Mise-à-jour du 22 novembre 2018 : Yoann souhaite remercier tous ceux qui ont participé à la cagnotte. Il a pu investir dans une paire de prothèses de vie courante, des pieds mécaniques composés de plusieurs lames de carbones et surmontées d'une articulation de cheville. Grâce à ceux-ci et au travail avec les prothésistes, il est retourné randonner en montagne. Avec un peu de bidouille (lame de carbone directement insérée dans la chaussure), il a aussi fait une semaine de ski sur piste en fin d'hiver dernier, et compte bien s'y remettre cet hiver :
« Il a fallu s'habituer à la glisse avec des pieds mécaniques, mais cette reprise fut assez magique dans le sens où j'ai toujours de très bonnes sensations de glisse, et ça fonctionne plutôt bien. A petite vitesse les efforts en rotation ne sont pas évidents, et je dois apprendre à modifier mes placements et/ou la manière "d'emmener" mes skis ; mais à grande vitesse j'en venais carrément à oublier mon handicap, du délire ! »
La campagne de dons est toujours active pour ceux qui souhaitent participer : Yoann doit toujours investir pour des prothèses sportives, dont le budget risque de monter très haut (en fonction des appareillages, notamment pour des pieds mécatroniques, plus efficaces que des pieds mécaniques mais aussi plus chers).
Article initialement publié le 9 février 2018.
Le cas d'accident que nous vous présentons est celui de Yoann, skieur et pisteur-secouriste de la station d'Abriès dans le Queyras. Emporté par une avalanche de grande ampleur l'hiver dernier, il a perdu ses deux pieds et a failli en mourir.
Aujourd'hui, doublement amputé, il tente de retrouver de la mobilité au moyen d'appareillages prothétiques. Malheureusement, ceux-ci ne sont pas totalement pris en charge par la Sécurité Sociale, voire pas du tout en ce qui concerne les prothèses sportives (on parle en dizaines de milliers d'euros).
Nous publions ici son récit pour deux raisons :
- Sensibiliser les skieurs sur le risque et les conséquences potentielles d'une avalanche, avec une analyse complète de l'accident (dans la lignée de la thématique "Sécurité" du magazine),
- Aider Yoann à retourner faire ce qu'il aime, de la montagne et du ski, grâce à la campagne de dons à laquelle vous pouvez participer. Celle-ci lui permettra de financer ses prothèses "de tous les jours", et d'investir dans des prothèses sportives.
L'article se divise en deux parties : tout d'abord son témoignage complet, puis l'analyse de l'accident au niveau des conditions nivo-météo, de la configuration du terrain et des facteurs humains.
Nous sommes le mardi 7 Mars 2017. Et, comme par habitude, nous allons goûter à la frénésie de la poudre du versant nord de la montagne de Gilly, au sommet d'Abriès, Hautes-Alpes. Il a neigé le dimanche 5 mars, environs 10 cm, et le lundi 6 mars, 20 cm, sous une perturbation d’ouest animée d’un vent tempétueux. Le BERA (Bulletin d'Estimation du Risque d'Avalanche) annonce un risque de 4/5, pour cause de plaques à vents. Comme souvent en cet hiver 2017, le manteau neigeux est miné. En tant que pisteur-secouriste alpin procédant aux sondages par battage chaque semaine, j’ai conscience de la nature du manteau neigeux.
La première couche au sol d’une dizaine de centimètres est composée de grains ronds (neige humide gelée), d’une dureté de 5 (béton !). Celle-ci est surmontée d’environ 5 cm de gobelets (givre de profondeur), mêlé à de rares grains ronds, de l’eau ayant percolé jusqu’à cette profondeur, puis gelé. Cette couche fragile datant du mois de novembre est enfouie sous les chutes de neige successives de l’hiver relativement doux, laissant une succession de couches de grains fins et de croutes de regel.
Malgré l’aspect dangereux du manteau neigeux par la présence de la dite "couche fragile" citée ci-dessus, sa résistance laisse place à la supposition de sa solidité, limitant la possibilité d’activation de la couche fragile. La grande question de la neige et sa dualité permanente entre cohésion/incohésion ; homogénéité/ hétérogénéité ; stabilité/instabilité [NDLR : nous skions tous parfois sur des couches fragiles, sans pour autant les "activer" car elles sont enfouies au fond du manteau ; il est actuellement impossible de déterminer exactement si cette activation aura lieu à un endroit et un temps donné, à moins d'aller le vérifier directement ; c'est la fameuse impossibilité de certitude à l'origine de l'idée que "le risque 0 n'existe pas"].
La partie objective de l’analyse du skieur est composée de suppositions, et d’avertisseurs issus d’observations du manteau neigeux et des évènements climatiques. A ceux-ci se marient les observations et ressentis du pratiquant lors de son analyse finale, révélant sa décision, demeurant subjective [NDLR : notamment à cause des facteurs humains, nous y revenons dans l'analyse].
