L'ANENA, l'Association Nationale pour l'Etude de la Neige et des Avalanches, est une association de loi 1901 reconnue d'utilité publique. Elle avait été créée suite à la tragique avalanche de Val d'Isère de 1970 qui avait atteint un centre de vacances et fait 39 morts. Depuis, l'ANENA a pour objectif "de faire progresser la sécurité par la prévention des risques liés à la neige et aux avalanches". Pour cela, elle dispense des formations aux professionnels de la montagne mais aussi aux pratiquants, et elle sensibilise au danger d'avalanche lors de conférences à thèmes.
Pour l'hiver 2016-2017, l'ANENA, en difficultés financières, a demandé l'aide du public sous la forme d'un crowdfunding (plus d'infos en fin d'article). Cet argent récolté a déjà permis la création d'une plateforme de réservation pour les formations qu'elle organise.
Pourquoi se former ? Tout d'abord pour mettre des chances de son côté et éviter de se retrouver dans une situation d'accident d'avalanche, et ensuite pour savoir réagir si jamais cela se produit.
Il n'y a besoin de s'éloigner beaucoup des pistes ou de skier dans de grosses quantités de neige fraîche pour prendre des risques : de petites contrepentes dans des hors-pistes "de proximité" peuvent se transformer en véritables pièges selon la configuration du terrain (comme le triste exemple de Serre-Chevalier), tandis que le travail du vent peut rapidement former de grosses accumulations.
De nombreuses idées reçues créent un faux sentiment de sécurité en hors-piste sur les domaines skiables (le fameux "je n'ai pas besoin de DVA, je fais juste du bord de piste"), notamment à cause de la présence des secours à proximité et du déclenchement préventif des avalanches. Seulement, nous ne le répéterons jamais assez, le déclenchement ne concerne que les pentes pouvant mettre en danger des pistes. Les autres ne sont pas sécurisées, parfois juste à côté de celles-ci, quand elles ne donnent pas dessus directement.
L'avalanche qui a tué un jeune snowboardeur à Serre-Chevalier en décembre 2013 (fiche complète sur Data-Avalanche) :
Ce sont des faits statistiques expliqués par Fred Jarry de l'ANENA dans son bilan des accidents d'avalanche de 1971 à 2015 : les victimes pratiquant le hors-piste sont moins bien équipées en DVA que celles faisant de la randonnée (45% contre 85% environ).
Cette différence d'équipement, liée à la proximité des pisteurs-secouristes, provoque une différence dans l'origine du secours des victimes d'avalanche : ces dernières, en hors-piste, sont retrouvées essentiellement par les secours organisés (85%) avec les diverses méthodes de recherche, DVA, chien, sondage, indices de surface, etc. En randonnée, au fil des années, ce sont les compagnons qui ont pris le relais des secours (plus de 45% des victimes retrouvées), essentiellement au DVA, technique la plus rapide.
Les compagnons sont ceux qui peuvent agir le plus vite lors d'un accident d'avalanche. Vous avez déjà joué un petit peu avec votre DVA dans votre salon ? Cela ne suffit pas. Prévenir les secours, organiser le sauvetage en attendant leur arrivée, sécuriser les personnes non emportées, prodiguer les gestes de premiers secours, tout ça ne s'improvise pas ! Être bien équipé et formé, et partir avec des compagnons qui le sont également permet de mettre le plus de chances de son côté.
Depuis plusieurs années, l'ANENA essaie donc de faire de la prévention auprès des pratiquants du hors-piste pour les sensibiliser et les former. Les formations qu'elle dispense permettent de connaitre mieux ces dangers liés à la neige et les éviter, mais aussi d'être prêt à intervenir sur un accident grâce à des entrainements sur le terrain : durant ces journées, vous serez confrontés à différents scénarios de secours en avalanche.
Six personnes travaillent à l'année à l'ANENA pour lui permettre d'accomplir sa mission. Fortement subventionnée par l'Etat à ses débuts dans les années 70, il ne reste désormais presque plus rien de ces aides, et l'association a du mal à trouver un équilibre financier.
