Tous les segments de Julien Régnier et surtout son tout dernier... Une bonne grosse tranche de l'histoire du ski freestyle !
Julien Régnier, ce jeune freluquet pionnier du freestyle, athlète olympique en bosses à Nagano, concepteur de skis (chez Rossignol, Armada et Black Crows), vient de nous livrer son self-edit 2010... Avec une petite précision : ce sera son dernier edit. Son dernier ? Oui, vraiment. La fin d’une époque Mister Régnier ?
C’était le moment de faire parler ce vieux grigou du freestyle qui tire les ficelles en coulisses (c’est lui le cerveau du Linecatcher et il est l’ancien rédacteur en chef du magazine Weski) tout en gardant la ligne (les lignes) en Alaska devant les objectifs en se permettant d’emporter le prix «best single shot» de à l’IF3 Montréal.
Julien le skieur-philosophe a mis sa patte un peu partout dans le freestyle et surtout en vidéo. A l’occasion de son dernier segment, nous avons retracé avec lui dix ans de segments avec Poor Boyz Production. Dix ans de tricks sur pellicule pour une belle grosse tranche d’histoire du freestyle. Clap !
-Pourquoi un dernier segment ?
-Ce self-edit 2010 est le dernier où j’avais envie de mettre de l’énergie pour créer un segment typé performance, un segment classique de vidéo de ski. Avec mon compère JP Auclair, on a plus envie de faire des projets sur le long terme, comme Jeremy Jones avec Deeper, montrer autre chose, aller en montagne... je ne veux pas dire que c’est mieux ce qu’on veut faire, c’est juste une envie.
Pendant dix ans, j’ai fait mes segments avec une approche esthétique (et même éthique) du sport : par exemple un saut non posé ne sera jamais dans mon segment. Une ligne doit être propre, même si elle est engagée. Il y a aussi de l’énergie consacrée à la relation au cameraman. Avec ce segment, j’y suis arrivé, c’est mon meilleur boulot depuis Propaganda. J’ai réussi à faire entrer le spectateur dans un univers et lui donner envie de skier. Il y a une unité dans le lieu, cela crée un univers.
J’ai une référence qui m’a marqué dans les films de snowboard : le segment de Devun Walsch dans le premier film Forum. Il n’est pas monstrueux techniquement mais ça te donne tellement la gaule ! C’est de la poudre du début à la fin, c’est fantastique, donnez-moi des skis, j’y vais tout de suite ! C’est ça que je veux offrir aux spectateurs. Il y a une énergie quand tu vois un truc comme ça. J’avais envie de créer cette énergie là et de la transmettre.
-Revenons à ton self-edit...
-Il y a quelque chose qui se passe avec ces images, j’en suis fier. Ce sont des choix de lignes minutieux. Cette face chargée toute ronde, tu ne la trouves qu’à certains endroits dans le monde, cela crée un sentiment particulier. Alors qu’une face en Suisse, il y a des requins de partout. Je suis allé là où je connaissais, où je savais qu’il y avait les paysages qui correspondaient à mon esthétique, au sentiment que je voulais procurer : Haines, Alaska. Quand je suis parti à Whistler au début de ma carrière, c’était pour réaliser des choses en BC que je n’aurais pas pu faire en France. Si tu veux bien faire le boulot, il faut aller là-bas.
-Pourquoi ce kicker à la fin ? Pour montrer que tu sais faire des doubles ?
-Oui, je suis attaché à ce double. Il est aussi bien que celui d’un jeune. Comme c’est l’un de mes derniers segments performants, cela fait partie de la performance. Il y a eu du travail derrière, je ne devrais pas m’y attacher, mais quand je vois les réactions au double de JP (moi, ils me l’ont coupé au montage), ils lui tapent sur l’épaule à la sortie du cinéma : «nice double dude».
-Combien de segments as-tu eu dans les films de Poor Boyz ?