Ce matin du 7 mars, mon ami Aurélien et moi décidons de monter voir la Grande Combe [NDLR : hors-piste "classique" d’Abriès, facilement accessible depuis les remontées et avec un retour en navette]. Après cinq minutes de marche au dessus du téléski de Ruibon nous y sommes. Il est 10 heures du matin. La pente est belle, mais semble chargée. Nous observons les résultats du PIDA fait par les pisteurs sur la crête de Gilly. Un PIDA positif mais ne présentant que des coulées de surface, dans une même orientation que celle vers laquelle nous allons, et ce dans des pentes globalement plus raides.
Nous constatons donc le risque de déclenchement de coulées de surface, mais sans y voir le risque de dégénération en avalanche de grande taille. Les deux combes d’entrée, de part et d’autre de la croix me semblent visuellement piégeuses car trop "chargées". Ces observations nous enlèvent l’idée d’aller vers la "dalle" ou le "couloir", pour ceux qui connaissent.
Nous pensons que l’itinéraire classique, moins raide, sera plus sage. Nous n’avons pas le même ressenti face à la manière d’aborder cette pente. Aurélien serait rentré au moins raide, sous la croix, alors que je préfère rentrer au plus raide dans les contre-pentes Nord-Est, ce qui me permet en m'y dirigeant de couper les deux combes de la zone d’entrée depuis le haut. Plus raides, mais moins chargées et que j’imagine alors éventuellement purger sous mes skis.
Habitant depuis des années juste en face de cette combe, au Roux d’Abriès, j’y suis très régulièrement et j'ai notamment skié plusieurs fois la même ligne au cours des semaines précédents l’accident. Ce matin là, rien ne me laissait ressentir plus de risques que ces dernières fois. Malgré notre vigilance, aucun signe ne nous fait craindre la montagne à ce moment, en tout cas rien de plus que ces coulées de surface que nous avons observées. Après concertation avec mon ami, je décide de m’engager dans la pente. Par instinct de protection, j’ai l’habitude de descendre en premier.
Je m’engage alors en skieur passionné âgé de 27 ans, pisteur-secouriste alpin et accompagnateur en montagne, stimulé par la magie de la glisse.
La face nord de la montagne de Gilly et le topo dessiné en pointillés de skitour, par Patdegap. Yoann s'est engagé plus à droite du sommet, vers les contre-pentes Nord-Est (la flèche rouge représente son trajet d'accès à la pente depuis le sommet, lors duquel il a testé le manteau en traversant les deux combes) :
En me dirigeant vers mon entrée depuis le sommet, une centaine de mètres, je coupe les pentes pour tester la neige. Celle-ci coule en surface, sèche, légère et peu frittée. En tant que skieur expérimenté, ces signes confirment mon ressenti , celui de pouvoir m’y engager sainement. Je m’arrête un instant au dessus de mon entrée. Sous mes skis la neige est de la même consistance. Je connais cette ligne et je sais que trois ou quatre virages plus bas, je peux sauter sur la gauche pour m’amuser, ou bien m’échapper si le manteau neigeux bougeait. Ceci étant la considération d’un freerider n’ayant naturellement jamais vécu d’avalanche de grande ampleur…
Face à celle-ci je n’ai rien pu faire.
Au troisième virage, je vois la fissure dans le manteau neigeux à peine un millième de seconde. Je tente alors de diriger mes skis vers la gauche pour fuir, mais je suis déjà spatules en l’air, aspiré sous la neige, instant d’une brutalité affolante. Je connais très bien cet endroit, alors j’essaye de comprendre où je suis, ce qu’il se passe. Après avoir dévalé ces contre-pentes (environ deux ou trois secondes), je me sens propulsé et accéléré. Effrayé par le bruit ahurissant du manteau neigeux qui se décroche, je tire la poignée de mon sac Airbag. Je comprends que ça a dégénéré, et que les combes sommitales viennent me "rejoindre" dans ma chute.
Vue du sommet, après l'accident. On distingue l'épaisseur de la cassure sommitale, et d'autres cassures bien plus bas sous les contre-pentes Nord-Est :
Je me sens nager vers le haut pendant que le sac se gonfle, puis je tape violemment le dos, le thorax et la tête en faisant une roulade avant. C’est alors que je me sens voler avec le front de l’avalanche. Ces moments sont très difficiles à retranscrire, l’avalanche est tellement puissante que je n’ai pas de sensations de mon corps, à part celles de mes mouvements dans l’espace.
A la réception de ce vol, je me sens en même temps violemment écrasé par le poids de la neige qui me suit, et propulsé particulièrement fort par la vitesse de l’avalanche qui continue sa course.
Les instants d’après sont tout doux, comme si les sensations de la matière s’étaient tout-à-coup éloignées de mon esprit. Je suis en train de perdre connaissance, jusqu’à ce qu’un grand bruit en moi me fasse revenir brutalement. Je me sens alors avancer à vitesse réduite quelques secondes, puis mon corps s’arrête. Je perçois la lumière un instant, et une vague de neige s’abat sur moi.
