Pari réussi pour le Sosh Big Air

Entre les gouttes, Henrik Harlaut maitrise le format inédit du Sosh Big Air et se classe à la première place, devant le numéro 1 de la discipline le suisse Fabian Bösch et l'Américain Alex Hall, qui avait décroché sa wildcard durant les qualifications. De retour au bureau, (presque) remis de nos émotions, on vous débriefe cette première édition comme nous l'avons vécu de notre côté, celui des médias. 

Elle est redoutée par tous les organisateurs d'événement en extérieur, la pluie est venue jouer les troubles fête à Annecy samedi en début d'après-midi. Alors que des trombes d'eau s'abattent sur la Venise des Alpes, sous le chapiteau on ne mise pas cher sur le sort du Big Air. On entend à plusieurs reprises "ça va être annulé c'est sûr, regarde ce qu'il tombe dehors c'est pas bon pour la glisse ça". De notre côté nous restons confiants, nous avons déjà vaincu le freestyle.ch en mode déluge (ici et là), nous avons emmené notre k-way de compet', même pas peur de la pluie. L'organisation, les shapers et les riders non plus, d'un commun accord ils maintiennent les entrainements. La demi-finale commence avec une petite heure de retard et Ô miracle, la pluie cesse au même moment. Comme si le dieu de la météo donnait son approbation, le ciel se dégage laissant entrevoir des bouts de bleu. 

Si le problème météorologique est résolu, celui de trouver un angle pour apprécier le big air reste entier. Nous essayons à gauche dans l'espace VIP, au milieu dans le public, dans la zone media à droite. Sans succès. Avoir vue sur le kicker, la récep' et les scores semblent mission impossible, il faudra se contenter de regarder les ralentis sur l'un des écrans géants. C'est un souci récurrent sur les événements de big air : être sur place et se contenter d'un écran c'est toujours frustrant. 

C'est alors qu'Elodie, de l'agence RP, me fait signe : elle peut essayer de me faire grimper en haut, au niveau du plat du kicker de 20m. Je saute sur l'occasion. Quel bonheur de prendre de la hauteur : Annecy se dessine sous mes yeux, j'aperçois la foule réunie au pied de la structure (il y a du monde !) et SURTOUT on voit ENFIN le big air dans son intégralité. Je comprends mieux pourquoi seuls les partenaires et les institutionnels sont conviés ici, c'est juste impressionnant (aussi bien la vue, que les vols des riders) ! Si les organisateurs me lisent, une zone média à cet endroit l'année prochaine serait fortement appréciée ;)

Mea Culpa, nous n'avions peut-être pas assez bossé sur le système de jugement en amont mais la demi-finale a été un peu déroutante. Nous l'avouons, les premiers runs, nous n'avons rien capté. A priori c'était expliqué pages 6-7 du dossier de presse, on ne l'a pas lu, cela fait-il de nous les cancres de la classe ? Pour faire simple, les riders avaient une liste de 10 tricks (5 basics et 5 évolutions), ces 10 tricks étaient pondérés de 6 à 10 points suivant la difficulté. Les riders devaient réaliser 4 tricks dont 2 de chaque catégorie et annonçaient leurs tricks au départ. Si les 4 juges validaient le trick, ils obtenaient  100% des points, 60% pour 3 juges et ainsi de suite. Le score final correspond à l'addition des 4 notes. C'est clair pour vous ?

Ce format est hyper intéressant sur le papier car les riders doivent réfléchir (oui...) en choisissant le meilleur compromis entre les points et les tricks qu'ils sont capables de plaquer, même sans jamais les avoir exécutés auparavant. En pratique, avec 20 riders en demi-finale, cela donne 80 runs, c'est compliqué à suivre.

Les riders étaient libres de jouer le jeu ou non d'ailleurs (comme Jossi Wells qui a préféré faire les tricks de son choix), dans le cas échéant ils n'avaient aucun point. Nous avons interrogé Quentin Ladame sur le sujet : "c'est intéressant comme format mais c'est à double tranchant. C'est bien car cela nous force à tenter des tricks que l'on a pas l'habitude de faire. Pour moi un bon freestyle ce n'est pas mec qui n'a que 3 tricks. Il y a une aussi une part de chance, si certains tricks que tu as l'habitude de faire tombent dans la liste, tu es refait. De l'autre côté, c'est du freestyle on aime aussi être libre de faire ce que l'on veut. Ce format est donc cool de temps en temps car c'est un jeu mais pas sur toutes les compétitions sinon ça deviendrait chiant."

