Le déclenchement des avalanches de plaque

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Le déclenchement des avalanches de plaque

Le chercheur Pascal Hagenmuller nous explique comment un seul skieur peut-il déclencher le mouvement d'aussi grandes quantités de neige
article Sécurité
Texte :
Pascal Hagenmuller
Photos :
ANENA

En collaboration avec l'ANENA, nous vous proposons aujourd'hui cet article sur le déclenchement des avalanches de plaque. Ecrit par Pascal Hagenmuller (Univ. Grenoble Alpes, Université de Toulouse, Météo-France, CNRS, CNRM, Centre d'Etudes de la Neige, Grenoble), il a été publié à l'origine dans le numéro 157 (avril 2017) de la revue Neige Et Avalanches de l'ANENA. La revue est distribuée à tout adhérent de l'association (35€ par an) et contient plein d'articles tout aussi intéressants que celui-ci ou le récent Bilan des accidents d'avalanche 2017-2018, nous vous la conseillons fortement si vous souhaitez aller un peu plus loin dans votre connaissance des avalanches et du manteau neigeux.

L'immense majorité des accidents d'avalanche en randonnée et hors-piste est causée par des avalanches de type plaque. Pour mieux comprendre comment un skieur peut déclencher le mouvement de plusieurs dizaines à centaines de tonnes de neige, nous allons observer ici le mécanisme de rupture entrainant le départ d'une plaque et les "ingrédients" nivologiques nécessaires à sa formation. 

1. Les mécanismes de déclenchement

Notre connaissance des processus menant au déclenchement d’une avalanche de plaque s’est améliorée durant la dernière décennie. Nous présentons ici des éléments-clés pour comprendre ce phénomène, tels ceux proposés par la communauté scientifique internationale, notamment lors du dernier colloque de l’ISSW (International Snow Science Workshop, Colorado, USA, 2016). Cet article n’est pas un traité de nivologie pratique (voir revue n°147 d’octobre 2014) mais une explication mécanique du déclenchement.

Le déclenchement d’une avalanche de plaque de neige résulte de la perte d’équilibre du manteau neigeux sur une pente. Cet équilibre est instable car une petite perturbation mécanique, comme une surcharge ponctuelle et brutale (par ex. skieur) ou distribuée et progressive (par ex. chute de neige), peut entraîner le glissement d’une masse de neige très importante. Le déclenchement résulte d’une série de ruptures mécaniques dans le manteau neigeux (Schweizer et al., 2016) :

• L’initiation d’une rupture dans une couche fragile sous une plaque relativement cohésive (Fig. 1),

• La propagation de cette rupture dans la couche fragile (Fig. 2),

• La rupture en traction de la plaque et le glissement de la plaque dans la pente (Fig. 3).

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A) Initiation de la rupture

Général. La rupture de ponts entre grains de neige dans la couche fragile constitue la première étape du déclenchement d’une avalanche de plaque (Fig. 1b). Un pont rompt si la contrainte (force/surface) appliquée excède sa résistance mécanique. Une fois rompu, il ne supporte plus la contrainte due au poids de la plaque qui est alors répartie sur les ponts voisins intacts. Ces ruptures à l’échelle du dixième de millimètre peuvent éventuellement « s’organiser » pour former une fissure de taille macroscopique dans la couche fragile, à l’échelle de dizaines de centimètres (Fig. 1c). Si cette fissure est suffisamment grande, elle se propagera ensuite d’elle-même.

