Bilan des accidents d'avalanche 2017-2018

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Bilan des accidents d'avalanche 2017-2018

37 personnes ont perdu la vie lors d'accidents d'avalanche l'hiver dernier dans les massifs français
article Sécurité
Texte :
Fred Jarry, Loïc Giaccone
Photos :
data-avalanche.org, Alain Duclos

Chaque automne, Fred Jarry de l'ANENA (Association Nationale pour l'Etude de la Neige et des Avalanches) fait le bilan des accidents d'avalanche de l'hiver précédent grâce aux compte-rendus que lui fournissent les unités de secours de nos massifs. Le but, tirer des enseignements des différents cas d'accidents, après les avoir remis dans le contexte de la situation nivo-météorologique du moment où ils se sont produits. Nous lui donnons la parole pour nous présenter les chiffres de l'hiver 2017-2018, ses analyses et ses conclusions.

Cet article est paru dans la revue Neige et Avalanches de l'ANENA (quatre numéros par an à 15€ pour les adhérents de l'association - abonnez-vous, ça vaut le coup).

A la lecture de la conclusion de ce bilan, vous comprendrez aisément l'importance de la formation au risque d'avalanche. Vous retrouverez celles de l'ANENA ici : Formations Anena.

Quelques rappels

Si ce n'est pas votre première lecture d'un bilan des accidents d'avalanche, vous pouvez descendre directement à la partie "Hiver 2017-2018".

L'ANENA, association reconnue d'utilité publique, étudie depuis plus de quarante ans les accidents d'avalanche en France. Pour le décompte des accidents et le calcul des statistiques, ce qu'on appelle "l'année avalanche" à l'ANENA (et dans les autres organismes mondiaux de prévention du risque d'avalanche), va du 1er octobre au 30 septembre de l'année suivante. Le détail de chaque accident est à retrouver sur la page de la Base Avalanche.

Le bilan présenté dans cet article est à remettre en perspective avec les précédents, dont la lecture préalable est nécessaire :

- Quarante ans d'études des avalanches en France : Bilan des accidents d'avalanche de 1971 à 2015.

- Le bilan des accidents d'avalanche de l'hiver 2015-2016.

- Le bilan des accidents d'avalanche de l'hiver 2016-2017.

Pour résumer rapidement ces articles remplis de chiffres (tous très intéressants pour le coup), voici quelques notions à avoir en tête avant de passer à la lecture du bilan détaillé :

- Le nombre moyen de décès par hiver en avalanche est relativement stable, sans réelle tendance ni à une augmentation ni à une baisse, autour d'une trentaine de décès par an. Dans le même temps, le nombre de pratiquants en hors-piste comme en rando a fortement augmenté (sans que ce soit quantifiable ceci dit), on peut donc penser (avec prudence) que les messages de prévention portent leurs fruits. Il y a tout de même encore du travail, car certains des accidents pourraient être évités (voir la conclusion).

- Les hivers se suivent et ne se ressemblent pas. Même si la moyenne des décès est stable, de grandes disparités apparaissent d'un hiver à l'autre, expliquées par des conditions nivo-météo très différentes d'une année sur l'autre. Par conséquent, les statistiques varient aussi bien en terme de nombre de victimes que de localisation ou de types de pratiques.

- Le pourcentage de victimes retrouvées équipées de DVA augmente au fil des années. Cependant, ce taux est encore bien plus élevé chez les pratiquants de la rando que ceux du hors-piste. Des différences entre ces deux pratiques sont également à noter au niveau du secours, effectué plus souvent par les compagnons que par les secours organisés en randonnée, tandis que c'est l'inverse en hors-piste (conséquence du manque d'équipement et de la proximité des pisteurs-secouristes). Il y a encore du travail de prévention à faire auprès de ce public.