Pour Henrik Harlaut, c'est un format différenciant complémentaire des systèmes de jugement traditionnel "Je pense que le format traditionnel comme aux X Games fonctionne très bien et ne sera pas remplacé mais il serait intéressant d'avoir plus d'événements avec leur propre format. J'ai adoré celui du Sosh Big Air, c'était différent, ça fait du bien de changer un peu les critères parfois"

A l'issue de la demi-finale, 10 riders accèdent à la finale, il s'agit de Christoph Shenk, Jesper Tjader, Oystein Braaten, Henrik Harlaut, Alex Beaulieu-Marchand, Luca Schüler, Fabian Bösch, Alex Hall, Tprin Yater-Wallace et Quentin Ladame. Globalement ces riders ont montré qu'ils étaient les plus enclins à s'adapter au format en maitrisant un large pannel de tricks. Si les habitués du halfpipe, David Wise, Kevin Rolland et Toto Trief ont plutôt joué la sécurité, on retient la polyvalence et l'aisance de Torin Yater-Wallace. Machine.

Avec un petit groupe de riders, nous avons pu réellement apprécier le format et se prendre au jeu. Pour l'anecdote au passage, la finale se déroulait au milieu des pyrales du buy, ces papillons de nuit attirés par la lumière des projecteurs ont littéralement envahi le big air. 

Sur les premiers runs, beaucoup de skieurs optent pour le pole plant cork 720 tail de Candide Thovex, "le cork 720 tail c'est un trick que les riders aiment bien, car il est facile à réaliser et il y a plusieurs façons de le faire. En plus il rapportait pas mal de points (9)" nous explique Henrik Harlaut. Luca Schuler a d'ailleurs emprunté UN bâton alors qu'il ridait jusque là en mode "no pole" pour exécuter le trick de Candide. 

Parmi les tricks dits évolution, le switch cork 1080 roll blunt de Mickael Deschenaux a aussi été imité à plusieurs reprises. Pour la petite histoire, Mick se trouvait juste à côté de la raquette d'arrivée, nous avons assisté à quelques échanges sur le ton de l'humour entre le créateur et les riders : "t'aurais pu mieux grabber" dit-il en chambrant Alex Hall . Vous l'aurez compris l'ambiance était très détendue, on oubliait presque qu'il y avait un classement à la fin. Nous décernons d'ailleurs une mention spéciale à Luca Schüler qui, 3ème avant son dernier run, décide de balancer un double front flip (trick hors liste ne lui permettant de remporter aucun point) avant de balancer au micro "It's always for fun". Nous sommes bien d'accord, c'est avant tout ça le freestyle !

Henrik Harlaut réalise quasiment un sans-faute. Il prend un maximum de points sur son dernier run avec son trick signature qui lui offre le victoire. "J'ai pensé avant aux tricks que j'avais envie de faire mais aussi ceux que j'étais capable de faire. Je ne pensais vraiment pas que le nose butter double cork 1260 tail allait passer car on manquait de vitesse pendant la demi finale. Au fur et à mesure de la soirée, la neige s'est refroidie. Ce n'est pas que je voulais le garder pour la fin mais plus j'attendais plus j'avais de la chance d'avoir de la speed" nous explique Henrik après la compet'. 

A 0,40 points derrière on retrouve la machine du big air Fabian Bösch qui avait revêtu son plus beau gilet jaune de sécurité (pour faire des selfies pour le public ?). Le suisse démontre que l'on peut être un tueur en big air, valider tous ses tricks et ne pas se prendre au sérieux, nous avons vraiment aimé son état d'esprit. Enfin, l'américain Alex Hall vient créer la surprise en terminant sur la troisième marche du podium après avoir sa wildcard pendant les qualifs. 

1) Henrik HARLAUT

2) Fabian BOSCH

3) Alex HALL

4) Torin YATER WALLACE

5) Luca SCHÜLER

6) Quentin LADAME

7) Alex BEAULIEU- MARCHAND

8) Christoph SCHENK

9) Oystein BRAATEN

10) Jesper TJADER

Bien sûr on tire notre sobrero à Quentin Ladame pour sa belle 6ème place. Le frenchie s'est fait plaisir, nous aussi. Bravo. 

Si l'on doit dresser un premier bilan quelques jours après l'événement, le pari est réussi pour l'équipe organisatrice composée de Rafael Regazzoni, Gaylord Pedretti & Aissam Dabbaoui. Il y a toujours des ajustements à faire, notamment sur le format qui mérite de gagner en simplicité et interactivité avec le public. En tant que média spécialisé, habitué à ce type d'événement, nous sommes forcément plus exigeants. C'est néanmoins un réel plaisir d'accueillir un tel événement "à la maison" ! Sans tergiverser, cette première édition est un succès. Le public s'est déplacé malgré la pluie, les meilleurs riders ont répondu à l'invitation, que demander de plus ? Ah si, peut-être un endroit plus propice à accueillir la structure et les spectateurs...