Vitesse de déformation. L’initiation de la rupture diffère selon que le déclenchement est spontané ou provoqué car les vitesses de déformation impliquées sont distinctes. Dans le cas d’un déclenchement spontané lié à une augmentation progressive de la charge (par ex. chute de neige, transport de neige par le vent) et/ou la modification des propriétés physiques internes du manteau neigeux (par ex. métamorphisme), les déformations sont lentes et le passage d’une rupture diffuse (Fig. 1b) à une fissure macroscopique (Fig. 1c) peut prendre de quelques minutes à plusieurs heures (Schweizer et al., 2016). Un chargement lent entraîne une déformation plastique de la glace qui n’est pas systématiquement suivie d’une rupture. Par ailleurs, les ponts cassés peuvent se ressouder par frittage (Narita, 1983). Même endommagée, la couche fragile peut donc toujours supporter une certaine contrainte, ce qui rend la formation d’une fissure macroscopique plus difficile. Dans le cas d’un déclenchement provoqué, par exemple par le passage d’un skieur, l’incrément de chargement est rapide et entraîne une rupture soudaine : les ponts cassent et ne supportent plus aucune contrainte. De plus, les ruptures se concentrent sous le skieur et sont donc rapidement "organisées" en une fissure macroscopique.

Direction de chargement. L’initiation de la rupture est liée au poids de la plaque auquel s’ajoute éventuellement une surcharge ponctuelle. La contrainte supportée par la couche fragile est mixte, c’est-à-dire constituée d’une composante en compression et d’une composante en cisaillement (Fig. 1a). L’écrasement vertical de la couche fragile (Fig. 1c) est aujourd’hui perçu comme une conséquence d’une rupture en mode mixte (Schweizer et al., 2016) et non pas comme mode de rupture (Heierli et al., 2008). En effet, la composante en cisaillement est le plus souvent responsable de la rupture car la résistance au cisaillement des types de neige composant les couches fragiles (par ex. faces planes) est significativement plus faible que celle en compression (Reiweger et al., 2015). Ainsi, même si une initiation de la rupture en compression sur le plat est possible, elle est généralement plus facile en cisaillement dans une pente.


Figure 1 : initiation de la rupture dans la couche fragile. La couche fragile est soumise à une contrainte mixte en cisaillement et en compression (a). Cette contrainte entraîne la rupture des ponts les moins résistants (b), qui peut éventuellement aboutir à la formation d’une fissure macroscopique (c). Dans le cas d’une surcharge localisée, comme le passage d’un skieur, la formation de la fissure macroscopique sera rapide alors que sa formation sera plus lente pour un déclenchement spontané. L’échelle des grains et de la plaque n’est pas respectée.

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B) Propagation de la fissure

Général. La fissure macroscopique, si elle atteint une taille suffisamment importante, appelée taille critique, peut se propager parallèlement à la pente dans la couche fragile. C’est la deuxième étape du processus de déclenchement. La contrainte de cisaillement/compression induite par le poids des couches de neige ne peut être supportée par la couche fragile rompue, elle est par conséquent « transférée » à la partie intacte de la couche fragile à proximité, qui casse à son tour, et ainsi de suite. Cette propagation est pilotée par le poids de la plaque et est indépendante du phénomène ayant entraîné l’initiation locale de la rupture. Les deux ingrédients de ce système mécanique sont indispensables : une couche fragile de faible résistance, qui peut rompre, et une plaque relativement cohésive, qui transmet la contrainte ne pouvant plus être supportée par la couche fragile endommagée. Pour illustrer ce concept, on peut comparer ce phénomène à une chute de dominos placés les uns derrière les autres. Dans ce cas, la couche fragile est le fait qu’un domino placé à la verticale peut basculer facilement, la plaque correspond au fait que les dominos sont suffisamment proches les uns des autres pour que lors de leur chute, chacun d’eux touche son voisin. Si les dominos sont collés à la table (= pas de couche fragile) ou s’ils sont trop éloignés les uns des autres (= pas de plaque), le phénomène en cascade n’a plus lieu.

Taille critique. Il est impossible de mesurer quelle taille critique de fissure a effectivement entraîné le départ d’une avalanche. Le test de propagation à la scie (PST, voir revue n° 125 d’avril 2009) permet d’estimer à partir de quelle longueur une fissure réalisée à la scie va se propager dans un bloc de neige prédécoupé et de comparer la propension à la propagation pour différents manteaux neigeux. Les longueurs typiques obtenues par PST se situent entre 15 cm et 65 cm (Reuter et al., 2016). Comparées à l’endommagement potentiel d’un skieur se déplaçant dans une pente, ces longueurs semblent petites et donnent l’impression que la taille critique est toujours atteinte pour un déclenchement provoqué par un skieur. Néanmoins, les conditions de mesure de la taille critique par PST, notamment la fissure « épaisse » créée par la scie et la découpe latérale du bloc, facilitent la propagation d’une fissure. Les modélisateurs estiment que la longueur caractéristique de la taille critique pour une avalanche est de l’ordre du mètre (début de propagation facile) au décamètre (début de propagation difficile) (Gaume et al., 2016).