L’avalanche s’est arrêtée, je suis coffré et conscient quelques instants. Je sens mon corps, la tête vers le bas, sans aucune douleur à ce moment là. Je pense à mon ami Aurélien qui est au dessus et peut me sauver car je sais que je ne suis pas profond. Je pense à mon amoureuse que je ne conçois pas d’abandonner. Puis plus rien, plongeon direct dans l’inconscience…
Aurélien, resté en vigie au sommet, a vu le monstre se décrocher si brutalement. En un instant, toute la face fissure et se met en mouvement. A ce moment, il me voit disparaître sous la neige, skis en l’air. Puis il n’a plus vu qu’une masse affolante de neige entamer sa course folle et emmenant tel un château de cartes l’ensemble du manteau neigeux de cette large combe et de ses contre-pentes sur 600m de dénivelé. La plaque originale que je déclenche est épaisse de 30 à 40 cm, mais dès les premiers instants le manteau neigeux cède sur 1m à 1,50m de profondeur, au niveau de la couche fragile de l’automne.
Il part immédiatement en recherche grâce à son DVA et me retrouve en quelques minutes, 500m plus bas. Un ami guide de haute montagne, Nico, voit l’avalanche depuis la crête de la petite combe. Il rejoint Aurélien pour l’aider. Une fois mon signal trouvé et moi sondé à une cinquantaine de centimètres, ils se mettent à pelleter et découvrent quasiment en surface les ballons de l’airbag. Je ne suis pas loin !
Dans ces moments d’inconscience coffré sous la neige, mon esprit divague. J’ai l'impression d’être dans un mauvais rêve. Je prie pour qu’il s’arrête et que je me réveille chez moi aux côtés de mon amoureuse. Mais dans mon for intérieur, j’ai ressenti tout ça tellement fort que j’ai bien peur d’y être vraiment.
Vue depuis la zone de secours vers le bas de l'avalanche. A cet endroit, le dépôt est peu large mais à cause de la configuration du terrain, fait plusieurs mètres d'épaisseur :
Mes amis sont en train de me dégager et je commence à reconnecter avec la vie. Mais je sens l’ambiance douloureuse, mon besoin d’aide et je comprends que je suis bel et bien dans cette horreur. Aurélien et Nico constatent avec effroi mes tibias violemment brisés, ils ne voient pas mes chaussures et continuent très efficacement de me dégager, imaginant que mes pieds sont pliés en dessous de moi. Déjà la violence de ma blessure est troublante. Les pisteurs-secouristes de la station d’Abriès arrivent rapidement, alors que j’ai bien repris connaissance. Ensembles, après recherches, ils constatent que mes deux pieds ne sont pas en dessous de moi, mais ont été arrachés.
Malgré l’horreur et la détresse de la situation, ce secours a été exemplaire. Adrien et Alexis, les deux pisteurs que je connais, me font des garrots [NDLR : technique destinée à stopper une hémorragie dans un cadre d'urgence vitale], il est 10h52. Tous communiquent constamment avec moi et m’aident à tenir bon. Je n’ai que des souvenirs auditifs de ce secours, sans véritable échelle temporelle. J’alterne entre réponses pertinentes à mon entourage, détresse émotionnelle et physique, et mon esprit qui s’accroche à la vie. Je me suis véritablement senti partir pendant une bonne heure et demie jusqu’à ce que l’hélicoptère du PGHM arrive [NDLR : à cause de conditions de vol compliquées par la couche nuageuse]. Je suis effectivement en violent choc hémorragique, plongeant petit à petit en hypothermie.
J’ai résisté sans savoir quelle était cette force, parce que je ne voulais pas quitter la vie. Mes souvenirs s’arrêtent aux bruits de vibrations de l’air de l’hélicoptère. Je suis alors perfusé par la médecin et emmené à l’hôpital de Briançon. Quasiment vide de sang, à 29°C de température corporelle, mon voyage vers Briançon se fait avec le fort doute de ma survie [NDLR : l'hypothermie, bien que salvatrice dans certaines conditions, aggrave l'hémorragie].
Je suis réchauffé et transfusé à mon arrivée là-bas, en situation de "Near Cardiac Arrest". Miraculeusement, mon corps repart avec force. L’équipe médicale est ravie qu’il reste des ressources dans ce corps si abîmé. Je suis transféré à l’hôpital de Gap dans l’après-midi pour une opération d’amputation, ou plutôt pour rendre viables celles que l’avalanche m’a faites. Mes deux péronés ont été totalement arrachés. Mes tibias sont encore assez longs, bien que brisés, mais ma peau et mes tissus musculaires, sanguins et nerveux sont violemment déchirés et abrasés par la force de l’avalanche.
Malgré mon état physique très critique en cette fin de journée, ces deux chirurgiens m’ont très bien opéré, me sauvant les deux genoux en m’amputant soigneusement environ 12cm en dessous. Mon corps a replongé dans la détresse vitale en fin d’opération, les anesthésistes me relancent avec des stimulants cardiaques, puis me plongent dans le coma artificiel durant trois jours grâce à des hypnotiques. Comme ceux-ci me l’ont beaucoup dit et répété, j’ai le corps qui tourne comme une horloge et j’ai la chance d’être resté en vie.
Voici pourquoi j’ai l’envie de partager cette expérience avec d’autres montagnards qui pourraient aussi se retrouver au mauvais endroit au mauvais moment. Car il est difficile de se rendre compte de l’ampleur et la brutalité que peut avoir une avalanche.