- Enfin, contrairement à une idée reçue assez répandue, ce ne sont pas seulement "les pimpins" qui se font prendre dans les avalanches mais surtout les pratiquants réguliers et confirmés. Pourquoi ? A la fois à cause des facteurs humains (effet de groupe, confiance, etc.), et parce que ce sont ceux qui, statistiquement, ont le plus de chance d'être emportés, passant plus de temps en dehors des pistes.

Pour retrouver l'intégralité des graphiques et leurs analyses, consultez le bilan des accidents d'avalanche de 1971 à 2015 (graphiques de Fred Jarry, ANENA) :

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Hiver 2017-2018

La saison 2017-2018 a été marquée par un enneigement remarquable, partout excédentaire et proche des records dans de nombreux massifs des Alpes (voir notre bilan météorologique de l'hiver). Les premières neiges ont classiquement fait leur apparition début novembre et le premier accident d’avalanche de la saison a été recensé le 26 novembre, dans les Hautes-Pyrénées. 

Au cours des mois de décembre et janvier, les nombreuses et très abondantes chutes de neige, à l’origine de manteaux exceptionnellement épais, ont régulièrement été accompagnées d’épisodes de vent fort, et même violent (notamment lors de la tempête Eleanor début janvier). Près d’une vingtaine d’accidents ont été recensés durant ces deux mois. Le mois de février a été plus calme, anticyclonique au cours des deux dernières semaines et très froid dans ses derniers jours (dix-sept accidents recensés).

Début mars, de nouvelles chutes de neige ont marqué le retour d’un temps hivernal accompagné d’une instabilité du manteau neigeux exceptionnelle (vingt-trois accidents entre le 1er et le 5 mars). La fin mars a été marquée par de nouvelles perturbations et de nouveaux accidents. Au total, trente-cinq accidents, soit près de la moitié du décompte total, ont été recensés au cours de ce mois qui signe normalement le début du printemps météorologique. 

Puis les conditions printanières se sont installées début avril et seuls quelques accidents en altitude ont encore été dénombrés jusqu’au 26 mai. On recense sept accidents mortels et sept décès de plus qu’en moyenne (celle-ci s’établit à 20,6 accidents mortels et 30 décès annuels sur la période 1971-1972/2016-2017). Ce bilan place la saison 2018 comme la 10e année la plus dramatique en termes d’accidents mortels et la 11e en termes de décès sur les 47 dernières années (1971-1972 à 2017-2018).

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Le nombre d'accidents mortels et le nombre de décès depuis 1971, mis-à-jour :

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Les accidents au fil des mois

Novembre

Bien que l’enneigement soit alors encore déficitaire dans les Pyrénées (tout au plus 40 cm à 2 400 m d’altitude en versant nord sur la Haute- Bigorre), on recense le premier accident le 26 novembre à la station de Piau-Engaly (Hautes-Pyrénées). Les conditions de vent et de froid favorisent le déclenchement d’une plaque par un randonneur au pic du Piau.

Décembre

Le mois est fortement perturbé et les nombreuses chutes de neige, souvent importantes, s’accompagnent de plusieurs accidents, dont cinq mortels. Le 2 décembre, deux accidents mortels impliquent des randonneurs à ski dans le massif de la Chartreuse (Isère). La première avalanche emporte et ensevelit deux hommes. A priori proches l’un de l’autre au moment de l’accident (sans doute à cause du brouillard), ils semblent avoir été surpris par la plaque qui les a emportés (ils n’ont pas déclenché leurs sacs airbags). La seconde avalanche, de faible ampleur, touche un skieur qui randonne seul. Elle l’emporte dans un terrain raide et rocheux. La victime, non ensevelie totalement, décède des traumatismes subis. Sans témoins de leur avalanche, ces trois victimes ne seront retrouvées que le lendemain par les secouristes en montagne.

Le 15 décembre dans le Beaufortain (Savoie), un randonneur à ski est emporté par une plaque qui lui fait sauter une barre rocheuse. Son compagnon, resté en amont de la barre rocheuse, ne peut atteindre le dépôt de l’avalanche pour lui porter secours. La victime, décédée traumatique, n’a pu déclencher son airbag, la cartouche étant mal vissée dans son dispositif.