Direction et vitesse de propagation. La fissure se propage indifféremment dans toutes les directions dans la couche fragile (pour un manteau spatialement uniforme). Ainsi, un skieur ayant provoqué l’initiation de la rupture peut se retrouver « au milieu » de la plaque et donc potentiellement, en fonction de la pente, dans la zone de neige mise en mouvement. Cette caractéristique rend les avalanches de plaque particulièrement dangereuses puisque le skieur est souvent emporté par l’avalanche qu’il déclenche, contrairement aux départs ponctuels dits « en poire » où le skieur ayant déclenché l’avalanche se situe en très généralement en amont de la neige mise en mouvement. La vitesse de propagation a été estimée de l’ordre de 20 m/s lors du déclenchement (Johnson et al., 2004) et sur le PST (van Herwijnen et al., 2016).

Whumpf. La propagation de la rupture de la couche fragile et son effondrement subséquent créent un déplacement d’air, reconnaissable par un bruit caractéristique, le « whumpf » (selon la terminologie anglaise ; à prononcer « woumpf »). Ce bruit est un indicateur typique d’un manteau neigeux instable à structure de plaque. 


Figure 2 : Propagation d’une fissure dans la couche fragile. Pour avoir propagation, il faut que la fissure soit de taille supérieure à la taille critique.

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Arrêt de la propagation. La rupture en traction/flexion de la plaque stoppe la propagation en amont de la rupture dans la couche fragile, car la plaque ne joue alors plus son rôle de transfert de la contrainte (Fig. 3). Une plaque de trop faible résistance en traction ne permettra donc pas de propager la rupture de la couche fragile. L’arrêt peut également être dû à un changement des propriétés du manteau neigeux, par exemple la non continuité de la couche fragile. La rupture en traction peut alors résulter de la fin de la propagation de la rupture dans la couche fragile. D’une manière générale, la rupture dans la couche fragile peut se propager sur des centaines de mètres, voire plus.


Figure 3 : Exemple d’arrêt de la propagation de la fissure dans la couche fragile et rupture de la plaque. La couche fragile est ici composée de givre de surface. Crédit photo : Jamieson and Schweizer (2000).

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C) Rupture en traction et glissement dans la pente

Général. La dernière étape du déclenchement est la rupture en traction de la partie amont de la plaque, qui produira, s’il y a glissement, la « cassure linéaire » (Fig. 4). La plaque se détache alors complètement du reste du manteau neigeux retenue dans la pente uniquement par des forces de friction dans la couche fragile détruite entre le bas de la plaque et le substrat. Ces forces de friction se révélant insuffisantes pour retenir la plaque, celle-ci se met à glisser dans la pente.

Angles de frottement. Les angles de frottement dynamique mesurés (la plaque accélère si l’angle de pente est supérieur à l’angle de frottement) varient entre 18° et 41°, avec une médiane de 30° (van Herwijnen et al., 2016). Ces valeurs sont cohérentes avec les statistiques d’accidents, qui montrent que l’immense majorité des déclenchements de plaques sèches se produisent dans des pentes > 30° (McClung and Schaerer, 2006). Cet angle augmente avec la différence de dureté entre la plaque et le substrat : il est plus élevé pour des plaques tendres glissant sur un substrat dur (van Herwijnen et al., 2016).

