Il est guide et réalisateur, il ramène de la montagne des petits bijoux ciselés au montage. Il manie la corde avec autant de dextérité que sa timeline de Final Cut. Sébastien Montaz-Rosset est une exception dans l'univers montagnard : il a un vrai regard sur ceux qui glissent et qui grimpent, un regard filtré par l'optique de son 5D et dont il soigne l'esthétique avec la patience d'un mouvement de bloc, il mitonne ses montages avec le talent d'un funambule de pente raide. Il passe avec un égal bonheur du montage à la montagne.
Après avoir entrevu le teaser de son dernier film au début de l'été, il nous livre en exclusivité (à part la projection dans deux festivals, à Chamonix et à Kendal), la version complète de ce petit exploit discret : quatre itinéraires exposés dans la face nord de l'Aiguille du Midi réalisés en une journée et filmés de l'intérieur.
-D'où viens-tu ?
-J'ai grandi aux Arcs, à 17 ans je suis arrivé à Chamonix pour faire de la montagne plus sérieusement. J'ai été pris dans l'équipe jeune alpinisme de la FFME (ENJA), ce qui a accéléré mon cursus de guide et j'ai été diplômé aspi à 22 ans. Depuis 12 ans je suis guide et moniteur de ski. J'ai une passion depuis toujours pour l'image, la peinture, le dessin, la photo, la vidéo. J'ai commencé par filmer des clients, je me suis pris au jeu et j'ai investi dans du matos professionnel. Je passe beaucoup de temps au montage et à la prise de vue. Je n'ai aucune envie de monter des images d'autres personnes, le montage fait partie du processus créatif. Ce qui m'intéresse n'est pas la performance mais l'homme qui est derrière la performance, comment il en est arrivé là, ce qu'il fait avant et après le ski, sa relation au matériel. C'est une approche psychologique du sportif. Dès qu'il y a une mec avec de la passion et un niveau, je filme.
-Quel matériel utilises-tu ?
-Deux boitiers Canon 5D. Ils produisent une image avec un piqué et une texture incroyables. C'est l'équivalent d'une caméra cinéma à 90 000 euros. La raison tient dans leur capteur plein format qui donne cette profondeur de champ très réduite. Avec des plug-ins et des softwares pour le traitement et la colorisation de l'image, j'ai le matériel pour me rapprocher de l'image de cinéma. On peut donc avoir cette qualité pour filmer les sports de montagne, ce qui était impossible il y a seulement cinq ans. Il fallait faire appel à une boite de prod avec de gros moyens pour obtenir ces images premium que cherchent les marques. Avec un matériel très compact et 1 à 2 personnes, tu peux amener la même qualité d'image. Une personne sur toute la chaine qui délivre un produit fini et qui a un produit de qualité équivalente à celui fournit par toute une équipe.
-Parle-nous de ton film Midi Mega Mix ?
-Mon but était de ramener des images propres dans ces voies extrêmes. C'est mon fil conducteur. Dans les voies engagées, en général ce sont soit des alpinistes qui filment, et l'image n'est pas belle, ou alors ce sont des réalisateurs qui filment de loin, il ne fait pas partie de la cordée. Ce projet est né sur un coup de fil à 17 h de Vivian Bruchez avec qui je n'avais jamais skié. C'est le genre de personnes que tu croises pour la première fois et que tu as l'impression de les connaitre. Je l'ai suivi dans les 4 itinéraires. Il a eu la patience de s'adapter au rythme d'un skieur qui faisait de la prise de vue. Tous les 50/100m on s'arrêtait. Si je n'avais pas été là, il aurait fait 6 voies dans la journée !
-Quelle est la dernière vidéo qui t'a impressionné ?
-Il y a toujours des pépites chaque saison. Life Cycles, une vidéo de VTT, m'a scotché, parce que c'est décalé par rapport à ce qu'on voit : une voix off qui slame sur un ton très grave, des plans à l'usine où on voit la naissance d'un bike. After Effects, c'est très bien, mais il faut doser. Ce qui fait rentrer dans l'histoire, c'est une poésie, au bout de 10 secondes tu es dedans et tu ne sors plus. Les barres de 20 m, ça ne m'intéresse plus, j'ai envie de connaitre les riders.
-Tu te vois devenir réalisateur à part entière ?
-J'aimerai pouvoir en vivre. Trouver un équilibre entre mon métier de guide et la réalisation. Je ne veux pas lâcher l'un ou l'autre et pouvoir continuer à choisir les clients et les courses qui me plaisent et idem pour les projets de réalisation.
-Quel est ton souhait de réalisateur ?
-J'aimerai que dans mes images on voit des choses qu'on ne voit pas dans la réalité. J'aimerai faire voir ce qui n'est pas visible. Dépasser la dimension technique et esthétique du film pour toucher la personnalité.
10 Commentaires
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Bravo aux protagonistes.
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Bravo.
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Un grand bravo à ses hommes
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