J’ai la chance exceptionnelle d’être resté en vie grâce à un corps très entrainé et résistant, pourtant subissant des conséquences physiques lourdes. C’est étrange de savoir que ce jour de la mort du "Yoann avec ses pieds", j’ai eu la chance de ma vie, celle de survivre en faisant l’expérience de notre impuissance face à la montagne, tant conflictuelle face à la magie d’y être.
Le freeski est quelque chose de merveilleux. Après 9 ans de pratique du ski-alpinisme, dont 5 ans très assidus ici dans le Queyras, je ne peux que reconnaitre ma fascination pour ce sport, les ambiances que nous offrent la montagne, la création si magique et harmonieuse qu’est le ski en neige poudreuse. Pourtant je suis si conscient et blessé de la violence sournoise et effroyable de la neige, et ce pour le reste de ma vie. Je sais qu’il me faudra certainement bien plus de temps encore pour éloigner ce traumatisme et faire objectivement l’analyse de mon accident.
Mais je peux d’ores et déjà savoir et exprimer que la pratique du ski en poudreuse est bien souvent trop enivrante et hypnotique pour permettre au pratiquant une analyse et une prise de décision objectives quand à ses risques.
C’est comme si avec le temps, malgré une pratique réfléchie, s’enrichissant de la sagesse et du savoir acquis par les expériences, la régularité et la connaissance faisaient apparaitre le voile de la banalisation du risque. Pourtant conscient des risques liés a cet itinéraire, jamais je n’y aurais imaginé un départ d’aussi grande ampleur dans ces conditions. De plus, malgré ma connaissance du déclenchement de plaques en skiant, je n’étais pas conscient de la possibilité de se faire aspirer si brutalement par une avalanche.
Depuis l'accident, bien du temps est passé, et bien du mal s’est estompé. Malgré les conséquences physiques brutales de cet accident, je découvre que l’amputation est un handicap définitif, mais réversible par l’appareillage prothétique. Après un mois et demi d’hospitalisation et deux mois de cicatrisation à la maison, j’ai refait mes premiers pas le 20 juin. Malgré la complexité de la marche en double prothèse tibiale en comparaison avec la facilité de déplacement d’un corps valide ; l’expérience de ces derniers mois me montre que c’est possible. Le temps, l’acceptation, l’endurcissement de mes membres résiduels et l’acquisition d’un appareillage de haut niveau pourront très certainement me permettre des accomplissements surprenants [NDLR : pour aider Yoann à financer ses prothèses de vie et ses futures prothèses sportives qui lui permettront de rechausser les skis, c'est par ici].
Nous sommes revenus vivre au Roux d’Abriès cet automne. Je redécouvre le travail au bar dans un restaurant d’altitude. Je me réhabitue à la vie ici, et suis impatient de redécouvrir la pratique du ski. Malgré cette violente transformation dont mon corps gardera la trace pour toujours, je remercie la montagne de m'avoir laissé en vie.
Cet accident, comme beaucoup d'autres, montre très bien la difficulté d'appréhender le risque d'avalanche. Ceux qui vous diront "Mais c'est sur que ça craignait, c'était risque 4 !" prouveront qu'ils ne connaissent pas ou ne comprennent pas (ou les deux) les phénomènes d'avalanches, notamment le mécanisme de déclenchement d'une structure de plaque. Car, comme souvent, la situation est bien plus complexe qu'il n'y parait.
Yoann est pisteur-secouriste, il connait la station, il connait le secteur, il connait la neige et pourtant il s'est fait prendre dans un piège qui aurait pu être mortel. Que s'est-il passé ?
Comme lors de la soirée Safety First avec les trois cas présentés, nous allons analyser plusieurs variantes de l'accident que sont les conditions nivo-météo, le terrain et les facteurs humains. Nous regarderons également du côté du secours, dont le déroulement exemplaire a permis à Yoann de rester en vie.
L'hiver 2016-2017 est compliqué en terme d'enneigement, démontrant encore une fois que ce n'est pas parce qu'il y a peu de neige que le risque est moindre, c'est même plutôt le contraire : les longues périodes d'anticyclone, sans chutes de neige, sont propices à la transformation des cristaux et la formation de véritables pièges au sein du manteau neigeux, difficiles à appréhender.
Yoann le décrit très bien en début de récit, car il sait que c'est ce qui est à l'origine de l'ampleur de l'avalanche, et probablement de la gravité de sa blessure : une couche fragile "persistante", datant du mois de novembre, traine au fond du manteau.
Il le sait, et pourtant il a skié à cet endroit plusieurs fois dans l'hiver avant l'accident. Parce qu'il est inconscient ? Non, pas du tout : il y est allé parce qu'il a sondé le manteau, effectué des tests et estimé que cette couche était, après plusieurs chutes, suffisamment loin en profondeur dans le manteau pour ne pas être "activée". Et c'était le cas lors de ces passages : rien n'a bougé. Jusqu'au 7 mars.
Pour mieux comprendre, et parce que ça se complique un peu après, un petit rappel : qu'est-ce qu'une structure de plaque, à l'origine du déclenchement d'une avalanche ? Il s'agit d'une plaque de neige avec de la cohésion (formée par le déplacement de la neige par le vent - qui peut avoir un aspect "poudreux"), posée sur une autre couche de neige avec peu de cohésion : c'est elle qu'on appelle la couche fragile. Si la pente est supérieure à 30°, on obtient un ensemble qui peut se mettre en mouvement.
