Construire des skis : Dynastar et Rossignol

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Construire des skis : Dynastar et Rossignol

En trois épisodes, nous vous offrons une plongée dans le monde de la fabrication des skis. On commence par une visite de l'usine Dynastar à Sallanches. 
article Mag des marques

Nous vous vantons les mérites de toutes les nouvelles technologies dans nos dossiers matos, mais un petit retour aux sources s'imposait pour mieux comprendre ces engins qui glissent et nous procurent tant de plaisir. Nous nous sommes posés une question toute simple : comment fabrique-t-on des skis ? Si le sujet avait déjà été abordé dans notre magazine, nous avions envie de pousser un peu plus loin. Et ce n'est pas Dr Matos qui s'y opposera. 

L'idée était de comparer la fabrication des skis à différentes échelles de production, de la grosse usine au petit shaper. Après quelques recherches, notre choix s'est porté sans hésiter sur l'usine Dynastar à Sallanches, l'atelier de la Fabrique du ski à Saint Pierre de Chartreuse et enfin Peter Steltzner, l'artisan qui se cache derrière Rabbit on the Roof.

Ce dossier sur la fabrication des skis s'articulera donc autour de trois articles explorants trois visions du ski complémentaires, et nous attaquons tout de suite avec le premier volet, consacré à l'usine produisant la majorité des skis du groupe Rossignol.

Mise-à-jour du 30 novembre 2016 : à la demande de Dynastar, nous avons enlevé certains passages et photos qui montraient trop de détails des processus de fabrication.  

L'usine Dynastar : quelques chiffres

Sans tergiverser, nous avons décidé de visiter l'usine "historiquement" Dynastar à Sallanches, au pied du Mont Blanc, qui est la dernière à produire des skis de manière industrielle en France. Construite en 1963, rachetée par Rossignol en 1967, l'usine qui fêtera ses 55 ans l'an prochain, manufacture encore aujourd'hui entre 900 et 1300 skis par jour pour les marques du groupe Rossignol : Dynastar et Rossignol. 

150 salariés ainsi qu'entre 30 et 50 intérimaires sont employés pour faire tourner cette grosse machine qui fonctionne 24/24h avec une organisation du travail en 3x8. Le pic de production se situe d'avril à fin octobre afin d'assurer la livraison des commandes des nouvelles collections aux magasins à l'automne. 

Le site de production s'étale sur 22 000m2. Un projet d'envergure sur 3 ans prévoit la modernisation et une réorganisation de certaines parties des bâtiments d'ici le printemps 2018. L'objectif est de garantir les engagements et les valeurs défendues par le groupe concernant la fabrication de ses produits : sécurité, qualité, délais et productivité

Pour des raisons évidentes de temps (il faudrait 2 jours pour faire le tour !), nous sommes passés plus ou moins rapidement sur certaines étapes d'usinage des skis, en nous concentrant sur les plus pertinentes.  



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En amont de la production

La production industrielle est la fin d'un processus, enclenché des mois ou plutôt des années auparavant, par l'idée d'un nouveau ski. Cette idée est étudiée et développée dans les bureaux de Recherche et Développement du groupe Rossignol, ici installés à Moirans (Isère). C'est aussi là-bas qu'on trouve l'atelier de prototypage et le service racing. Ils créent des modèles de skis sur mesure pour les athlètes et les prototypes des futurs skis.

Ces prototypes sont ensuite testés, modifiés, re-testés, re-modifiés et re-testés jusqu'à qu'un résultat convienne. Lorsqu'une idée assez précise du futur ski est établie (programme, lignes de côte, shape, sérigraphie, etc.), des échantillons en petite série sont produits au début de l'hiver en cours pour être envoyés sur les salons et les ski-tests non publics, réservés aux professionnels. 

Les personnes de ces services travaillent "en avance". Ils sont en décalage permanent avec les modèles qui sortent dans les magasins. Alors que les skis de 2016-2017 sont dans les rayons depuis quelques semaines, les modèles de l'hiver 2017-2018 que vous verrez en magasin l'année prochaine sont en cours de validation, et certains travaillent déjà sur les prototypes de l'hiver 2018-2019, voire plus loin.   

Les nouveaux modèles de l'hiver suivant sont donc présentés aux journalistes durant l'hiver en cours, et une fois validés, partiront en production au mois d'avril (dans le cas de Dynastar et Rossignol en tout cas). Les salons professionnels comme ISPO permettent aux marques de recevoir les commandes de leurs clients (distributeurs, magasins, stations, écoles de ski, etc.) et lancer des productions en fonction de la demande. Des réajustements sont ensuite effectués durant l'été ou l'automne. 

C'est cette production, de série et à grande échelle, que nous allons vous présenter maintenant. 

Préparation des éléments

Les skis sont fabriqués à l'unité, par modèles. Les paires sont établies à la fin du processus de fabrication. La construction d'un ski se fait en trois grandes étapes : la préparation des différents éléments, leur assemblage (le moulage), puis la finition du ski pour le rendre skiable. Chaque élément du ski est donc travaillé dans un atelier particulier à partir de la matière première, avant d'être ensuite envoyé au moulage. 