Les sources de revenus de l'association se trouvent actuellement :
- Dans la formation des professionnels, notamment les pisteurs maîtres-chiens et les pisteurs artificiers, mais aussi les moniteurs de ski,
- Dans la formation des pratiquants,
- Dans les ventes de leur boutique : revue Neige et Avalanches, DVD, livres, etc.
Nous avons eu plusieurs fois des commentaires arguant que les formations à la sécurité en montagne devraient être gratuites. De notre point de vue, c'est impossible, à moins que l'Etat les subventionne mais à quel titre ? Déjà que de nombreuses voix grognent régulièrement contre le secours gratuit en montagne, si en plus on leur demande de payer la formation des pratiquants pour ce qui n'est au final, qu'un loisir, ça risque de devenir compliqué.
Enfin, les prix des formations de l'ANENA sont tout-à-fait abordables (25€ pour un DVA 1) par rapport au coût global de la pratique du ski, et même une formation de deux jours où vous êtes emmenés et hébergés coûte moins de la moitié du prix d'une bonne caméra embarquée...
Depuis le début du mois de décembre, l'ANENA a mis en place une nouvelle plateforme de réservation pour ses formations. Il y en a plusieurs, avec différents niveaux, objectifs et durées, les voici ci-dessous (prix variables selon le nombre de stagiaires et la structure de formation, notamment des réductions pour les adhérents ANENA, et vous pouvez aussi contacter Fred Jarry directement pour organiser votre propre formation, de 6 à 8 personnes). A vous de choisir celle qui vous conviendra le mieux :
Objectifs :
=> Être capable de gérer seul une situation de recherche et de dégagement d'une victime d'avalanche,
=> Être capable de participer efficacement à une recherche collective gérée par un leader.
Formation d'une demi-journée, 25€, niveau débutant.
Objectifs :
=> Être capable de gérer une situation simple de multi-ensevelissement en avalanche,
=> Être capable d'organiser un sauvetage de victimes d'avalanche avec son groupe.
Formation d'une demi-journée, 30€, niveau intermédiaire/confirmé, pré-requis : DVA 1 ou équivalent.
Objectif :
=> Acquérir les bases de la gestion du risque d'avalanche en hors-piste/freeride/ski de randonnée/rando raquettes : nivologie pratique et sécurité dans les pentes/terrain enneigé.
Formation d'une journée, 70€, niveau intermédiaire, pré-requis : "une pratique autonome de la pratique concernée et une connaissance de son matériel de sauvetage".
Objectifs :
=> Être capable de se déplacer en sécurité en milieu enneigé, en groupe, en comprenant le sens des consignes du leader et en les appliquant.
=> Être capable de participer efficacement à un secours en avalanche avec DVA/sonde/pelle.
Formations de deux jours avec demi-pension, 170€, niveau intermédiaire, pré-requis : "Être autonome en randonnée à skis en terrain montagne de difficulté moyenne (niveau S2). Avoir des bases en cartographie (savoir lire une carte) et en sauvetage avalanche (savoir mener une recherche simple de victime d'avalanche avec DVA, sonde, pelle)".
Objectif :
=> Être capable de se déplacer en montagne enneigée, en adoptant les bonnes stratégies de gestion des risques et en optimisant sa trace.
Formation de deux jours avec demi-pension, 170€, niveau confirmé, pré-requis : "Être autonome en randonnée à skis en terrain montagne de difficulté moyenne (niveau S3.1). Avoir des bases solides en nivologie (connaître les fondamentaux sur la neige et les avalanches, savoir utiliser son matériel de secours) et en cartographie (lecture de la carte, orientation)".
A côté des formations, l'ANENA organise de nombreuses conférences et débats autour de différents thèmes, à retrouver au cas par cas et par région sur leur site.
