Talentueux mélangeur de freestyle et de freeride, Kevin entre sur le Freeride World Tour l'hiver prochain. Avec nous, il revient sur sa saison. Celle de tous les débuts ?
Nous gardions un oeil sur ce skieur, comme le lait sur le feu (ou comme un coping au soleil). Talentueux mélangeur de freestyle et de freeride, il ne manquait à Kevin que la validation de la compétition. C'est chose faite avec sa qualification assurée pour le Freeride World Tour de l'hiver prochain, dont le skieur des Menuires a emprunté la rampe d'accès - le circuit Freeride World Qualifier - à toute vitesse, sans frémir des spatules. En cette liquide fin d'hiver, tout juste remis du Full Metal Contest, Kevin revient sur sa saison... Celle de tous les débuts ?
-Tu es donc certain d'être qualifié pour le FWT 2012, par contre tu ne connais pas ton classement final ?
-Non car il reste une course en Norvège fin avril. Pour le moment je suis premier et dans tous les cas je suis assuré de passer au FWQ, au pire des cas je serai 3ème du FWQ 2011. En début de saison, j'étais parti sans ambitions particulières, je voulais gagner en expérience et courir autant de compétitions freeride que freestyle. Je n'aurais jamais pensé me qualifier sur le FWT ! Finalement je n'ai pris le départ que d'une seule compétition freestyle, le FrostGun à Val-Thorens. Et puis après la victoire en Autriche à Hochfugen (voir sa caméra embarquée en bas) je me suis dit que j'avais quelque chose à jouer, après tout je venais de battre des skieurs du FWT comme Stefan Hausl et Samuel Anthamatten ! J'ai eu une pause dans les compétitions et j'en ai profité pour m'entraîner chez moi sur la visualisation des lignes, ne pas se perdre, rester fluide, c'est surtout ça qui paie sur les courses : avoir une ligne difficile sans marquer d'arrêt.
-D'ailleurs le jugement sur la fluidité a été bien discuté sur le FWT cet hiver ?
-Oui, beaucoup de skieurs tombaient dans leur ligne en réception de barre mais restaient devant au classement, alors que d'autres riders, avec des lignes correctes mais lentes, étaient derrière. Reine Barkered à Verbier a fait une belle ligne mais il est tombé à la fin, pourtant il est resté deuxième du classement jusqu'à ce que Jérémy Prévost court. C'était pareil dans les épreuves du FWQ : il vaut mieux prendre le risque de tomber plutôt qu'assurer une ligne fluide où tu t'arrêtes un peu. Alors que normalement si tu tombes tu es au fond du classement ! Je pense que le jugement veut nous inciter à engager un peu plus sur les sauts, envoyer des tricks, ça va apporter un peu plus de spectacle dans le sport.
-Justement, tu acceptes le côté aléatoire du jugement ?
-Dans un sport de jugement, il faut montrer de quoi tu es capable, marquer le coup quand tu descends et si tu marques le coup, ça paie. Il faut se différencier, trouver une ligne totalement différente des autres, montrer ton style de ski.
-Qu'as-tu appris cet hiver sur le FWQ ?
-J'ai appris le choix de la ligne, savoir s'il faut vraiment y aller, avoir plusieurs options à chaque fois, c'est pas pour rien que les vieux sont encore là, ils ont cette expérience. Les jeunes, nous, on a la fougue, faut pas être trop fous... enfin être fous tout en ayant du contrôle ! En deux ans, par exemple, j'ai vu la progression de Jérémy Prévost. Au début, il débranchait le cerveau, ça passait ou ça cassait et il a vraiment progressé à ce niveau là : il engage mais il ne chute pas beaucoup, il ne va pas au-dessus de ses capacités.
-Tu as l'esprit de compétition ?
-Oui, je l'ai toujours eu en alpin et je l'ai retrouvé dans le freeride. Quand je suis au départ, j'aime bien avoir la pression. Quand je me lance, il n'y a plus rien autour. Prévost s'entraine à ne faire que ça en début de saison. Et puis la concentration, notamment dans le repérage de lignes, est importante. Quand tu es en bas aux jumelles, tu penses qu'entre chaque portion de cailloux il y a de la place, en fait c'est étroit quand tu es dedans ! Ensuite je dois retrouver les pierres, mes points de repère, je les fixe et je passe de l'un à l'autre, comme dans les jeux où tu relies les points pour faire un dessin.
-Tu as ouvert l'XTrem de Verbier, c'était un bon souvenir ?
-C'était la méga pression ! Il ne fallait pas tomber, il y avait du monde qui regardait, c'était vraiment raide, le départ ne fait pas rire. Du coup l'an prochain je connaitrai la face, à l'inverse de Matti Imbert qui s'est lancé dedans sans la connaitre cette année. C'est impressionnant la première fois mais une fois dedans, ça va mieux, les récep sont un peu plus faciles à plaquer dans le raide, les cailloux sont plus évidents et puis tu vois tout d'en haut jusqu'en bas.
-Tu viens de l'alpin...
-J'étais au ski club des Menuires, je suis monté jusqu'en deuxième année FIS et j'ai tout stoppé en fin de saison du jour au lendemain, j'avais pris goût à d'autres disciplines du ski. L'hiver suivant je suis parti dans le freestyle (on a arrêté la même saison avec Jérémy Prévost sauf que lui est parti dans le freeride) et mon meilleur résultat est une troisième place au général dans le SFR Tour en 2009. Et puis l'an dernier j'ai participé à ma première compétition de freeride en Slovaquie qui avait bien marché, j'avais découvert une ambiance qui me plaisait bien mieux qu'en freestyle.
-Freestyle et freeride, tu choisis ?
-A mon avis ça apporte beaucoup de faire les deux, il ne faut pas se renfermer sur une seule discipline. Il manque cette ouverture à quelques freeriders, ça ne peut apporter que du bon. L'alpin m'apporte toute la technique en ski dans le freeride et quand tu es en vol sur une barre, le freestyle m'aide à me sentir bien en l'air. J'ai eu la chance (comme Jérémy Prévost) d'avoir eu ces deux bagages, alpin et freestyle, le freeride étant pour moi la combinaison des deux.
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