance en terme de tenue et de rigidité de flex. Signe des temps : Fischer, Atomic ou Lange, trois marques dont le patrimoine génétique est marqué de l'emblème du piquet et du chrono, proposent chacune un modèle freerando avec toutes les options. Même Movement, la petite marque suisse, propose une première gamme de chaussures plutôt réussies. On note aussi un véritable effort sur la qualité de construction du chausson : mousses et matières adaptées aux différentes zones du pied (comme sur la Pursuit 110 chez Rossignol), articulation pour aider à la marche (chez Tecnica ou Fischer). Le chausson étant un élément essentiel pour un bon fit. 

La XT de Lange.

Les fixations prennent elles aussi la direction du multiusage freerando. Le brevet de la célèbre fixation deux points de Dynafit étant tombé dans le domaine public (sauf en Autriche), on voit éclore de multiples copies (dont une chez Look) et les inserts correspondant au bout des semelles. La Duke de Marker (la référence du genre) s'élargi pour mieux se marier aux largeurs des skis freeride. Salomon (et Atomic, deux marques du groupe Amer) a conçu la Guardian sur le même principe avec deux différences principales par rapport à la Duke : la chaussure est plus proche du ski et la fixation se verrouille d'un clic sans avoir à déchausser pour passer du mode marche au mode ski. 

La Guardian de Salomon.

Enfin, les fabricants continuent à chercher comment rendre un ski bio, autrement dit recyclable et recyclé. Ce n'est pas nouveau, les spin doctors de la glisse avaient bien tenté de nous faire avaler leurs couleuvres vertes à base - par exemple - de fibre de chanvre remplaçant la fibre de verre. Question : "elle est collée comment votre fibre de chanvre ?". Réponse : "ah ben comme la fibre de verre, elle est noyée dans de la résine". Retour à la case départ. Cette année cependant, quelques pistes plus sérieuses semblent pouvoir changer la donne : la fixation Look XT et le noyau en PET recyclé et fibre de lin développé par des ingénieurs suisses. Nous avons également repéré chez Idris (un artisan chamoniard) et Whitedot une fibre appelée Flax (100% végétale) pouvant être utilisée avec de la résine bio.

Noyau en PET recyclé avec stringers de fibre de lin utilisé par Movement, Amplid et Faction. Black Crows utilise le lin pour ses nouveaux bâtons.

Signe du changement d'époque, des gammes disparaissent : Grandsport chez Nordica, Peak chez Head, Zenith chez Rossignol, Legend chez Dynastar (qui avait déjà stoppé Trouble il y a deux ans). Et puis les skis juniors se font plaisir avec des shapes réservés jusque-là aux grands : larges, rocker, bispatulés. On peut les trouver chez Armada, 4Front ou Scott (et certains ont même un vrai noyau bois).

2013 sera donc rocker et freerando... qui aurait parié il y a seulement 5 ans sur ces deux tendances qui, dans le contexte morose du marché du ski, mobilisent les énergies créatrices et ouvrent de nouvelles possibilités aux skieurs ?

Retrouvez toutes les nouveautés 2013, marque par marque :

Salomon

Scott

Völkl et Marker

K2

Dynastar et Lange

Elan et Dalbello

Rossignol

Movement

Nordica

Fischer

Atomic

Black Crows

Black Diamond

Blizzard

Head

Apo

Faction

Moment

Amplid

Zag

Icelantic

Kästle

Majesty

Line

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