L’angle de pente. La présence d’une pente assez forte est indispensable dans cette étape du déclenchement, alors qu’elle n’est pas nécessaire pour initier et propager une rupture dans la couche fragile. Cette particularité explique les déclenchements à distance : le skieur initie une rupture dans la couche fragile sur du plat ou une faible pente, cette rupture se propage ensuite suffisamment loin jusqu’à une pente d’au moins 30°, puis la plaque glisse, uniquement dans cette zone pentue, tandis que rien d‘apparent ne se passe à proximité du skieur, sauf un possible "whumpf" (voir ci-avant) et un possible affaissement de la surface de la neige de quelques millimètres.


Figure 4 : Rupture en traction de la plaque et glissement dans la pente.

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2. Classification des configurations couche fragile/plaque

Un départ de type plaque requiert deux éléments : une couche fragile et, au-dessus, une plaque relativement cohésive. L’ensemble de ces deux éléments est appelé structure de plaque. Ces éléments peuvent être de différentes natures selon les conditions météorologiques (Fig. 5).

La couche fragile est une couche de neige de faible résistance située à l’intérieur du manteau neigeux. Le fait qu’une fois cassée, la couche fragile ne supporte presque plus aucune contrainte semble également être une condition nécessaire à son « bon » fonctionnement. On distingue les couches fragiles persistantes et non persistantes (Fig. 5a). Les couches fragiles persistantes sont le plus souvent composées de grains anguleux (faces planes, gobelets). Ces grains se forment par métamorphose de gradient. Ces couches sont dites persistantes car elles évoluent très lentement dans le temps et peuvent subsister parfois tout au long d’une saison. Par exemple, la neige tombée en début de saison dans les versants nord subit généralement un fort gradient thermique (faible épaisseur de neige, surface de la neige très froide, longue durée) et peut se transformer en une couche fragile pour le reste de la saison. Parmi les couches fragiles persistantes, on peut ajouter le givre de surface, qui semble cependant être plus rarement impliqué dans les accidents en France. Quelques très rares cas impliquent des couches fragiles de type neige roulée. Les couches fragiles non persistantes sont constituées de neige récente légère. Elles apparaissent lors de chutes de neige sans vent. Ces couches évoluent rapidement dans le temps par tassement mécanique et métamorphose d’isothermie : elles gagnent en résistance mécanique en quelques heures (de l’ordre de 48 h au maximum) et ne jouent alors plus leur rôle de couche fragile.

La plaque est une couche de neige, dont le poids et la cohésion supérieure à celle de la couche fragile, sont nécessaires à la propagation de la rupture dans la couche fragile. On distingue les plaques friables et les plaques dures (Fig. 5b). Les plaques friables sont constituées majoritairement de neige de type particules reconnaissables. Elles sont d’apparence poudreuse et se forment généralement lorsque les conditions atmosphériques changent sensiblement durant la chute de neige ou peu après: un peu de vent passager et/ou remontée de la température. Dans ces conditions, une neige légèrement cohésive (la plaque) se dépose au dessus d’une neige plus légère (la couche fragile). La différence de résistance mécanique entre une plaque friable et une couche fragile non persistante est très peu marquée ; elle ne peut donc pas être détectée par des tests d’enfoncement simples (test du bâton ou sonde de battage). Les plaques dures sont constituées de grains fins présentant une cohésion élevée. La plaque part alors en blocs qui se désagrègent difficilement.


Figure 5 : Types de couches fragiles (a) et de plaques (b) et types de neige associés. Échelle : la largeur typique des photographies de grains est de 10 mm. Crédit photo : Météo-France/CEN.

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3. Rôle de la plaque dans l'initiation et la propagation de la rupture de couche fragile

La facilité à initier et propager une rupture dans la couche fragile dépend des propriétés mécaniques de la couche fragile, du poids de la plaque mais aussi de ses propriétés mécaniques. Ce dernier point, détaillé ci-après, n’a fait l’objet d’attention de la part des scientifiques que depuis quelques années.