-Une dizaine. En revanche mes montages personnels n’ont jamais été retenus, c’est un constat d’échec ! Je pense que Poor Boyz a une approche assez commerciale, ce qui est bien, mais quand je crée des trucs, parfois ils ne sont pas commerciaux. Par exemple j’avais monté un segment sur une musique de Camille, la musique ne leur plaisait pas.
-Commençons par le début, avec ton premier segment dans Thirteen.
-Oui, c’est un segment partagé avec Candide et puis ensuite il y a eu The Game. Le film était un jeu et les gens votaient pour le meilleur segment. C’est mon premier trip en Alaska. J’ai essayé du rail, du park, du big mountain. C’était un bon segment mais je ne voulais pas aller dans la technique pure. Il fallait définir des codes à l’époque : simplifier les tricks pour magnifier le style. Les skieurs acro étaient techniques, nous dans le freestyle, on avait besoin de se construire un style : attraper tes skis, c’est absurde, ça vient du skateboard par nécessité mais dans le ski ça sert à rien. Mais pour construire nos valeurs, on devait diminuer le côte technique et magnifier l’esthétique. C’est ce que j’ai commencé à faire dans Propaganda en 2001.
-Peut-être ton segment le plus important ?
-J’ai crée un segment avec des codes esthétiques nouveaux. Je ne regrette qu’un seul trick trop technique, pas assez stylé. Dans ma carrière, à partir de là, les balbutiements sont terminés, ça commence à être propre. C’est l’année où je me suis installé à Whistler. Je signe l’un des premiers segments avec 95% de BC. C’est l’époque où je serinais Rossignol pour avoir des bispatulés larges, j’en ai parlé à Salomon qui a fait le Pocket Rocket dans la foulée. L’année d’après le Scratch est sorti. Quand on regarde ce segment, la révolution BC annoncée il y a 3 ans m’a bien fait rire : elle avait commencé bien avant ! C’est pour cela que je ne comprends pas quand en 2008 des mecs disent : «the next thing is freestyle BC». Ce n’est pas parce que je n’ai pas gagné les XGames que ce que je fais ne compte pas. Dans ce segment il y a tout, il y a les fondamentaux qu’on retrouve encore aujourd’hui. Je vais me vanter : je suis l’un des premiers à avoir eu l’intention de le faire et de l’avoir fait. Je n’ai aucun mérite, j’ai copié les snowboarders. Mon seul mérite est de l’avoir fait sur les skis.
-Ensuite il y a Happy Days et 1242.
-J’ai eu un passage à vide au niveau filming, j’avais des segments qui ne marchaient pas bien, je n’en étais pas fier. Pour 1242 de Oakley, je n’ai pas compris l'intérêt que j’avais à m’investir dans la réalisation. Johnny (De Cesare) a un peu dénigré les anciens, on était déjà vieux à cette époque. Il ne nous envoyait jamais de filmeurs sur Whistler, alors qu’on était là-bas avec JP Auclair. Alors on a fait UP1, un délire pour les bonus du DVD de Ten. Le second UP1 est dans War et le troisième dans Skiporn. C’était aussi l’occasion de mettre en avant nos potes skieurs moins connus.
13 Commentaires
Ca fait plaisir de revoir de beau edit
Connectez-vous pour laisser un commentaire
Un grand merci pour tout ce que tu as fais à La Plagne et au milieu du ski en générale.
Connectez-vous pour laisser un commentaire
Connectez-vous pour laisser un commentaire
Connectez-vous pour laisser un commentaire
Connectez-vous pour laisser un commentaire
Connectez-vous pour laisser un commentaire
Connectez-vous pour laisser un commentaire
Connectez-vous pour laisser un commentaire
Connectez-vous pour laisser un commentaire
Connectez-vous pour laisser un commentaire
Connectez-vous pour laisser un commentaire
Connectez-vous pour laisser un commentaire
Connectez-vous pour laisser un commentaire
Connectez-vous pour laisser un commentaire