A gauche, le vent vient de derrière la crête. A droite, la couche bleue foncée correspond à la potentielle couche fragile (ou la couche en surface de laquelle une couche fragile a pu se former).
Seulement, pour mettre cet ensemble en mouvement, il faudra provoquer une rupture de la couche fragile, et que cette rupture se propage. Imaginez cette couche comme un château de cartes en équilibre, et qui s'il s'effondrait ferait office de plan de glissement pour la couche supérieure, la fameuse "plaque". Deux origines à cet effondrement sont possibles :
- Une modification des conditions nivo-météo (nouvelles chutes ou remontée des températures, toutes modifications de l'environnement qui peuvent alourdir l'ensemble), dans ce cas le départ est dit "spontané", ou naturel.
- Un élément déclencheur qui vient provoquer cette rupture : un skieur, ou bien une explosion lors d'un déclenchement PIDA, par exemple. Près de 90% du temps, lorsqu'un skieur est pris dans une avalanche, c'est lui-même qui l'a déclenchée.
Lorsque nous sommes en-dehors des pistes, nous skions parfois sur des couches fragiles enfouies. Et il n'y a pas une avalanche à chaque fois... Pourquoi ? Voici quelques-unes des raisons :
- Parce que la neige qui recouvre cette couche n'a pas de cohésion, et ne forme donc pas une plaque (typiquement, de la poudreuse fraîche, pas travaillée par le vent).
- Parce que la couche fragile est profondément enfouie, et n'est pas touchée par l'effet du poids du skieur sur la neige au-dessus d'elle (voir le schéma du "bulbe" ci-dessous).
- Parce que la couche fragile est touchée par cet effet du poids du skieur, mais ne se désagrège pas suffisamment pour créer une amorce de rupture qui mènera à une propagation de celle-ci (schéma de droite ci-dessous), avec comme conséquence le détachement de la plaque.
- Parce que la rupture a lieu, mais le terrain n'est pas assez pentu et la propagation de rupture de la couche fragile ne va pas jusqu'à des pentes à 30° (le fameux "Woumpf" de l'effondrement). Si elle y va, cela partira à cet endroit, c'est ce qu'on appelle un déclenchement à distance.
A gauche, le "bulbe" de pression au sein du manteau neigeux provoqué par le poids d'un skieur (Salomon Mountain Academy). A droite, mécanisme d'effondrement de la couche fragile, représentée par les chevrons (Météo-France, fascicule "Nivologie Pratique") :
Dans le cas de Yoann, lorsqu'il a skié plus tôt dans l'hiver la même pente, la couche fragile était déjà présente (neige datant de novembre, voir la nivose saisonnière ci-dessous), et la pente dans la zone de départ à plus de 30° (voir la carte IGN avec les inclinaisons dans le récit). Il n'a juste pas "activé" la couche fragile lors de ses passages (comme des dizaines d'autres skieurs probablement).
Et le 7 mars, que s'est-il passé ? Nous avons obtenu auprès de Météo-France une copie du BERA du jour. Le risque d'avalanche dans le Queyras passe de 4 à 3 d'Ouest en Est sur le massif. En raison des chutes de neige, plus importantes de ce côté, la partie Ouest du massif est en risque 4 "Fort", tandis que l'Est, où se trouve Abriès, est en 3.
A gauche, la nivose saisonnière la plus proche du secteur, au col Agnel. On distingue bien la longue période anticyclonique de fin novembre 2016 à fin janvier 2017, durant laquelle la couche fragile profonde s'est formée. A droite le bulletin complet pour le Queyras du 7 mars 2017 :
Si vous avez bien suivi nos articles sur la sécurité, vous savez que c'est dans le texte du bulletin qu'on trouve les informations les plus utiles. Alors, qu'est-ce qu'on y apprend ?
" - Déclenchements skieurs : Neige fraîche non stabilisée + plaques.
Les cumuls de neige vont du simple au double entre l'est et l'ouest du massif. La neige récente n'est encore que faiblement stabilisée et le vent violent de sud-ouest puis ouest et enfin nord-ouest a occasionné un important transport de cette neige légère.
--> Risque accidentel : le passage d'un seul randonneur est suffisant pour déclencher une avalanche, le plus souvent de type plaque friable. Il est difficile de conseiller des orientations, même si celles allant du nord au sud-est semblent les plus toxiques. Compte tenu des quantités de neige et du vent violent, de grosses cassures et de gros volumes sont à redouter. Méfiance dès que la pente se redresse."
Nous sommes sur un bulletin "normal" après une chute de neige : il y a eu des cumuls, il y a eu du vent, il y a des accumulations, il y a donc un risque de plaques "friables", c'est-à-dire avec l'apparence de neige poudreuse.
En revanche, le BERA indique que de grosses cassures et de gros volumes sont à redouter. C'est cet aspect du risque que Yoann a sous-estimé. Dans sa stratégie, il a mis des chances de son côté pour éviter les zones "chargées" par la neige récente, et réduire au minimum l'ampleur en cas de déclenchement. C'était une bonne idée, à condition de ne pas avoir un piège supplémentaire au fond du manteau.