Le 16 décembre, un skieur de randonnée, parti seul, est emporté par une avalanche aux abords du col de Rombières (station du Lioran, Cantal). En l’absence de témoin, la victime, partiellement ensevelie, n’est retrouvée que le lendemain par les gendarmes secouristes, décédée.

Le 30 décembre, alors que la tempête se calme et qu’une accalmie leur permet de faire une petite sortie proche du refuge du Fond des Fours (Savoie), deux jeunes randonneurs à skis sont emportés par une plaque. L’un d’entre eux, partiellement enseveli, est rapidement dégagé par deux de ses compagnons. Le second, enseveli sous près de deux mètres de neige, est localisé grâce à son DVA et dégagé au bout d’un long effort. Ses amis ne peuvent malheureusement pas le réanimer. Les conditions météorologiques empêchent tout secours héliporté et la victime n’est récupérée par les secouristes que le lendemain matin.

Une des nombreuses avalanches de grand ampleur observées fin décembre, ici le 31 par Benoit Ract dans le Beaufortain (Savoie, fiche complète sur data-avalanche.org) :

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Janvier

Bien que plus doux que le mois de décembre, le mois de janvier est fortement enneigé et débute par une tempête (Eleanor), qui apporte une épaisse couche de neige supplémentaire sur une grande partie des massifs français. Trois accidents mortels sont dénombrés en ce début d’année.

Le 3 janvier, c’est en pleine tempête qu’un agriculteur de Bonneval- sur-Arc (Savoie) est victime d’une avalanche naturelle de grande ampleur à l’entrée du hameau de l’Écot. La victime, partie seule vérifier l’enneigement d’un abri destiné à du matériel, n’est retrouvée sur place que le lendemain par un proche et les secouristes.

Le 9 janvier, c’est un skieur de randonnée qui perd la vie dans les Pyrénées, sur la commune d’Aragnouet (Hautes-Pyrénées). Bien que porteur d’un DVA et accompagné d’un ami, ce sont les secouristes qui le localisent et le dégagent. 

Le 17 janvier, à l’aval de la brèche Robert sud, près de Chamrousse (Isère), un randonneur est emporté par une plaque. Parti seul par mauvais temps et en l’absence de témoin de l’avalanche, il est découvert sans vie le lendemain par d’autres randonneurs, qui ont repéré l’une de ses spatules hors de la neige.

Les images impressionnantes prises par Alain Duclos lors du déblayage de la route menant à Bonneval-sur-Arc, ensevelie par une avalanche le 8 janvier :

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Février

Bien que plus calme (moins perturbé), notamment dans sa deuxième moitié, le mois de février connaît deux périodes accidentogènes : entre le 1er et le 5 puis entre le 13 et le 18. En tout, ce sont seize accidents qui sont recensés, dont quatre aux conséquences mortelles.

Le 1er février, un randonneur à ski déclenche une plaque dans le couloir du Birkel, au Ballon d’Alsace (Vosges). La victime est emportée et heurte un arbre. Partie seule, sans témoin de l’accident, elle est retrouvée quelques heures plus tard par les secouristes locaux, partiellement ensevelie et sans vie.

Le 13 février, un jeune skieur, non équipé d’un DVA, est victime d’une avalanche sur le domaine skiable de Gavarnie-Gèdre (Hautes-Pyrénées). Seule au moment de l’accident, la victime est retrouvée tardivement par les secouristes professionnels, ensevelie sur le bord d’une piste et sans vie.

Le 14 février, trois skieurs évoluant en hors-piste sont emportés à Cauterets (Hautes-Pyrénées) par une large avalanche partie naturellement. Sans témoin de l’avalanche, les secours ne réussissent à localiser les victimes, non équipées de DVA, que le lendemain de l’accident, décédées. Les trois skieurs étaient profondément ensevelis (1,60 m à 2 m).