La semelle

Les semelles arrivent en gros rouleaux et sont découpées à la forme du ski. Les opérateurs découpent également des "die cut", les motifs que vous voyez parfois comme la forme des sommets sur les semelles des Cham. Ces parties colorées sont ensuite insérées dans l'espace prévu par les opérateurs. 

Les carres

Comme la semelle, les carres arrivent en gros rouleaux et sont "brutes". Elles doivent subir plusieurs traitements avant de pouvoir être utilisées. 

Elles sont ensuite coupées à la bonne longueur, puis à l'aide d'une machine un opérateur leur donne la forme souhaitée aux extrémités pour suivre la forme de la spatule ou du talon du ski, ainsi que la fameuse "taille de guêpe" des skis paraboliques. Enfin, il contrôle leur forme à l'aide d'un gabarit. 

Sérigraphie et topsheet

Nous différencions les deux termes, bien qu'ils soient indubitablement liés : le topsheet est la dernière couche sur le dessus d'un ski, un plastique qui fait office de protection. La sérigraphie, elle, est le dessin que vous voyez sur vos spatules lorsque vous skiez. Parfois les deux sont séparés : une couche de papier avec la sérigraphie est intégrée entre les fibres et un topsheet transparent. 

Chez Dynastar et Rossignol (et plus généralement dans la production industrielle) la sérigraphie est intégrée au topsheet par un procédé de transfert de laque. Le topsheet, qui arrive en gros rouleaux, est en polyglass, un plastique transparent. L'opérateur va utiliser des cadres, disposés tour-à-tour sur la machine effectuant le travail, qui servent à transférer la laque à l'endroit précis où il le souhaite. 

Chaque couleur nécessite un transfert de laque différent : plus un topsheet est coloré, plus l'opération est complexe et nécessite de cadres, sept au total pour le ski que nous avons observé. Différentes laques sont donc utilisées, avec différents temps de séchage entre chaque couche. Les couches sont appliquées de "haut en bas" par rapport au dessin, du dessus jusqu'au fond. 

Les noyaux

Une partie de la production des skis se fait avec des noyaux en bois. Cette étape est en grande partie automatisée, avec une chaine de machines qui transforme des pièces de bois lamellé-collé en noyaux usinés prêts à être moulés. Les noyaux sont en frêne, hêtre mais aussi paulownia, un bois très léger, pour les skis de rando. 

Arrivé en cubes de bois bruts, ils sont progressivement taillés de manière à économiser le plus de bois possible en réduisant les chutes. Cette première ébauche est ensuite usinée pour être mise à la forme précise recherchée en longueur, en largeur et en épaisseur, avant d'être numérotée. A certains noyaux bois, on associe déjà des chants et/ou des fibres en vue du moulage. Les chants sont en bois, ABS (plastique) ou mousse (en ski alpinisme), voire en tri-matières avec la technologie Powerdrive (ABS, titanal et matière visco-élastique). 

Réunion des éléments

Une fois prêts, tous les éléments sont triés et stockés. Ceux nécessaires pour la construction d'un modèle précis sont ensuite réunis pour le moulage sur une grosse étagère roulante qui va être emmenée en direction des presses. 

Le moulage

Le moulage est la partie la plus importante : tous les éléments sont assemblés entre eux et le ski à proprement parler est créé. Deux processus de moulage, utilisant des machines différentes, sont utilisés dans la production industrielle : le moulage "en sandwich" et le moulage "injecté".

La construction traditionnelle, dite "sandwich"

C'est la construction la plus classique et la plus répandue : le ski est formé de plusieurs couches superposées comme dans un sandwich (d'où le nom !), enduites chacune de résine avant d'être pressées et chauffées. Comme dans la recette de grand-mère, 10 ou 15 minutes au four et PAF, quand on ouvre, on a un ski. 

Un seul opérateur s'occupe d'une presse, et c'est une tâche difficile. Il doit empiler dans le bon ordre dans un temps défini plusieurs éléments : semelle, carres, pièce de caoutchouc, fibres, Zicral (alliage aluminium), pièce talon, noyau, chants, renfort spatule, topsheet, etc.  

Une fois tous les éléments prêts, la presse se referme et le minuteur est lancé. Lorsqu'on ouvre, on a trois skis ! Enfin, pas encore... Ils partent à la finition, où ils doivent être détouré des chutes de fibres et autres composants, avant d'être "rendus skiables". 

La construction en noyau injecté

C'est un autre procédé de fabrication. Comme avec le sandwich, les éléments sont d'abord disposés dans la presse, mais ils sont moins nombreux : pas de metal en général et pas de noyau en bois. La presse est un peu différente : une fois refermée, un tuyau qui vient du plafond est branché par l'opérateur sur le côté de la presse, et vient injecter de la matière plastique dans le ski. L'opération, de quelques secondes, est répétée pour chaque ski. Le temps de "cuisson" est plus court et la température moins élevée que le moulage sandwich.