Cette année à Grenoble ont été lancées les ANENIGHT, quatre soirées thématiques autour de la sécurité en montagne qui ont lieu à l'Auditorium de l'Office du Tourisme. Les deux premières ont eu lieu en novembre et décembre, voici les deux qu'il reste :
- Jeudi 19 janvier 2017 : "Sauvetage avalanche en autonomie". Une conférence pour répondre à la question suivante : quels sont les étapes clés et les procédés que je dois suivre pour mener à bien un sauvetage avalanche en attendant les secours ?
- Jeudi 9 février 2017 : "Analyses d'accidents d'avalanche : quels rôles ont joué les connaissances techniques et l'humain dans différents cas d'accidents ?".
Des journées complètes de cycles de conférences appelées "Journées Sécurité Neige et Avalanches" sont organisées par l'ANENA. La prochaine prévue aura lieu à Chambéry le samedi 14 janvier 2017.
L'ANENA a besoin de votre aide pour mener à bien plusieurs projets :
- Mettre en ligne un portail d'accès aux formations et conférences destinées au grand public pour faciliter l'inscription et l'organisation (il est en ligne, ça y est !),
- Créer un outil interactif pour tester soi-même ses connaissances sur la neige et les avalanches, qui permettra de s'orienter vers la formation adéquate,
- Financer la formation annuelle des pisteurs maîtres-chiens d'avalanche.
Il reste seulement quatre jours pour pouvoir participer au crowdfunding mis en place par l'association. Les contreparties sont intéressantes et une partie des dons est soumise à déduction fiscale, n'hésitez pas !
Vous, nous, sommes tous des pratiquants du hors-piste et de la randonnée, et à ce titre nous prenons tous des risques dans notre pratique du ski. Il nous tient donc à coeur de relayer les actions de prévention de l'ANENA. C'est même un devoir de notre part, alors que la plupart des images et vidéos de nos articles montrent des skieurs dans des zones potentiellement dangereuses mais qui ont les connaissances et compétences nécessaires pour s'aventurer dans ces endroits (en tout cas nous l'espérons).
Toute l'équipe Skipass - 1997 Media participera d'ailleurs à une journée de formation avec l'ANENA début janvier. Ce sera l'occasion de vous raconter comment se passe une de ces journées et ce qu'on y apprend ! Sachant, bien sur, que rien de remplace la pratique sur le terrain, mais cela motivera peut-être les plus réticents.
Et pour les skieurs et montagnards aguerris, qui ont déjà fait des formations, n'oubliez pas que rien n'est acquis et les connaissances, ça s'entretient ! Un bon rappel de temps en temps, c'est-à-dire au minimum à la veille de chaque hiver, ne fait jamais de mal. Ce n'est pas pour rien que les secouristes font des recyclages tous les ans.
Pour finir, nous tenons à insister sur le fait que la prévention effectuée en France semble porter ses fruits : le nombre de décès par avalanche n'augmente pas, et ce depuis plus de trente ans. Nous laissons à ce sujet la parole à Fred de l'ANENA en reprenant sa conclusion du bilan des accidents d'avalanche de l'hiver 2015-2016 :
"Il y a une tendance globale : la stabilité dans le temps du nombre moyen d’accidents mortels et de décès par avalanche, en France, comme dans le reste de l’arc alpin (NDLR : alors que le nombre de pratiquants en hors-piste et randonnée, lui, explose).
Cependant, il est important de noter que bon nombre d’accidents, parfois mortels, trouvent une part de leur origine dans des causes qui relèvent des bases de la prévention. Il semble encore nécessaire de rappeler que lorsque l’on souhaite sortir en terrain non sécurisé, il est fortement recommandé :
- de ne pas le faire seul mais pas en trop grand nombre ;
- d’être équipé d’un DVA, d’une sonde et d’une pelle (à minima d’un réflecteur Recco) ;
- d’éviter/renoncer aux secteurs (orientations, altitudes, etc.) clairement énoncés dans le BERA du jour."
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