Le 18 février, c’est également une avalanche partie naturellement qui emporte trois membres d’une même famille sur une piste fermée de Val d’Isère (Savoie). Deux d’entre eux, non équipés de DVA, sont totalement ensevelis. Malgré l’arrivée rapide des secours, elles sont localisées grâce à une vague de sondage, mais trop tardivement.

Le 23 février, un skieur de randonnée est porté disparu sur la commune de Barèges. La victime est découverte à la fin du mois de mai. Le médecin légiste conclut à un décès traumatique par avalanche.

Une impressionnante plaque partie spontanément en Vanoise le 18 février (observateur Alain Duclos, la fiche sur data-avalanche.org) :

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Mars

Le mois de mars a été exceptionnellement accidentogène. L’ANENA a en effet recensé trente-quatre accidents dont douze mortels au cours du mois (soit un tiers des accidents mortels de la saison). Cinq journées, celles entre le 1er et le 5 mars, ont été particulièrement avalancheuses, puisque vingt-trois avalanches (dont sept mortelles) ont été comptabilisées. Parmi ces cinq journées, celle du 4 se distingue, car elle totalise à elle seule les deux tiers des accidents de cette période et constitue la 2e journée la plus avalancheuse des vingt dernières années (après le 20 février 2006). Dans les Alpes du Nord, le beau temps froid des derniers jours de février, suivi d’un épisode neigeux entre le 1er et le 3 mars, avec une limite pluie-neige fluctuante, semble expliquer l’instabilité généralisée de ces cinq jours. Couplée à un pic de fréquentation (vacances scolaires de deux zones et dimanche ensoleillé et « poudreux »), les ingrédients étaient réunis pour que de nombreux incidents et accidents d’avalanche surviennent.

Le 2 mars, une avalanche, partie naturellement à l’amont, emporte une skieuse dans le couloir de l’Orcière, près de La Grave (Hautes- Alpes) et l’entraîne par-delà des barres rocheuses. La victime est retrouvée par les secouristes grâce à son DVA, plusieurs centaines de mètres à l’aval et sous 150 cm de neige. La skieuse est sans doute décédée suite aux traumatismes subis lors de l’écoulement. Le même jour à Entraunes (Alpes-Maritimes), six randonneurs nordiques, encadrés par un guide, sont emportés par une avalanche partie au-dessus d’eux, alors que le groupe est à l’arrêt sur un replat. Quatre victimes sont totalement ensevelies (entre 80 cm et 1,50 m), deux autres partiellement. Malgré les efforts du professionnel pour se dégager de la neige et porter assistance aux victimes, les quatre randonneurs ensevelis sont malheureusement retrouvés décédés par les secouristes professionnels.

Le 3 mars, un groupe de skieurs de randonnée espagnols est victime d’une grosse avalanche près d’Aragnouet (Hautes-Pyrénées), non loin du tunnel de Bielsa. Une skieuse parvient à s’extirper de la neige mais ses deux camarades sont ensevelis, dont un profondément (5 m), l’autre ne portant pas de DVA. Les secouristes professionnels ne peuvent par conséquent dégager les victimes que tardivement, sans vie.

Le 4 mars, journée la plus accidentogène, quatre accidents mortels sont survenus dans les Alpes du nord. Le premier accident a lieu à l’aval du col de Bostan, sur la commune de Samoëns (Haute-Savoie). Deux randonneurs à snowboard, équipés de raquettes pour la montée mais sans équipement de secours (DVA), sont emportés par une plaque déclenchée à distance. Une première victime, blessée, est dégagée par les secouristes professionnels. Ceux-ci ne parviennent cependant pas à localiser la deuxième victime qui ne sera retrouvée que le 12 mai, suite à la fonte printanière.

