Linecatcher 2010

"C'est le contest que j'avais imaginé, voilà, il a eu lieu aujourd'hui. On pourra dire qu'on y était", c'est ainsi que ce Linecatcher, deuxième nom disputé à Vars cet après-midi, est résumé par son concepteur, Julien Régnier. Et il est difficile de lui donner tort.

Il y avait une grande excitation au début de cet évènement exceptionnel quand Richard Permin, dossard n°1, a donné le ton avec un départ en switch (et une fin de run du même acabit) : 14 riders, trois runs (le meilleur compte), une face truffée de kickers, gorgée de poudreuse et vierge. Exceptionnel, un mot à utiliser avec parcimonie mais aujourd'hui, alors que nous sirotons du bouillon de poule pour nous réchauffer et que nous suivons les évolutions des meilleurs freeskieurs de la planète (autrement dit : les plus complets), il mérite largement d'être employé.

Exceptionnels, d'abord, les troisièmes runs de Candide et de Sean Petit. On pourrait les analyser longuement. Celui de Candide est un run "thovexien" : rapide, fluide, impeccable. Le même que son second run, sans le déchaussage intempestif. Mais revenons en arrière. Son premier run est mitigé, il n'est pas satisfait. Son deuxième run est hallucinant… mais sa fixation le lâche dans la dernière ligne droite. Son troisième run ? Il est juste parfait (on pourrait chipoter sur la dernière réception, et pour Candide, "je ne l'ai pas vraiment posé...". Laissons cela aux perfectionnistes...). Cette victoire ressemble à celle du slopestyle des X Games. Innatendu et pourtant tellement évident. Candide se mesurait, pour son premier contest depuis sa blessure, aux meilleurs freeskiers de la planète. Et comme pour le slopestyle des XGames, il a lâché la pression et a posé un run d'une fluidité imparable. "Son dernier run est hyper clean : 720 parfait, 36 en transfert original, il ne s'arrête pas et le backflip en bas est énorme, pas parfaitement replaqué mais c'est presque impossible avec la hauteur qu'il prend. Un run parfait", commente Julien Régnier, l'un des juges.

Le 360 sur la cliff, c'est fou, first track, on n'avait rien shapé, il pose nickelSean Petit, grand par le talent, est un minuscule bombe ambulante. Un run aussi puissant qu'engagé qui méritait avec Candide la première place… qui allait l'emporter ? "Ce qui a fait la différence avec Sean, poursuit Julien, c'est vraiment le transfert de Candide, le run était vraiment plus fluide grâce à ça. Le dernier run de Sean aurait pu être génial s'il ne tombait pas au premier saut. Sean est allé chercher un truc où personne n'était allé…  Le 360 sur la cliff, c'est fou, first track, on n'avait rien shapé, il pose nickel, c'était beau. Sean gagne le meilleur trick et la meilleure ligne, ça s'équilibre bien". Il en avait les jambes qui tremblaient, le souffle court, le buste plié. Il lui faut un moment avant de reprendre ses esprits.

En bonus, le très complet Riding News de 13 minutes consacré au Linecatcher.

Exceptionnelle la victoire de Candide Thovex. On ne va pas refaire l'histoire, tout le monde la connaît. Un Candide blessé qui repose ses skis sur la ligne de départ d'un contest et qui gagne. Un Candide qui revient en plein jour et, run après run, obtient ce qu'il veut.

Exceptionnel ce podium. Pensez plutôt : deux anciens blessés, dont CR qui a passé plusieurs semaines dans le coma, reviennent au plus haut niveau, accompagnés d'un jeune de 17 ans qui impressionne tout le monde. Le premier run de CR était très beau. Le troisième de Sean, d'un autre monde. 

Exceptionnel les conditions de neige. La face des Eyssina était gavée et boostée de kickers bien placés. Mati Imbert, le local de l'étape, était excité comme un gamin à chaque fin de run. Il se contentait de dire : "c'est trop bon, cest trop bon, on pouvait pas faire mieux… Moi je suis content de tous mes runs, quoi qu'il se passe !".

Exceptionnel le plateau de riders. On a du mal à croire que dans la zone d'arrivée se croisent Sage Cattabriga et CR Johnson, Sean Petit et Candide Thovex, Anthony Boronowsky et Mati Imbert, Victor Galuchot et JP Auclair, notre Fab Maierhofer national et Tanner Hall (qui jugeait).

Les superlatifs manquent car le linecatcher 2010 a bénéficié des conditions extrêmement favorables, clairement un gros coup de chance (de la poudreuse et Candide, les deux étant aussi rares l'un que l'autre). "C'est du ski dans la montagne, pas dans un pipe. Nous avons les Les meilleurs vrais skieurs skiant de vraies montagnes. meilleurs vrais skieurs skiant de vraies montagnes. On veut que les riders incluent des tricks dans ce contest de freeride et c'est ce qui se passe, c'est magnifique", commente Tanner qui quitte la table des juges entre deux séries de runs pour mettre son nez dans la musique. Il ne manquait pas grand monde, peut-être un Eric Pollard ou un Pep Fujas, pour parfaire le tableau de cet evènement préparé par Dino Raffault, rasé de frais pour l'occasion, qui a réussi l'exploit de ne pas se faire piquer son micro plus de cinq minutes par Tanner. La température glaciale a achevé nos orteils mais pas notre enthousiasme.

C'était beau. Tout simplement beau le 360 de Sean Petit sur une barre vierge. L'engagement frontal d'un Léo Taillefer. C'était beau le run de Candide au tempo de basse reggae. C'était beau le dernier backflip d'un Victor Galuchot, épuisé nerveusement au troisième run, dont la gerbe se détache dans le soleil. Il était beau le premier run de CR Johnson le revenant qui fait monter la température avec une ligne propre, presque émouvante. Les trois tricks posés de Fab Maierhofer. La ligne droite en switch de Richard Permin en fin de run (qui explose en plein vol, comme lors de l'étape du Freeride world tour à Tignes). C'était beau et je pourrais dire : "j'y étais".

Résultat complets du Red Bull Linecatcher 2010
1 er Candide THOVEX (FRA)
2 e Sean PETTIT (CAN)
3 e CR JOHNSON (USA)
4 e Sage CATTABRIGA-ALOSA (USA)
5 e Bene MAYR (GER)
6e JP AUCLAIR (CAN)
7e Chris BOOTH (AUS)
8e Fabien MAIERHOFER (FRA)
9e Mathieu IMBERT (FRA)
10e Richard PERMIN (FRA)
NC Anthony BORONOWSKI (CAN)
NC Tim DURTSCHI (USA)
NC Victor GALUCHOT (FRA)
NC Sven KUEENLE (GER)
NC Léo TAILLEFER (FRA)
NC Martin SÖDERBERG (SWE)