Patrick Vuagnat est un skieur-voyageur. Désespéré par la finesse du manteau neigeux en Europe, où il défrichait pour skipass des stations inconnues dont le potentiel est énorme, il a décidé de partir au Canada...
"Ce trip est né de la simple constatation que l’Amérique du Nord réalise le hold-up de l’hiver. Canada et Etats-Unis amassent un butin neigeux démesuré alors que la pauvre Europe se serre la ceinture au cours d’un hiver de disette. Je suis donc allé me faire justice. Rétablir un peu d’équité, toute relative, en emmagasinant un maximum de dénivelé poudreux sous les spatules. A défaut de pouvoir en ramener à la maison, j’ai rapporté des clichés bien frais.
Un bon deal sur des billets et quatre jours plus tard je me retrouve à siroter un verre de Jack D sur un vol Genève/Vancouver. Une voiture de location, dix jours sur place pour mener à bien ma mission, je contacte des photographes locaux et le tour est presque joué. Go Canada !
Arrivé sans encombres avec mes bagages, pour une fois, ça commence bien, je retrouve mon crew et on monte direct à Whistler où un pote nous accueille à bras ouverts. Crevés, on tombe comme des arbres sous la coupe du bûcheron, "timber !"
Le lendemain, c’est réveil matinal et soleil radieux. Je retrouve Guillaume Le Guillou, photographe français en exil au pays de la neige depuis déjà trois semaines. On passe la journée à se faire guider sur le domaine de Whistler. Bonne mise en jambe qui aura pour vocation de me dégriser du jetlag : -20°C dans la face, ça picote et çà remet les pendules à l’heure.
Le terrain, du fait de la fréquentation assidue des locaux, reste d’un intérêt restreint en ce qui concerne l’objectif clairement annoncé de s’en mettre par-dessus la tête. En plus, les arbres y sont aussi velus et pénétrables que les premiers rangs à un concert de métal. Ajouter à cela un prix de forfait journée aberrant (105 CAN$) : on va devoir adapter notre feuille de route ! Il faut savoir que les shoots estampillés Whistler BC (Whistler Bourrage de Crâne ?) ne sont pas à Whistler mais dans le BC justement. Le Back Country, ce pays merveilleux qui se paye en dollars ou en sueur, motoneige ou peau de phoque.
Le jour suivant, on s’éloigne donc d’une heure de voiture jusqu’à Duffy Lake pour, carte topo en main, randonner les faces qui bordent la route. Forêts magnifiques, arbres à barbe, accumulations de neige énormes, lignes sans fin, c’est la fête ! Le mauvais temps ne va pas tarder à venir gâcher la partie.
On détecte sur l’écran de contrôle de nos ordinateurs ce qui a tout l’air d’être une bonne grosse tempête des familles. Il va nous falloir trouver refuge dans une forêt plus accueillante. Ni une ni deux, on entasse hommes et matériel dans la voiture direction les US.
Quatre heures de route. Un passage de douane étonnement aisé au vu des allures de caravane de réfugiés qu’a pris notre véhicule. J’ai déjà skié Mt Baker dans le passé et je sais exactement à quoi m’attendre. Je suis super enthousiaste à l’idée de casser du pillow, des cumuls de quatre mètres en bord de route.
Baker c’est une ambiance unique, des locaux super accueillants, des burgers à tomber par terre. A ne pas louper : il neige en continu pendant trois jours consécutifs. On enchaîne les runs en forêts jusqu’aux dernières lueurs, aidés par les locaux avec qui nous poursuivons les rotations assis à l’arrière de pick-up. Le rêve prend fin un matin, les températures ont grimpé en flèche, les pillows sont dégonflés, les arbres lessivés et accessoirement couchés sur la route tellement le vent est déchainé. Réunion de crise, quelques mails, coups de fil et cafés plus tard et nous sommes à nouveau sur la route.
Retour au Canada : huit heures d’une route qui s’enfonce dans le Colombie Britannique. Nelson est une petite ville paumée dans l’immensité des forêts de la région, les Kootenays. L’endroit est atypique, refuge de vieux hippies, la bourgade cultive son caractère bohème et artistique. Les locaux, d’authentiques amoureux de la région, cultivent eux-mêmes en quantité mais il s’agit là de choses moins légales. Notre Nirvana s’appelle WhiteWater et est équipé de trois télésièges. Un dénivelé tout à fait honnête pour les pentes nord-américaines. Il neige la nuit, il fait beau la journée, comme dans les films : le scénario de rêve se poursuit.
Ce n’était donc pas de la poudre aux yeux mais bel et bien un hiver surchargé en flocons de l’autre côté de l’atlantique. Après avoir joué aux chats noirs en Europe, à courir après de trop rares chutes de neige, me voilà récompensé !"
17 Commentaires
Esperons que l'hiver pousse un peu plus loin vers l'est l'année prochaine...des années avec et des années sans...
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Au moins un qui n'a pas eu un hiver pourri.. ca fait plaisir.
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Très beau reportage !
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Chanceux !!
Et dire que nous on se tape un hiver merdique avec plus de pluie que de neige ...
J'espère au moins que vous vous êtes éclatés mais je me doute que oui ^^ .
Bravo pour ce superbre trip report qui nous fait tous rêvés !
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Et puis cette masse de neige, c'est à avoir une érection..
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Superbe images, comme d'hab
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joli récit néanmoins
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Du grand art
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photos superbes !
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