Le second accident survient sous le col de la Bathie, à Arêches- Beaufort (Savoie). Deux skieurs hors-piste, non équipés de moyen de détection, sont emportés, sans témoin. Malgré les recherches le jour de l’accident et les suivants, les deux victimes ne peuvent être localisées. Elles ne seront retrouvées que le 26 avril.

Sur la commune de Vallorcine (Haute-Savoie), deux accidents mortels font deux victimes. Le premier accident implique un groupe encadré par un guide, dans le couloir du Rand. Deux de ses clients sont emportés et franchissent une barre rocheuse. L’un est grièvement blessé, l’autre décède suite à sa chute. Le second accident concerne un skieur britannique, dans le secteur des Posettes. La victime, équipée d’un sac airbag qu’elle n’a pas gonflé, est emportée également par-delà une barre rocheuse. Elle décède du fait des traumatismes subis. 

Photos et récit de l'accident du 3 mars dans les Hautes-Pyrénées sur la page du Secours en Montagne CRS Pyrénées :

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Après quelques journées plus calmes, une nouvelle période avalancheuse débute peu après la mi-mars. Le 18, quatre jeunes randonneurs et randonneuses à skis sont victimes d’une plaque déclenchée dans le couloir des paravalanches sous le sommet de Chamechaude, sur la commune de Sarcenas (Isère). Trois d’entre eux sont emportés. Suite aux chocs subis contre les paravalanches, l’une des victimes est grièvement blessée, l’autre perd la vie.

Le 22 mars, deux randonneurs à skis sont emportés sous la tête de Vautisse, à Champcella (Hautes-Alpes). L’un est partiellement enseveli et parvient à se dégager, avant de porter secours à son camarade totalement enseveli. Malgré son action et l’arrivée rapide des secouristes professionnels, la victime est dégagée sans vie.

Le 24, un skieur de randonnée, parti seul le matin, est victime d’une plaque qui l’emporte dans le couloir nord du Trélod (Haute- Savoie). Sans témoin de l’accident, les secouristes ne découvrent que dans l’après-midi le skieur, partiellement enseveli et sans doute décédé des suites de traumatismes.

Le 25, dans la face nord de la Belle Plinier (Modane, Savoie), un groupe de trois randonneurs à skis est impliqué dans une avalanche. Sans espacements de sécurité, deux skieuses sont emportées lors de leur descente. L’avalanche, d’ampleur, s’écoule sur près d’un kilomètre. Bien qu’elles soient équipées de DVA, leur compagnon, resté très en amont du dépôt, ne peut les localiser rapidement. Obligé de rejoindre son véhicule pour récupérer son téléphone, il ne peut alerter les secours professionnels que tardivement. Les deux victimes, décédées, sont retrouvées par les secouristes dans le bas du dépôt.

Le 31 mars, un nouvel accident mortel survient dans les Pyrénées. Préparant leur descente dans un couloir de la face nord-est de la montagne d’Areng (commune de Ferrère, Hautes-Pyrénées), deux jeunes alpinistes sont emportés par une plaque. L’un d’entre eux est grièvement blessé, l’autre, qui a franchi une barre rocheuse, est retrouvé décédé par les secouristes professionnels.

Fin de saison

La suite du printemps est plus calme : cinq accidents sont recensés, dont deux mortels les 2 et 30 avril.

Le 2, alors qu’ils remontent à pied le couloir sud sous la pointe Alphonse Favre (Chamonix, Haute-Savoie), sept skieurs- alpinistes, dont deux guides avec leurs clients, sont emportés par une plaque. Aucun d’entre eux n’est enseveli mais, si l’un s’en sort indemne, cinq sont blessés, et l’un des guides décède des suites d’un traumatisme crânien subi lors de sa chute. 

Le 30 avril, c’est un skieur de randonnée qui est emporté dans le secteur du glacier Rond, à nouveau à Chamonix. La victime franchit une barre de séracs et est malheureusement retrouvée décédée par les secouristes du PGHM.