Le poids d’un skieur crée une surcharge ponctuelle en surface du manteau neigeux qui va se propager jusqu’au sol en s’étalant et en diminuant d’intensité. Cette surcharge pourra éventuellement initier une rupture dans la couche fragile. La figure 6a montre comment la contrainte de cisaillement additionnelle induite par cette surcharge se propage en profondeur dans le manteau neigeux. Cette contrainte diminue avec la profondeur et la distance latérale au skieur. En faisant une hypothèse de stratification homogène, on peut appliquer les relations mathématiques de Boussinesq et montrer que la variation de la contrainte maximale de cisaillement est inversement proportionnelle à la profondeur (par ex. Modèle MEPRA, CEN). En conséquence, plus la plaque sera épaisse, plus il sera difficile d’initier une rupture. Il y a néanmoins des déviations à cette relation dans le cas de vrais manteaux neigeux, dont la dureté des couches varie verticalement. La modélisation numérique permet d’étudier ce phénomène sur différentes stratigraphies modèles (Habermann et al., 2008; Hagenmuller et al., 2016). Il a ainsi notamment été montré que la présence de couches dures dans la plaque va réduire la contrainte induite (au max. d’environ -50% par rapport à un manteau homogène) par le skieur, tandis que la présence de couches dures immédiatement en dessous de la couche fragile va l’augmenter (au max. de + 50%) (Fig. 6b et 6c). Cette modélisation ne prend toutefois pas en compte l’enfoncement du skieur dans les couches tendres de surface, qui, s’il est pris en compte, renforce l’effet stabilisateur des couches dures en surface.


Figure 6 : Distribution de la contrainte de cisaillement due à une surcharge ponctuelle appliquée en surface (flèche blanche) pour différentes stratigraphies modèles : a) manteau homogène, b) manteau avec une croûte en surface, c) manteau avec une croûte juste en dessous de la couche fragile. L’étoile indique la position du maximum de contrainte absolue dans la couche fragile. Une croûte en surface, en distribuant la contrainte sur une zone plus étendue, diminue la contrainte maximale supportée par la couche fragile. Une croûte située en dessous de la couche fragile a un effet opposé.

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La longueur critique de fissure dans la couche fragile représente sa facilité de propagation. Une longueur faible correspond à une propagation facile, une longueur élevée à une propagation difficile, voire impossible. Cette longueur croit avec la rigidité de la plaque et la cohésion de la couche fragile. Elle décroit quand la contrainte liée au poids des couches supérieures augmente (Gaume et al., 2016 ; Schweizer et al., 2016). Il est assez intuitif de comprendre que la propagation est plus aisée quand la couche fragile est peu résistante et que la plaque appuie fort dessus. Pour la rigidité, c’est plus compliqué. Il faut imaginer qu’une plaque plus rigide va répartir la force non supportée par la couche fragile sur une plus grande surface de couche fragile intacte, qui sera par conséquence moins sollicitée. Il faut néanmoins rappeler que la rupture en traction de la plaque stoppe la rupture dans la couche fragile et qu’une couche de faible rigidité est généralement peu résistante à la traction. Ainsi, le début de propagation dans une plaque friable sera plus aisé que dans une plaque dure mais pourra s’arrêter rapidement du fait d’une rupture en traction plus précoce.

Références

- Gaume, J., A. van Herwijnen, G. Chambon, N. Wever, and J. Schweizer, 2016: Critical length for the onset of crack propagation in snow: reconciling shear and collapse. International Snow Science Workshop, Breckenridge, Colorado, USA, 457–465.

- Habermann, M., J. Schweizer, and J. B. Jamieson, 2008: Influence of snowpack layering on human-triggered snow slab avalanche release. Cold Regions Science and Technology, 54, 176–182.

- Hagenmuller, P., T. Pilloix, and Y. Lejeune, 2016: Inter-comparison of snow penetrometers (ramsonde, Avatech SP2 and SnowMicroPen) in the framework of avalanche forecasting. International Snow Science Workshop, Breckenridge, Colorado, USA, 32–38.

- Heierli, J., P. Gumbsch, and M. Zaiser, 2008: Anticrack Nucleation as Triggering Mechanism for Snow Slab Avalanches. Science, 321, 240–243.

- Johnson, B. C., J. B. Jamieson, and R. R. Stewart, 2004: Seismic measurement of fracture speed in a weak snowpack layer. Cold Regions Science and Technology, 40, 41–45.

