Ça y est, c'est l'hiver aujourd'hui ! Eh bien oui, nous sommes le 21 décembre, non ? Comment ça, vous trouvez que l'hiver a déjà commencé ?
A moins de débarquer d'un pays chaud ou d'avoir vécu dans une grotte isolée et climatisée le dernier mois, effectivement, vous aurez remarqué qu'un temps de type hivernal s'est établi dès le mois de novembre sur notre pays, et particulièrement, évidemment, sur les massifs montagneux.
Aujourd'hui, nous célébrons donc l'arrivée de l'hiver calendaire (l'hiver météorologique lui, ayant bien entendu déjà commencé), alors que le temps s'est "calmé" après une période bien perturbée. Ce temps calme va se maintenir cette fin de semaine et au moins ce weekend. Avant le retour d'un temps perturbé après Noël ? Affaire à suivre...
Avec la mise en place de ces conditions à dominante anticyclonique, c'est l'occasion de faire le point sur l'état de l'enneigement et d'établir un retour climatologique en ce début de saison hivernale.
Pour la météo "future", c'est par là, où en fin d'article : Météo Skipass.
A la suite de nombreuses, et parfois abondantes chutes de neige, l'enneigement s'est globalement amélioré de semaine en semaine depuis le début du mois de novembre. La grande majorité des domaines skiables peuvent se vanter de connaître un enneigement très correct, et même par endroits supérieur aux valeurs observées en moyenne un 20 décembre.
C'est notamment le cas des Alpes. L'enneigement peut être ainsi qualifié de "bon" à "très bon" et cela à toutes les altitudes. Il faut souvent remonter au dernier hiver très bien enneigé pour trouver des valeurs supérieures, c'est à dire à la saison 2012-2013.
Ainsi au col de Porte (38) en Chartreuse, à 1325 mètres d'altitude, véritable laboratoire d'observation du manteau neigeux, la hauteur de neige au sol était encore de 100 cm au 18 décembre pour une moyenne de 50 cm sur les cinquante dernières années.
Et la comparaison peut être retranscrite sur la quasi-totalité du massif alpin. Météo France estime en effet qu'en cette mi-décembre ce début d'hiver figure parmi les 20 à 25 % les plus enneigés, ce qui a permis à de nombreuses stations de faire des ouvertures anticipées de leurs domaines.
Autres massifs profitant d'un très bon enneigement : ce sont ceux des Vosges et du Jura. Ces massifs ont profité de l'absence de périodes perturbées durablement douces pour voir un joli manteau neigeux se constituer et ainsi limiter les "lessivages" qui les touchent parfois de plein fouet. On relève ainsi en moyenne 50 à 60 centimètres de neige vers 900/1000 mètres. Au-dessus de 1200 mètres l'enneigement est encore plus conséquent avec souvent 1 mètre à 1 mètre 50 de neige au sol.
Sur les Pyrénées, l'enneigement est comme souvent inégalement réparti. Il peut être qualifié de "bon" sur une grande partie de la chaîne, même si les hauteurs de neige ne sont pas aussi conséquentes que sur les massifs évoqués précédemment. Le mètre de neige au sol est ainsi souvent dépassé à partir de 2200/2300 mètres tandis que les sols sont blancs dés la basse-montagne. Exemple ici du côté des Pyrénées-Atlantiques :
En revanche, du côté des Pyrénées-Orientales l'enneigement reste clairement déficitaire pour la période. Particulièrement en gagnant la Cerdagne.
Du côté du Massif-Central, l'enneigement est globalement correct en moyenne-montagne. Mais il est souvent inférieur aux moyennes en basse-montagne en raison des différents redoux qui ont souvent donné de la pluie sur le massif. A titre indicatif, on relève souvent 50 à 70 cm de neige vers 1300 mètres du côté des Monts-Dore ou des Monts du Cantal. Les quantités sont moins importantes en gagnant l'Est et le Sud du massif.
Nous avons tenté de mettre "le paquet" dans toutes nos news traitant des conditions météorologiques avant comme après une chute de neige : le risque d'avalanche a été particulièrement élevé durant plusieurs journées (pas forcément consécutives). Cela est du aux forts cumuls, à la présence de couches fragiles datant des chutes de l'automne et au déplacement parfois important de neige par le vent au cours ou après les chutes.
Le résultat, des avalanches accidentelles parfois mortelles (six décès déjà pour cette saison en France), et d'énormes déclenchements préventifs par les pisteurs pour sécuriser les domaines. On ne va pas vous faire un dessin.
Dans tout les cas, ce mois de décembre tranche clairement avec les précédents. En effet, alors que les offensives neigeuses se succèdent depuis plus d'un mois, l'an dernier à la même période nous nous demandions « Où est la neige ? ». En effet, les deux derniers mois de décembre étaient particulièrement mauvais pour l'enneigement. Un record de douceur avait était établi en 2015, tandis qu'en 2016 c'est un record de sécheresse qui était observé.
Cette année, nous avons basculé du bon côté en terme de circulation météorologique (NLDR : sur cette période, et heureusement - certains secteurs approchaient d'une situation critique en terme de sécheresse, notamment dans les Alpes du Sud). Les perturbations sont nombreuses, et l'air frais est souvent présent malgré quelques redoux furtifs. En milieu de mois, les précipitations étaient ainsi estimées "excédentaires" par les relevés des stations Météo France sur les Alpes, le Jura et la majeure partie des Pyrénées :
L'origine de ce bon début d'hiver est claire : une situation météorologique particulièrement favorable (NDLR : pour la formation d'un manteau neigeux intéressant pour la pratique du ski, n'oubliez pas que nous restons des skieurs, par conséquent météorologiquement biaisés car neigeo-centrés). C'est un exemple de plus que climat et météorologie sont situés à des échelles bien différentes : un événement ponctuel ne pouvant pas être pris en illustration pour étudier un changement global.
