20 avril ? Non , 20 mars ? Toujours pas : 20 février. A en croire les relevés de températures et le temps de ces derniers jours, la question peut être posée. Ce quinzième point neige est publié durant une période remarquablement calme, et surtout exceptionnellement douce. Le grand beau temps remplit les stations, mais jusqu'à quand la neige pourra-t-elle tenir ? Et surtout l'hiver a-t-il des chances de revenir ?
Au programme de ce point neige : on reviendra sur la fonte de ces derniers jours (est-elle si importante ?), celle qui est attendue, mais aussi sur la situation météorologique en cours et envisagée puis nous tenterons de décrypter les portes de sorties possibles... Si porte de sortie il y a.
Les Points Neige continuent de rythmer votre saison 2018/2019, venant faire l'état des lieux des conditions de neige et de ski ainsi que leur évolution en fonction de la situation météorologique envisagée. Ils s'ajoutent aux Bulletins Neige, lorsque la météo l'exige (ce qui n'est plus le cas en ce moment...) et du module météo Skipass, automatisé, actualisé plusieurs fois par jours sur votre massif ou votre station.
Depuis notre dernier point neige, il a clairement diminué, ne nous voilons pas la face. Mais la situation ne se résume pas à : "Il fait chaud donc ça fond partout et rapidement". Déjà, il y avait un bon stock de neige grâce aux chutes de janvier et début février. Ensuite, la neige fond certes rapidement en pentes Sud, les plus ensoleillées. En revanche, en secteurs plats et surtout ombragés la fonte est bien plus limitée. Pourquoi ?
Car à cette période (mi-février) le soleil n'impacte pas encore l'ensemble des lieux de la même manière. Depuis quelques jours l'air reste sec, le ciel dégagé la nuit, et le vent relativement absent. Tous ces éléments sont, en fonction de leur valeur, des facteurs de fonte du manteau neigeux. Hors de ce côté là, on reste du côté positif de la balance. Le regel nocturne du manteau est d'ailleurs très bon, et cela même si les températures officielles (et donc à un mètre du sol) atteignent +4 °C ou +6 °C. En clair : entre novembre et fin février, pour une fonte généralisée il faut soit un épisode pluvieux, soit un temps humide et doux, soit un vent chaud (de type foehn). Bien évidemment, à partir de mars/avril ce n'est pas la même.
Si l'on doit estimer de manière très globale la fonte depuis le début de cette période anticyclonique, on peut dire qu'elle est de l'ordre de :
- 1 à 3 cm par jour en versants Nord ne voyant pas du tout le soleil.Pour illustrer ces propos et l'influence de la localisation, nous avons choisi de vous montrer deux nivoses Météo France prises volontairement au sein du même massif, la Chartreuse dans les Alpes du Nord.
La première, à gauche, se situe en secteur encaissé voyant peu le soleil : la fonte depuis le début de l'épisode de douceur a été de 12-13 cm , soit 2 à 3 centimètres par jour à peine... Et cela malgré une altitude relativement modeste (1325 mètres).
La seconde, à droite, se situe en secteur ensoleillé sur un versant Sud vers 1700 mètres. Le soleil fait là toute son oeuvre avec une fonte de 35 centimètres en 6 jours soit 5 à 6 centimètres par jour. Notons ces "paliers" chaque jour, vraisemblablement au moment où le soleil tape le moins. A gauche la fonte est très lente et plus régulière (le manteau peine à dégeler en profondeur même au cœur de la journée).
Deux salles, deux ambiances :Enfin, pour être tout à fait complet : notons que sur les pistes damées, et donc présentant une neige déjà tassée, la fonte est moins rapide que pour le même lieu là où la neige n'aura pas été travaillée préalablement. D'autant plus si elle est constituée en partie de neige de culture, qui fond moins vite car plus compacte.
La période est exceptionnelle, et elle va le devenir encore plus ces prochains jours. Exceptionnelle pour :
- L'intensité de l'épisode de douceur. A titre d'exemple, on a pu relever des +10 °C jusqu'à 1900 mètres d'altitude le weekend dernier.
- Sa durée surtout. Cela fait maintenant un peu plus d'une semaine que nous sommes bien au-dessus des moyennes saisonnières et c'est parti pour durer. Il est encore un peu tôt pour tirer des conclusions précises sur le mois de février en général, mais il se classera sans aucun doute parmi les plus chauds depuis le début des relevés. Les inversions de températures tireront un peu la moyenne vers le bas (l'air froid stagnant dans les fonds de vallées), il faudra donc se pencher en particulier sur nos stations météorologiques d'altitude.
Un court "répit" relatif s'est produit entre lundi et ce mercredi avec des températures redevenant négatives la nuit en altitude... Mais une nouvelle hausse franche du mercure est attendue cette fin de semaine et ce weekend. Et pour cause, des dépressions vont venir plonger entre l'Islande et les Açores en fin de semaine tandis qu'un anticyclone va s'affirmer entre la Scandinavie et le Bénélux jusqu'à nos contrées. Dans ce contexte, l'air soufflant de secteur Sud à l'avant des dépressions et à l'arrière de l'anticyclone : une masse d'air douce d'origine espagnole va venir s'installer sur la France.
Dès lors, l'advection douce en altitude s'annonce encore remarquable. Pour preuve, un isotherme 0°C (altitude où le zéro degré est atteint) vers 4000 mètres est modélisé sur une partie du pays.