Les gros volumes tombés durant l'hiver descendent au printemps avec la remontée des températures, comme ici à Bonneval-sur-Arc le 25 avril (photos d'Alain Duclos, data-avalanche.org) :

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Pour conclure

Les hivers se suivent et se ressemblent peu. Cette saison 2017- 2018, très accidentogène, à l’origine de 37 décès, fait suite à deux saisons en dessous de la moyenne en termes d’accidents mortels et de décès.

Comme chaque année, une rapide analyse des circonstances entourant les accidents mortels montre que, dans la plupart des cas, un certain nombre de "drapeaux rouges" étaient levés et se cumulaient : pratique en solitaire, absence d’équipement électronique de localisation (DVA), regroupement des emportés, mauvaises conditions météorologiques qui empêchent un comportement adapté et un secours rapide, pièges de terrain, etc. 

Bien que chaque accident soit souvent la conséquence de plusieurs causes particulières, il est toutefois possible de relier chacun des décès de cette saison à une circonstance prépondérante (cf. graphique "Répartition des décès par circonstances particulières"). Ainsi, quatorze décès sont survenus lors d’accidents sans témoins ; soit que les victimes pratiquaient seules (et souvent dans des conditions météorologiques exécrables), soient qu’elles étaient regroupées (également par conditions météorologiques non clémentes) mais dans un endroit isolé. À chaque fois, le secours est venu de l’extérieur, tardivement. Quatre skieurs, non équipés d’un DVA, sont décédés suite à leur ensevelissement prolongé. Neuf montagnards sont visiblement morts suite aux traumatismes subis lors de l’écoulement de l’avalanche : cinq après avoir franchi une barre rocheuse ou de sérac, quatre après avoir percuté un obstacle dans un couloir raide. Pour huit victimes, le secours par les compagnons a été rendu difficile par les circonstances : ensevelissement profond, surface du dépôt à parcourir particulièrement importante, ensevelissement multiple, etc.

On remarquera que ces circonstances particulières, aux conséquences mortelles, ont trait à la vulnérabilité des victimes. Bien entendu, lorsque l’on pratique en terrain enneigé et que l’on doit assurer sa propre sécurité face au risque d’avalanche, la question du danger d’avalanche est primordiale : « Est-ce que ça peut partir et comment ? ». Mais il est impératif de se poser également l’autre question induite par le risque : « Si ça part, que se passera-t-il pour moi ou mon groupe ? ».

Pour se former, c'est par ici : formations ANENA 2018-2019


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5 Commentaires

NobruDude Très complet, ça secoue pas mal chaque année de lire cette longue liste d’accidents et de décès :(
Une question : est-il possible d'essayer d'estimer, parmi les accidents mortels, ceux qui auraient pu être objectivement évités ? ... ce n'est pas facile, mais si je fais référence à celui du 3 Mars au dessus du tunnel de Bielsa, il en fait clairement parti, j'avais déjà écrit là-dessus juste après. Toutes les conditions étaient réunies pour que ça parte en Nord et prêt de la frontière ce jour là, le BERA était extrêmement clair. J'étais moi-même sorti en restant Sud-Est, et pas en frontalier (d'ailleurs, les Espagnols ont-ils l'équivalent du BERA ?).
Apodaka En Espagne il y a l'équivalent de la BERA, régionale dans les Pyrénées et autres massifs et locale, dans certaines vallées. L’avalanche du 3 mars qui a mis fin à la vie de deux personnes s’est produite avec un degré 3 de BERA, une avalanche pouvant être de taille S4, avec des conséquences fatales pour les pièges du terrain. Je ne suis pas sûr qu'une avalanche de ces dimensions était facilement prévisible pour cet événement.
 

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NobruDude Il y avait eu beaucoup de vent de sud, le BERA disait clairement "gros risques de plaques à vent en Nord, et en frontalier"... donc, oui, malheureusement, je pense que cette avalanche était prévisible, ce qui est d'être toujours le cas.
NobruDude "...ce qui est loin d'être toujours le cas."
 

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