Or, ce qui semble s'être passé, c'est que la première plaque qu'il a déclenchée (la cassure de 30/40cm de neige récente) a elle-même, sous son poids lors de l'effondrement et la mise en mouvement, activé la couche fragile plus profonde datant du mois de novembre. Celle-ci est plus homogène (c'est-à-dire répartie sur une plus grande surface), elle a donc mis en mouvement de grosses quantités de neige en s'étendant à toute la combe, avec une cassure de plus d'un mètre d'épaisseur à son sommet.
Un exemple à gauche (assez proche du cas que nous analysons) de successions de couches au sein du manteau neigeux, avec plusieurs éléments distincts (gobelets et faces planes en profondeur formant une couche fragile profonde, neige dure, croûtes de regel dont une fragile, re-neige dure, particules fragmentées formant une autre couche fragile plus récente, et enfin neige fraîche au sommet). A droite, le schéma illustre l'évolution des différentes instabilités et leurs origines en fonction du temps et des types d'avalanches en résultant :
Ce genre de situation est possible lorsque plusieurs couches fragiles se succèdent dans le manteau neigeux. La couche fragile profonde est rarement activée une fois recouverte d'une couche suffisante de neige, sauf si :
- Une grosse surcharge parvient à l'atteindre (ici la première plaque déclenchée),
- Avec la configuration du terrain, des chutes de neige successives et du travail du vent, l'épaisseur du manteau neigeux est localement plus faible, elle devient alors plus accessible (cas typique de déclenchement de gros volumes, par propagation de la rupture de la couche fragile depuis la zone peu épaisse jusqu'à des zones à gros cumuls - par exemple le cas de l'avalanche du col Emile Pic en 2015). L'avalanche peut alors atteindre une grande ampleur, surprenant la plupart du temps les victimes et témoins.
Ces déclenchements sont ainsi plus difficiles à anticiper et détecter, surtout qu'ils peuvent aussi avoir lieu en-dehors des périodes risquées "habituelles" (juste après des chutes de neige). Ceci explique notamment la mortalité tout de même remarquable par risque 2/5 (essentiellement en randonnée).
L'erreur d'appréciation du risque de Yoann et son compagnon venait sans doute de là : il y avait peu de risque qu'un skieur actionne seul la couche fragile enfouie, par contre que le mouvement d'une plaque au-dessus le permette était fort possible (les échelles n'étant pas les mêmes).
A titre d'exemple, une rupture et propagation de rupture d'une couche fragile homogène occasionnant un déclenchement à distance de plaques par des skieurs de randonnée en train de monter à gauche (source data-avalanche.org, Haute-Tarentaise en janvier 2015, photo : Pascal Arpin) :
Le hors-piste de "l'envers d'Abriès" est une descente classique connue des freerideurs, notamment les chasseurs de poudre qui suivent les retours d'Est.
Yoann y avait anticipé un risque de déclenchement "limité" (au sens pas un déclenchement de grande ampleur), il était donc prêt à s'échapper s'il le fallait, il avait ses "portes de sortie" en tête. Or l'ampleur de l'avalanche, déclenchant toute la combe, ne lui a laissé aucune chance. A la fois par sa soudaineté, mais surtout parce qu'il a été immédiatement "aspiré" par des tonnes de neige mises en mouvement.
Dans cette configuration, la grande combe fait office de piège mortel. Le terrain se resserre, il y a quelques rochers mais surtout des arbres sur les côtés et un goulet d'étranglement où la hauteur du dépôt devient vite importante (cinq à sept mètres sur cette avalanche à ce niveau).
Dans son malheur, Yoann a eu beaucoup de chance : il a réussi à déclencher son airbag, et on peut raisonnablement penser que celui-ci lui a permis de ne pas se retrouver enseveli plus profondément au moment du ralentissement de l'avalanche.
La CLPA, Carte de Localisation des Phénomènes d'Avalanche, à destination des communes pour la gestion du risque d'avalanche, recense les trajectoires et zones atteintes d'avalanches remarquables :
Connaissez-vous ce qu'on appelle les "facteurs humains" en prévention avalanche ? Nous les aborderons plus en détails dans un article dédié dès que possible, car il est capital de les connaitre et de les avoir en tête lors de vos prises de décisions. Pour les curieux et pressés, la traduction de l'étude du célèbre Ian McCammon par le non moins connu Alain Duclos est sur le site de l'ANENA : Avalanches et prises de décisions, les raccourcis qui tuent.
Voici un extrait de ce qu'on y lit :
"Comment en arrive-t-on à décréter qu'une pente est sûre alors même qu'il est évident qu’elle ne l'est pas ? On peut l'expliquer par l'intervention trompeuse de mécanismes inconscients ou de règles empiriques qui guident nos décisions dans la vie de tous les jours. De tels mécanismes fonctionnent bien pour gérer des risques quotidiens tels que ceux inhérents à la conduite automobile, à la traversée d'une rue, ou aux relations avec les autres.
Mais, comme nous le verrons, les avalanches sont un danger particulier, face auquel ces mécanismes sont inefficaces, voire dangereux. Ils nous mènent à une perception totalement faussée du danger, appelée " piège heuristique " par les spécialistes. Six mécanismes sont particulièrement connus pour intervenir largement dans la vie quotidienne :
> L'habitude ;
> L'obstination ;
> Le désir de séduction ;
> L'aura de l'expert ;
> Le positionnement social ;
> La sensation de rareté.