L’événement météorologique de ce début d’hiver est le suivant : l'anticyclone des Açores, qui était venu camper sur notre pays avec une situation de blocage ces derniers débuts d'hivers, a décidé cette année de se rétracter vers le proche-Atlantique. Les descentes fraîches et perturbées dans un courant d'Ouest à Nord-Ouest et même Nord se sont donc succédées depuis le mois de novembre. Exemple sur la carte ci-dessous (modèle GFS au 30 novembre) :
Les hautes-pressions sont situées entre Açores et Irlande (champs de pressions autour de 1030 hectopascals, couleurs chaudes) tandis que des dépressions en provenance de Scandinavie sont présentes de la Pologne au Bénélux (champs de pressions autour de 1000 à 1005 hectopascals, couleurs froides). Dans ce contexte, une masse d'air froid et humide descend de la mer du Nord vers la France (NLDR : n'oubliez pas, les anticyclones tournent dans le sens des aiguilles d'une montre, les dépressions dans le sens inverse, formant des flux entre eux, tels des engrenages - l'axe de ces flux déterminant quel massif sera favorisé lors des chutes de neige).
Les massifs qui tirent surtout partie de cette situation sont les Alpes du Nord, le Jura et les Vosges. Cette situation se répétant souvent depuis quelques semaines, cela explique le très bon enneigement de ces secteurs. Les Pyrénées ont elles profité de chutes de neige en courant de Nord, moins régulières, mais souvent marquées.
L'enneigement à Val Thorens, à quelques semaines d'intervalle (Thibaut Loubere) :
En clair : ce début d'hiver a été marqué par une succession de situations météorologiques favorables à la très grande majorité des massifs français.
Nous avons eu de fréquents flux d'Ouest à Nord-Ouest pour enneiger les Alpes du Nord, de fréquents flux de Nord à Nord-Ouest pour enneiger les Pyrénées, les Vosges, le Jura et encore les Alpes du Nord, un épisode d'Ouest à Sud-Ouest très actif pour enneiger les Alpes du Sud et même un beau retour d'Est début-novembre pour enneiger le Queyras ou la Haute-Maurienne qui ont un climat très particulier.
Comme on aime bien le répéter quand la situation est délicate en début d'hiver, on va le préciser ici également : le type de temps que l'on retrouve en novembre-décembre ne se maintient pas systématiquement jusqu'au mois de mars. Et on l'a déjà vu par le passé.
Exemple ici, toujours au col de Porte (38) lors de la saison hivernale 1996/1997 (en ligne continue noire) :
Lors de cet hiver 1996/1997, l'enneigement est clairement au-dessus de la moyenne au début du mois de décembre. Puis la tendance a été anticyclonique durant le reste de l'hiver avec, pour conséquence, un enneigement qui devient inférieur à la moyenne dés la fin du mois de janvier et pour le restant de la saison hivernale. Il apparaît donc délicat de dire de quoi le reste de l'hiver sera fait.
Mais tout de même, nous pouvons rester positifs : la sous-couche est là au-dessus de 1700-2300 mètres en fonction des secteurs et des versants. Jusqu'à quand va t'elle tenir ? Mars ? Avril ? Mai ? Impossible à dire. Ces prochains jours sont d'ailleurs placés sous le signe d'un temps sec et majoritairement ensoleillé. Les nuits froides permettront aux dernières stations de ski manquant un peu de neige de faire tourner les canons à neige, et elles limiteront clairement la fonte (en revanche, les nuits claires et froides sont propices à la formation de couches fragiles...). Cette fonte se limitera aux versants Sud très exposés grâce au soleil bas de décembre.
Autant nous nuancions ci-dessus pour ne pas risquer de vous décevoir plus tard dans la saison (parce qu'au delà de 10 jours, c'est du chamanisme), autant nous avons une bonne nouvelle : la situation anticyclonique semble être amenée à se terminer pour la France et ses massifs à partir du milieu de la semaine prochaine.
Nous vous en parlions ce matin, les centres d'action vont bouger, avec une rétractation de l'anticyclone et l'arrivée d'une dépression mettant en place ce qui, dans les modélisation actuelles, provoquerait un flux de type Nord-Ouest aux alentours de jeudi prochain.
C'est loin, mais nous nous permettons d'en parler car cela permet de vous présenter avec le magnifique GIF ci-dessous la modélisation météo à échelle globale et les mouvements des centres d'action lors des prochains jours dans l'hémisphère nord. Comme vous pouvez le voir (modèle GFS, meteociel.fr), les dépressions (couleurs froides) qui amènent des précipitations livrent une bataille permanente avec les anticyclones (couleurs chaudes). Elles tentent de descendre du pôle pour atteindre les régions tempérées comme les nôtres et déposer le fameux or blanc (c'est beau hein ?).
En résumé, le modèle définit les quantités de précipitations qui vont tomber (sous forme de pluie), et en fonction de la température qu'il prévoit, il estime à quels endroits celles-ci se feront sous forme de neige et les cumuls correspondants.
Cette prévision ne tient pas compte ni des effets des micro-climats locaux, ni de l'action du vent, ni du tassement de la neige sur elle-même au cours d'une chute. Cela explique les différences entre les chiffres "automatiques" annoncés et les relevés sur le terrain.
En revanche, ces effets sont pris en compte dans les prévisions de Thomas, les fameux bulletins neige, mais qui sont impossible à réaliser avec précision à une échéance de plus de un à deux jours avant la chute.
On se retrouve donc la semaine prochaine pour voir ce qu'il sera advenu de cette potentielle future chute. De bonnes fêtes à tous, et soyez prudents.
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