Avec les D2, dévoilés sur skipass en exclusivité, Serge Dupraz - shaper de planches à voiles puis de snowboards - transpose ses principes développés depuis les années 80 sur deux planches.
Avec les D2, dévoilés sur skipass en exclusivité, Serge Dupraz - shaper de planches à voiles puis de snowboards - transpose ses principes développés depuis les années 80 sur deux planches. Les prototypes définitifs viennent d'être validés alors en attendant de monter sur la neige avec les D2 aux pieds, Serge nous a confié quelques photos de la bête et une interview (en voiture).
-Tu as succombé à la mode Serge ?
-(rires) La vraie histoire, c'est que je voulais lancer les skis bien avant mais je n'avais pas d'usine capable de produire de la qualité. Déjà en 1988 j'y avais pensé. C'était l'hiver qui a suivi l'arrivée des engins de carving chez Hot, on carvait en Vitelli Turn comme des brutes épaisses... bien plus que les skieurs ! J'avais dit : il faut faire des skis plus creusés. Quand je suis revenu avec les snowboards D1 en 2003, je savais qu'il y avait une déclinaison possible en skis. Les grands principes sont les mêmes, que tu aies une ou deux planches, notamment le nose pointu qui déjauge et te donne de la maniabilité. Comme sur mes snowboards, j'ai un puissant rocker (avant que ce ne soit la mode d'ailleurs !) et un cambre quasiment plat avec 2 mm seulement. Je fais des engins de glisse depuis 1980, je suis un shaper professionnel à la base, quelqu'un qui taille la matière, j'ai une approche originale avec des sensations très "aquatiques" sur mes snowboards, ce que je voulais retrouver avec les D2.
-Quelles sensations tu veux donner avec ces skis ?
-Je voulais avoir des engins très performants en neige profonde (comme pour le snowboard), avec une accélération très forte qui permette de tailler de belles conduites coupées... malgré un look qui fait penser à des engins exclusivement réservés à la poudreuse. Ca va bousculer les shapes habituels ! Il y aura deux tailles avec des largeurs différentes, un modèle freeride et un modèle plus lambda. Il existera en deux longueurs, les cotes (sur le plus petit) seront de : 171 cm de long, 105 mm de largeur sous le pied (150 mm de large en patule et 130 mm en talon).
-Et la construction ?
-C'est une construction classique, mes innovations ne sont pas dans la construction mais dans la géométrie. C'est de l'éprouvé, du traditionnel et qui dure longtemps, il n'y a pas de poudre de perlimpinpin dedans !
-Pourquoi tu ne l'as-tu pas fait avant ?
-C'aurait été trop tôt. Je n'aurais pas été crédible, je n'aurais pas pu faire la trace vers le grand public tout seul. Alors quand j'ai vu passer chez les marques des modèles qui s'inspirent puissamment de ce que je dis depuis des années, j'ai senti que c'était le bon moment. En plus, depuis l'hiver dernier, j'ai un producteur qui sait faire des skis de qualité, une usine abandonnée par Burton quand la marque est partie en Chine.
Le snowboard est devenu très "skate à la neige", je ne m'y retrouve plus quand j'ai lancé la D1, j'ai passé l'âge, je ne suis pas d'une culture skate, je suis de l'eau, je faisais des planches sur mesure. Avec la D1, je voulais retrouver le plaisir de la courbe avec de la performance quelles que soient les conditions de neige. C'est le moment d'y aller en poussant mon concept à fond... sur des skis.
-Comment vois-tu le marché du ski ?
-Pour les skis, je n'aurais pas les problèmes que j'ai eu en snowboard avec un marché aux codes de comportement d'achat très fashion. L'acheteur de ski vient d'origines et d'identités plus variés que l'acheteur-type de snowboard. J'ai de grands espoirs sur le fait que les skieurs seront moins marketés et influencés par les grandes marques. Quand je suis arrivé dans le snowboard, j'étais un OVNI, maintenant on se rend compte que ce que je disais a du sens.