Parce que ces mécanismes marchent si bien, et parce qu'on y a recours presque tout le temps, nous sommes peu préparés à nous méfier d'eux, même quand il s'agit de prendre des décisions graves."
Dans le cas de Yoann, il semble d'après son récit et sa propre analyse qu'un de ces "pièges de l'inconscient" ait joué un rôle dans sa prise de décision de s'engager dans le hors-piste de la montagne de Gilly :
"-> Piège n°1 : l'habitude. Par le mécanisme de l'habitude, se sont nos actions passées qui guident notre comportement dans les situations familières. Au lieu de se creuser la tête pour imaginer à chaque fois ce qui est le plus approprié, on se comporte simplement comme on l'a fait auparavant pour une situation similaire. La plupart du temps, ce mécanisme est fiable. Mais quand le danger change alors que la situation reste familière, l'habitude peut devenir un piège.
Apparemment, il y a une tendance chez les groupes les plus entraînés à prendre des décisions plus risquées en terrain familier qu'en terrain nouveau. Une connaissance précise du terrain et des avalanches passées, ou l'effet des skieurs sur la stabilisation, ont certainement contribué à conforter cette tendance. Mais, étant donné le grand nombre d'accidents qui se sont produits en terrain familier, il apparaît que les groupes avaient largement surestimé la stabilité d'une pente connue. En somme, l'habitude semble avoir annulé les bénéfices tirés de l'apprentissage."
Ces "pièges heuristiques" ne doivent pas être négligés et nous vous conseillons fortement d'aller lire l'article de l'ANENA pour étudier le détail du fonctionnement des cinq autres car, Ian McCammon l'explique : "Environ 75 % des accidents se sont produits alors qu'il y avait au moins trois indicateurs évidents de danger, conformément à ce qu'ont déjà signalé plusieurs auteurs (Fesler,1980 ; Smutek, 1980 ; Jamieson & Geldsetzer, 1996 ; Atkins, 2000 ; Tremper, 2001)". De nombreuses prises de décisions sont ainsi biaisées par ces mécanismes, certaines pouvant être fatales.
Dans le cas de Yoann, vous vous demandez surement ce qui a pu causer sa blessure. Il ne le sait pas lui-même et ne le saura jamais exactement, mais il a quelques pistes : les skis ne seraient pas en cause puisqu'il les a perdus dès le début, et les médecins qui l'ont examiné pensent que ses tibias ont d'abord été brisés, avant que la force de l'avalanche ne lui arrache ensuite les deux membres, qui avaient alors moins de résistance.
Yoann était donc gravement blessé lorsque ses compagnons l'ont dégagé. Dans ces circonstances, il est impératif d'avoir un minimum de connaissances pour effectuer des gestes de premiers secours, sans lesquels il aurait décédé, et rapidement. Dans ce cas, il s'agissait notamment de faire des garrots, une technique non sans conséquences, à n'utiliser qu'en dernier recours de manière à stopper l'hémorragie. Le fait de savoir quoi faire permet aussi de garder son calme pour faire face à une situation d'urgence comme celle-ci en attendant l'arrivée des secours.
Comme pour le secours avalanche, le meilleur (et seul, à moins de faire partie du corps médical) moyen d'être apte à faire face à ce genre de situation est d'avoir effectué une formation de premiers secours. Ces dernières peuvent être faites par les pompiers ou des organismes tels que la Croix-Rouge, et pourront toujours être utiles un jour, pas seulement au ski.
Il est important de noter que les conditions météorologiques ont compliqué l'arrivée de l'hélicoptère du PGHM, une couche de nuages l'empêchant d'accéder à la zone de secours, ce qui explique que Yoann a dû attendre une heure et demi sur place avant d'être évacué vers l'hôpital de Briançon. Même isolé de la neige, on se refroidit vite dans une situation de détresse comme celle qu'il a vécue, c'est pour cette raison que sa température corporelle est descendue jusqu'à 29°C (hypothermie dite "modérée", à 1°C seulement de l'hypothermie "sévère") malgré les mesures prises par les pisteurs.
Une fois pris en charge par le PGHM puis les médecins, il était loin d'être tiré d'affaire car l'hypothermie a un effet aggravant en cas de traumatisme : elle entraine un dysfonctionnement des facteurs de coagulation, augmentant ainsi l'hémorragie, et le patient risque de passer en fibrillation ventriculaire, ce qui semble s'être passé à l'arrivée de Yoann à Briançon (le "Near Cardiac Arrest" qu'il évoque dans son récit). On peut dire qu'il revient de loin.
Exercice de médicalisation de victime d'avalanche lors du Congrès International de Médecine de Montagne 2018 de Champéry (nous vous parlerons bientôt plus en détail de cet aspect du secours avalanche) :
De nombreuses choses sont à retenir de cet accident. Tout d'abord, il montre encore une fois la complexité de la prévision du risque d'avalanche, notamment lorsque des couches fragiles persistantes sont présentes dans le manteau neigeux. Celles-ci peuvent rester des semaines sans être activées, se faisant enfouir de plus en plus profondément au fur et à mesure de l'hiver, devenant de moins en moins accessibles. Mais elles sont toujours là...