On pense souvent que ces skis sont forcément des skis faciles à skier, destinés au grand public, avec peu de caractère, mais ça dépend directement de ce que vous mettez dedans. Tous ceux qui ont déjà skié un B-Squad Pro de Rossignol savent de quoi nous parlons. Avec deux plaques de metal en plus, ça reste un ski "costaud"


La finition

Meules et bandes abrasives

La finition se fait en plusieurs étapes. Le ski sort entouré de débris, chutes de fibres et résine, qu'il faut enlever, sans l'abimer. Tout a été automatisé : le ski passe dans deux chaines qui vont à la fois enlever ces résidus mais aussi s'occuper des carres pour leur donner un premier affutage et faire une structure à la semelle. Car une semelle "brute", lisse, ne glisse pas, ce sont les micro-stries qui la composent, faites par la structure, qui permettent la glisse au contact de la neige. Plus précisément, la glisse se fait au contact de la couche liquide qui se forme entre la semelle et la neige.


Tout au long, le ski est refroidit par de l'eau qui tourne en circuit fermé. Après ces étapes, le ski est déjà skiable, sur le papier. Quelques ateliers supplémentaires assurent la pose des renforts spatule, des plaques pour les fixations et enfin l'enlèvement du film protecteur qui était sur le topsheet depuis le début de la fabrication. 

Contrôle qualité

Dans une pièce dédiée, un contrôle de la qualité est effectué au laser. Les productions sont contrôlées au début, toutes les trente minutes et à la fin d'une série, suivant des critères très précis. En cas de problème ou de valeurs qui s'écartent des marges à respecter, la production est arrêtée jusqu'à identification du problème.

Appairage et fartage à chaud

Nos skis sont presque prêts, il ne reste plus qu'à les mettre par paire, comme ils sont fabriqués à l'unité, avant de se voir attribués un numéro de série. Une dernière série de machines automatisées leur applique le fameux "fart d'usine", un fartage à chaud, avant d'être emballés sous gaine plastique thermo-rétractable puis attachés par paire. 

La suite ?

Les skis sont chargés dans des camions pour être amenés à la plateforme logistique. Cette dernière va ensuite les distribuer chez les différents clients, généralement des revendeurs et distributeurs en grandes quantités. Cette partie fera l'objet de prochains reportages !

Sarah.Pinton
Texte, Photos Sarah Pinton
Bon... On fait quoi ce week-end ?

12 Commentaires

marc Joli reportage.
Au passage on dirait que ce sont eux qui font les skis pour décathlon (wedze)
Aval@ oui exact ca évite de dire que c'est du madein China ..
 

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Alpins Et donc, du coup, les australiens il sont toujours 6 mois de retard !? (c'est impensable qu'ils en est 6 d'avance sur nous)
 

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rodo83 Super reportage, très intéressant merci beaucoup ! Du coup, les skis Wed'Ze sont fabriqués par Rossignol Dynastar, et en partie en France ?
 

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merlinm - le moule alu avec 3 skis dedans pour une meilleure productivité sur les skis etroits :
comment sont apparés ces skis ? cela ne concerne que les skis haut de gamme ?
quelles sont les machines pour tester les qualités mécaniques et comment ça marche ?
chaque ski a un code de suivi fabrication puis après l'appairage ça devient un numéro de série pour la vente ?

- pour les topsheet pourquoi n'utilisent t'ils pas la sublimation ou l'impression comme cela ce fait dans le publicitaire ?

-quels sont les problèmes de production rencontrés sur les skis actuels, rendu de moule, fiabilité noyau léger, maîtrise de la forme des rockers et cambres ? c'est un monde merveilleux ou tout se passe à la perfection ?

-aussi derrière tout ça on parle peu des coûts, or la fabrication industrielle est justement la maîtrise de ceux ci au service de la performance et de la fiabilité.
les fabricants jouent ils vraiment le jeu ?



quoiqu'il en soit bel article qui permet de bien dégrossir la fabrication des skis
messire réponses tardive!
- pas d'appairage car les skis sont symétriques et logiquement faits dans le meme moule avec les memes matériaux et les memes températures /pressions/temps de cuisson, donc normalement les skis sont tous comparables.
- la sublimation donne des résultats peu esthétiques ( pixels, bavures) c'est bcp moins bon que la sérigraphie décrite ici sur des topsheet PU/PE qui donne des aplats parfaits.
- une prod bien réglée et des matériaux éprouvés donne de bons résultats...dès qu'on commence a faire des petites séries et changer les réglages, les pb surviennent.
- non la maitrise des couts est au service de la marge! pas de la performance ou de la fiabilité. La performance c'est les matériaux utilisés et le design du ski, la fiabilité aussi. Le compromis c'est d'avoir la performance au meilleur prix. L'intéret de la prod industrielle c'est de faire plusieurs fois le meme modele pour baisser le cout unitaire car les étapes sont ainsi raccourcies et le temps c'est de l'argent ( cout machine, cout opérateur horaire...) Le prix des matériaux baisse aussi avec les quantités.
 

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