En tant que pratiquants de sports d'hiver, vous connaissez sans doute l'Association Nationale pour l'Etude de la Neige et des Avalanches, que ce soit à travers nos articles ou lors de conférences et formations.
Créée en 1971, à l'initiative de l'Etat suite de l'avalanche qui a ravagé un centre de vacances UCPA à Val d'Isère, la mission initiale de l'ANENA est la coordination de l'étude de la neige et des phénomènes liés.
Aujourd'hui les prérogatives de l'association ont évoluée et se sont élargies :
D'autre part, ses mode de fonctionnement et de financement ont du être revus : le désengagement progressif de l'Etat conduit l'ANENA a trouver des moyens de générer des revenus propres. Si la transition a pu être délicate avec la mise en place d'un appel aux dons lors de l'hiver 2016-2017, la situation s'est aujourd'hui stabilisée, grâce aux revenus issus des formations dispensées, et aux subventions reçues de la part des collectivités et organismes qui adhèrent à l'ANENA.
A lire : le bilan des accidents d'avalanche 2017-2018, qui explique bien pourquoi la formation reste prépondérante dans la pratique du ski en dehors des pistes.
Et pour les pressés, l'accès direct avant le blah-blah explicatif : formations ANENA.
L'hiver, les principales activités où l'on peut trouver la mort dans une avalanche sont la pratique de la randonnée à ski, et la pratique du freeride. Sur la période 1971-2011, ces deux activités présentent une part égale d'accidents mortels : 42% pour la randonnée, 41% pour le freeride (avec des variations inter-annuelles).
En revanche, on observe des différences prononcées en matière d'équipement selon les pratiques. Dans les années 2000, on estime à 80% la proportion de randonneurs équipés de Détecteur de Victime d'Avalanche (DVA), quand celle ci tombe à 45% pour les freeriders.
Cet écart peut s'expliquer par la différence de culture entre les deux milieux, même si celle ci tend à devenir plus poreuse avec le développement de la fameuse freerando. En effet, en freeride, la montagne est rendue plus accessible du fait de sa mécanisation : on commence souvent par la piste, puis on s'aventure en bord de piste, puis de plus en plus loin. Si l'on a pas la chance d'être encadré et responsabilisé aux dangers que présentent le hors-piste, certaines pratiques élémentaires sont plus difficiles à assimiler. Tandis qu'en rando en général, celles-ci font en général partie intégrante de la pratique, et on s'aventure avec des compagnons plus expérimentés et formés. Les structures telles que l'ANENA tendent à faire évoluer les comportements en prônant une pratique responsable et autonome de la montagne.
La question peut paraître naïve et saugrenue, mais si cela peut vous permettre de convaincre votre pote qui pense que "on fait juste des bords de piste ça va", "en station ils déclenchent ça craint pas", "t'inquiète j'ai une patte de lapin dans la poche", alors ce sera toujours ça de pris.
Tout d'abord, l'essentiel est avant tout d'éviter l'accident. Tout ceux qui ont un DVA l'achètent en souhaitant n'avoir jamais à s'en servir ailleurs qu'en exercice. Et la meilleure façon de s'en tenir à cette utilisation, c'est de comprendre la montagne, pour identifier les situations à risques, que ce soit chez soi, la veille en lisant le BERA ou la carte IGN, mais aussi sur le terrain, en s'engageant un par un dans les pentes à risques, et de savoir faire demi tour devant une belle descente poudreuse, où l'on est capable de discerner des signaux d'alertes (travail du vent, réchauffement, cassure...)
Enfin si l'accident vient à arriver malgré toute la prudence dont on aura fait preuve, une bonne gestion de la situation peut faire basculer l'événement de la catégorie "tragique", à "mauvais souvenir dont on tirera des enseignements". Si vous skiez hors des pistes, vous devez connaître la courbe suivante : passée un quart d'heure passé sous une avalanche, les chances de survie de la victime chutent de 91% à 30% du fait de l'asphyxie.
Tout se joue donc dans le premier quart d'heure. Et miser sur les secours organisés (service des pistes, PGHM et CRS héliportés), c'est prendre un risque supplémentaire. Le temps que ces derniers arrivent sur place, le premier quart d'heure décisif peut être largement entamé. Sur l'année 2017/2018, sur 7 victimes localisées par sondage organisé ou chiens, système RECCO (soit les moyens utilisés par les secours), 1 seule a été retrouvée vivante. Quand on regarde le nombre de victimes repérées grâce à leur DVA ou à un indice de surface (moyens à disposition des compagnons de sortie), 8 victimes sur 27 ont été retrouvées vivantes. On se dira que la proportion d'accidentés retrouvés vivants est faible. Mais elle est malgré tout bien supérieure à celle de victimes retrouvées par des moyens autres que le DVA et les indices de surfaces, une tendance confirmée à long terme. Le meilleur moyen d'être efficace, c'est de pouvoir intervenir soi-même sur place, et pour en être capable, il est nécessaire de se former, et de s'entraîner régulièrement.
C'est dans cette optique de formation et de responsabilisation que l'ANENA met en place chaque hiver différents modules qui permettent de se perfectionner et d'enrichir ses connaissances.
> Être capable d'organiser un sauvetage de victimes d'avalanche avec son groupe
Pour trouver une formation proche de chez vous c'est par ici : Les formations ANENA.
Pour anticiper les remarques et débats sur le prix des formations : comme indiqué plus haut, l'ANENA est une association, ces revenus sont uniquement utilisés pour financer son fonctionnement. Six personnes travaillent à plein temps pour gérer la structure tout au long de l'année. Concernant les formations demi journée portant sur la manipulation des DVA, elles valent largement le prix de ce qu'elles apportent, à savoir la possibilité de sauver une où plusieurs vie lors d'une avalanche, en faisant la différence entre céder à la panique et gagner de précieuses minutes. Concernant les formations plusieurs jours, elles incluent la demi pension, et les connaissances qu'elles apportent seront valorisées tout au long de vos futures sessions et années de pratique.
Nous avions fait une journée de formation en décembre 2016 avec Fred Jarry, le compte-rendu est à lire ici : Une journée de formation avec l'ANENA.
L'ANENA organise plusieurs conférences au cours de l'hiver, et se déplace sur plusieurs événements skis au cours de l'hiver. Pour en savoir plus sur les conférences, ou pour solliciter l'association si vous souhaitez organiser une conférence pas loin de chez vous, c'est par ici : Les conférences de l'ANENA.
On espère à travers cet article vous encourager à vous former, et à diffuser le message. Même si vous avez déjà suivi une formation DVA1 ou DVA2 les années précédentes, il ne faut pas hésiter en début de saison à se reformer histoire de se reconditionner et être alerte dès le début de saison. De plus, les connaissances et pratiques évoluent chaque année en fonction des analyses d'accidents et recherches menées par les services météos, nivologues, services des pistes et tous les acteurs du milieu.
Enfin, on vous invite également à adhérer à l'ANENA, pour soutenir ces actions qui touchent notre pratique et contribuent à sécuriser et pérenniser notre pratique. Cette adhésion permet de bénéficier de tarifs avantageux sur les formations, de recevoir le magazine "Neige et avalanche", qui analyse l'hiver précédent, et informe des évolutions qui ont trait à l'analyse et l'étude des avalanches en général.
On vous souhaite de profiter un maximum cet hiver tout en étant responsables et prudents !
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