- Schaerer, P., and D. McClung, 2006: The Avalanche Handbook. 2006 The Mountaineers Books, Ed. 342 pp.

- Narita, H., 1983: An experimental study on tensile fracture of snow. Contributions from the Institute of low temperature science, 32, 1–37.

- Reiweger, I., J. Gaume, and J. Schweizer, 2015: A new mixed-mode failure criterion for weak snowpack layers. Geophysical Research Letters, 42, 1427–1432.

- Reuter, B., A. van Herwijnen, and J. Schweizer, 2016: Observer independent measures of snow instability. International Snow Science Workshop, Breckenridge, Colorado, USA, 397–404.

- Schweizer, J., B. Reuter, A. van Herwijnen, and J. Gaume, 2016: Avalanche Release 101. International Snow Science Workshop, Breckenridge, Colorado, USA, 1–11.

- Van Herwijnen, A., E. H. Bair, K. W. Birkeland, B. Reuter, R. Simenhois, J. B. Jamieson, and J. Schweizer, 2016: Measuring the mechanical properties of snow relevant for dry-snow slab avalanche release using particle tracking velocimetry. International Snow Science Workshop, Breckenridge, Colorado, USA, 397–404.

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14 Commentaires

PowPow Pillow Oui merci beaucoup pour cet article. Beaucoup plus instructif et documenté, et au coeur du sujet de skipass, que des pseudo news plutacliquières et parodiques sur la neige en région parisienne. Ceci était un message à la rédac de skipass dont j'apprécie beaucoup le travail quand elle reste dans son champ de compétence.
 

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NobruDude UN peu trappu cet article, mais on comprend mieux du coup que ça peut déclencher aussi au dessus. Une question qui découle de tout ça : comment reconnait-on, avec un sondage au bâton simple, la présence d'une couche fragile ?
KillaWhale

La réponse par un des meilleurs experts, Alain Duclos : youtube.com

Pour le déclenchement au-dessus, c'est important d'avoir en tête que c'est dépendant de l'inclinaison de la pente, on en parlait ici : skipass.com

Un exemple marquant : data-avalanche.org

PascalHagen

Effectivement, le test du bâton peut apporter des informations importantes sur la stratigraphie du manteau neigeux. Par contre, on ne peut pas détecter de manière sure et systématique une structure de plaque avec ce test. On peut en rater certaines.

Comme rappelé par Alain, le test du bâton a une faible résolution verticale (on ne détecte pas les fines couches fragiles) mais aussi, comme indiqué dans l'article, une faible résolution en force (on ne peut détecter de faibles variations de dureté entre, par exemple, une plaque friable et une couche fragile non persistante de neige fraîche).

Même des instruments sophistiqués avec des capteurs très sensibles n'arrivent pas à détecter certaines couches fragiles (e.g. frontiersin.org je préviens, cet article risque d'être prise de tête ...).

Merci pour vos retours sur l'article.

Pascal Hagenmuller

NobruDude J'ai essayé de lire l'article, mais j'ai explosé pas longtemps après l'intro :P :P ... mais j'ai quand compris, que même avec des "penetrometers" sophistiqués, on pouvait rater ces fameuses couches fragiles !! En gros, rien ne vaut une bonne discussion avec les pisteurs locaux qui ont l'historique de toute la saison, et qui font de carottages réguliers pour avoir une idée de la situation du spot ! :)
 

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Minizapi2 Il faut se concentrer pour lire ...
très interessant, la répartition des forces en fonction de la "dureté" et de la position des couches ....
Minizapi2 ttps://www.frontiersin.org/articles/10.3389/feart.2016.00052/full je préviens, cet article risque d'être prise de tête ...).
Je confirme. Comme NobruDude, J'ai perdu très rapidement le fil. Trop technique pour moi....
Je vais relire le premier article, plus neige à neige .
 

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eirikr Impeccable comme explication, je vais m'en servir pour les groupes que j'accompagne ! Merci beaucoup
 

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