Des valeurs légèrement supérieures à celles observées le weekend dernier seront alors possibles... Les +18 °C vers 1000 mètres sont possibles localement.
La suite ? Clairement, nous ne voyons pas le bout de ce blocage anticyclonique dans la douceur. Mais il durera au moins jusqu'à la fin du mois. A ce jour, aucun signal n'est envoyé concernant un changement de temps début mars. Mais après 8/10 jours, la situation peut bien évidemment toujours évoluer.
Le jeu des masses d'air chaudes et froides durant les sept prochains jours (modèle GFS, meteociel.fr) :
Ici les précipitations sur l'Europe au cours des sept prochains jours, on remarque bien l'effet répulsif des hautes-pressions bien calées sur nos têtes (modèle GFS, meteociel.fr) :
On va surtout prendre le point de vue du vacancier et du skieur. Côté météo, certains déploreront ce type de temps quand d'autres s'en réjouiront. Une chose est sure : il va continuer à faire très beau et vite doux en journée sur l'ensemble de nos massifs.
En revanche, si la situation n'évolue pas pour la dernière semaine des vacances, nous pouvons craindre les premières difficultés pour les basses stations de montagne et celles les plus exposées au soleil. En clair : une petite partie des domaines skiables. La raison : le soleil de mars arrive, la fonte va être un peu plus généralisée et plus importante (février est un mois où l'on gagne énormément de durée d'ensoleillement).
Bon, pour l'amateur de poudreuse lui : RAS. Mais certaines combes exposées plein Nord gardent encore un peu de neige froide dans les secteurs les plus protégés (certains parlent de "poudreuse", nous préférons appeler ça des gobelets ou grains à faces planes, agréables à skier mais qui forment la future couche fragile en cas de nouvelle chute - pour l'instant pas encore prévue).
Côté piste : ski de printemps de mise sur la plupart des expositions avec une petite couche de regel assez dure, et une bonne soupe d'avril quand le soleil vient frapper la pente à partir du milieu/fin de matinée.
A terme, ces prochains jours, nous allons trouver un contraste énorme entre les pentes Sud qui vont voir l'herbe arriver (et verdir sans doute en basse-montagne) et les versants Nord qui vont garder la neige en particulier sur les pistes damées.Revenons à la question de base de ce Point Neige "L'hiver est-il fini ?" Oui, au sens strict il semble bien fini. Mais le ski de printemps a ses atouts, la saison de sports d'hiver elle n'est pas finie ! Il pourrait tout à fait neiger en mars ou en avril mais les chutes de neige à cette période n'ont plus la même tenue ni la même influence, notamment en basse et moyenne-montagne, où elles se transforment assez vite et peinent à tenir durablement.
Pour ceux qui se demandent si l'on pourrait "avoir une contrepartie" à ce type de temps et donc avoir un printemps pourri : Même si la probabilité est là, ce type de raisonnement n'a aucune valeur scientifique. Le blocage en cours peut tout à fait se maintenir et perdurer plusieurs mois, avec de courtes et faibles incursions humides seulement.
En tout cas, comme annoncé dans le Point Neige de la semaine dernière le maximum de l'épaisseur de neige a sans trop de doutes été atteint en basse-montagne, voire en moyenne-montagne en début de mois. Plus haut, on ne sait pas de quoi le printemps sera fait...
Pour les habitués du ski de printemps, le rythme nous parait normal : partir tôt, skier la matinée, rentrer avant qu'il fasse trop chaud et que la neige soit trop ramollie. Ce n'est pas juste parce que c'est pas agréable, c'est surtout car le danger augmente au cours de la journée avec la montée des températures : les avalanches de printemps ont un fonctionnement différent des avalanches de plaque, tout aussi difficile à gérer. On l'a vu hier avec le terrible exemple de l'avalanche de Crans-Montana, qui a fait un décès et trois blessés. Respectez donc les consignes des services des pistes qui peuvent être amenés à fermer des pistes en pleine journée en raison de la chaleur. Si vous faites de la rando, mettez-vous en rythme "printemps", consultez toujours bien le Bulletin Neige et Avalanches et méfiez-vous de tout ce qui prend le soleil. Un oeil pour voir les dernières avalanches recensées et leur type sur Data-avalanche.org est également toujours très instructif.
14 Commentaires
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Il n'y a pas que les avalanches de neige humide qui peuvent survenir à partir du "Printemps" (> 15 Février, on va dire ...). Tu as aussi des jours des poudre où tu démarres à -3°C à 9 heure et atteins 10°C à midi. Avalanche survenue à 12h30 alors qu'avec mon pote on avait déchiré le spot toute la matinée :
youtube.com
On voit bien que c'est encore de la poudre mais qui a chauffé ...
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Alpe d'huez we du 16/2 quasiment plus skiable (meme à 3000) alors les vacances de Paris ....
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C'est toujours la même chose, ils ouvriront coûte que coûte les pistes pour éviter la cata (mais jusqu'à qd ??)
Au nouvel an, la station était inskiable et dangereuse (verglas généralisé+tempête)
La c'est soupe aux cailloux, il fait 13° la journée et 4° la nuit, donc à ces températures la "réserve" de neige a tenu 3 jours
En plus ça rabat les skieurs moyens et l'ESF sur certaines pistes acceptables et ça devient skiable aussi.
Plus de plaisir, ça c'est sur
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