Il nous montre aussi la complexité de la prise de décision, avec nombre de facteurs qui pèsent dans la balance J'y vais/J'y vais pas. C'est quelque chose qu'il faut expliquer aux personnes ne connaissant pas cette discipline, surtout celles qui s'empressent de juger les skieurs s'aventurant en dehors des pistes. Parmi ces facteurs, on note l'influence importante des facteurs humains, ultimes biais lors de la prise de décision, qui peuvent toucher jusqu'aux plus grands connaisseurs de la neige et des avalanches.
Enfin, l'histoire de Yoann rappelle qu'on ne meurt pas forcément en étant pris dans une avalanche, mais que celle-ci peut toucher très durement notre intégrité physique. Cet aspect n'est pas toujours abordé lorsqu'on parle des avalanches, car on se concentre souvent essentiellement sur les statistiques de survie et les nombres de décès (en général en avalanche ou plus en particulier au niveau de l'utilisation des sacs airbags).
Il n'y a aucun moyen actuellement d'être à 100% sur d'être en sécurité en terrain montagneux enneigé, en revanche de nombreux outils sont là pour vous aider à mettre le plus de chances de votre côté : la formation et la connaissance, le matériel et son utilisation, l'entrainement régulier et enfin (surtout ?) le comportement lors de la pratique. A lire et relire à ce sujet, notre Guide du ski hors-piste, et plus généralement les articles de notre rubrique Sécurité.
Nous espérons que Yoann va prendre en main rapidement ses prothèses de vie qu'il vient de recevoir, et surtout qu'il réussira à avoir assez d'aide pour investir dans des prothèses sportives qui lui permettront de retourner profiter de la montagne. Pour l'aider, c'est par ici.
Nous le remercions d'avoir accepté de partager son histoire, malgré la douleur que cela peut provoquer de se replonger dans des souvenirs aussi difficiles.
Nous espérons que cette histoire et son analyse vous ferons réfléchir, et qu'elles vous aideront peut-être à prendre les bonnes décisions quand il le faudra.
Nous remercions également Fred Jarry de l'ANENA pour son aide et sa relecture.
29 Commentaires
les mots sont peu de choses mais ils témoignent de mon empathie et tentent de te donner un peu de courage (toi qui donne l'impression de ne pas en manquer)tous mes vœux de convalescence, de readaptation et de reussite dans ta nouvelle vie de tout cœur avec toi
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Je te souhaite le meilleur pour la suite, bon courage à toi. Respect.
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Merci à Yoann pour son témoignage je lui souhaite beaucoup de bonheur dans sa vie.
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ton récit est très très flippant
faut que cela serve
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[i]L'erreur[/i]
Je devrait terminer par ce point là tellement c'est le plus important. J'ai vu le cas sur un gars pris dans une avalanche, heureusement sans gravité, et l'exemple du cas décrit me semble de cette veine, même si elle a uen issue moins heureuse.. ou plus question de point de vue.
Par ce qu'il y a accident doit il y avoir erreur ?
La réponse est non, cent fois non. Il peut y avoir accident sans qu'il n'y ait erreur. Dès le récit de Yoann on voit poindre l'explication du facteur humain, de l'erreur d'appréciation. Peut-être y a t il eu erreur, mais rien dans ce qui est décrit ne permet de le dire. Et certainement pas l'accident.
Dire qu'il y a eu erreur parce que ça n'est pas passé, c'est comme dire qu'il n'y a pas eu d'erreur parce que rien n'est arrivé. Si on dit que le risque zéro n'existe pas ça n'est pas seulement pour dire - comme le soulignait Munter - qu'on ne peut pas connaitre tous les parametres, mais aussi pour dire que même en connaissant tous les paramètres l'issue n'est pas toujours prévisible.
il y a eu ces dernières années une tentative pour analyser les cas d'accident, enagger des discussions avec les victime pour comprendre les processus qui ont amené à l'accident. Ca a été un échec... parce que ça à tourné à la recherche de responsabilité et de culpabilité, et non à l'analyse, aprce que du coup les participant sont devenus des antagonistes qui ont soit cherché à se couvrir, soit se sont replié sur eux-même. Il est difficile d'accepté que l'occurence d'un risque peut ne pas être une faute, mais c'est consubstentiel de l'analyse du risque....
[i]la formation secourisme[/i]
Dans le cadre de mes formation d'encadant ffcam j'ai été amené à passer le PSC1 dans une ville moyenne de province, loin des montagnes... Le niveau de connaissance des problématiques montagne - traumatisme de la pratique montagne, gestion de l'hypothermlie... - y était absoluement nulle.
Je crois qu'on commence à voir apparaitre des formations spécifiques.. peut-être existent-elle depuis longtemps dans les massifs, faites part de votre expérience sur le sujet, je suis preneur de tout retour en la matière tellement je ne saurais pas réagir au cas décrti dans ce témoignage et dans bien d'autres.....
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Qu'importe l'engin pourvu qu'on ait l'ivresse de la glisse !
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bon courage yoann
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Je te souhaite tout de bon pour ce nouveau départ.
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