Juliette Willmann et Sophie Martz, respectivement 19 et 20 ans se sont rencontrées il y a deux ans sur la tournée FWQ après plusieurs années à manger des piquets dans leur coin. La première vient des Alpes du Sud et skie du côté de Pra Loup tandis que la seconde est d'origine alsacienne et habite depuis 5 ans à Chamonix. Partageant le même état d'esprit et la même passion, les jeunes skieuses deviennent vite inséparables et du "haut de leur mètre 60" imposent vite leurs caractères bien trempés et leur sens de l'humour parfois douteux (rires) dans l’univers du ski freeride.
Juliette a terminé d’ailleurs seconde au classement général FWQ (région 1/Europe Océanie - pour en savoir plus sur les nouveaux quotas c'est ici) l’hiver dernier et n'est passée pas loin de faire son entrée dans la cours des grands, le FWT. Son acolyte Sophie s’est frayée une place sur le podium du FWQ** aux Arcs et quelques honorables 5ème places sur des étapes 3 et 4 étoiles. L’avenir du freeride féminin français semble être dans de bonnes mains… D'autant plus que Juliette prévoit de rejoindre son amie à Chamonix pour l'hiver, "on souhaite faire évoluer notre ski vers le côté haute montagne afin d'appréhender des couloirs et des faces plus engagées" commente Sophie.
Cet été, les deux complices ne semblaient pas décidées à troquer leurs tenues de ski contre un maillot de bain et ont décidé de partir en road trip en Amérique du sud, plus précisément au Chili. Armées d’un van, de leurs skis et peaux et d’un peu de débrouillardise, elles ont sillonné les stations atour de Santiago. Elles nous racontent aujourd’hui leurs aventures chiliennes, le Chilean Freeride Championship et l'accident de Juliette, qui a dû être rapatriée plus tôt que prévu en France…
Aujourd’hui 12 aout 2016, 10h05, Clinique Las Condes à Santiago : nous sommes toutes les deux allongées dans un petit lit d’hôpital à regarder l’épreuve de badminton des Jeux Olympiques. Même routine tous les jours depuis une semaine … Pourquoi donc regarder les Jeux à l'autre bout du monde ?
Pour mieux comprendre il faut revenir en avril 2016, une grande question nous trottait dans la tête tous les jours « qu'est ce qu'on allait bien pouvoir faire de notre été ? ». La saison des cocktails et des maillots de bains se rapprochait à grands pas, mais nous avions qu'une envie : garder les peaux sous nos skis et nous geler les pieds en haut d'une face. Alors pourquoi ne pas le faire ? Le Chili fut comme une évidence, nous avons pris nos billets pour Santiago sans attendre.
Jeudi 14 Juillet : Notre pèlerinage vers le Chili débute ! Après 10 heures de bus de Marseille à Barcelone (les billets d'avions étaient moins chers), puis 12 heures d'avion avec une petite escale à Sao Paulo, nous voilà arrivées à Santiago.
Il nous a fallu un petit moment d’acclimatation en arrivant dans cette ville : les buildings, les bidonvilles, les taxis et des gens partout. Nous n'étions pas habituées à cette atmosphère. Nous avons récupéré notre super WICKED VAN. Si vous décidez de partir explorer un pays, le van est certainement l'une des meilleures solutions 3 en 1 : une voiture, un lit, une cuisine (peut même servir d'ambulance en cas d'extreme urgence).
Apres 3 heures dans les bouchons à chercher la maison de notre ami Philippe Bouteille (fondateur de la boite de freeride 'White World', très réputée au Chili) avec un GPS qui ne marchait pas, nous sommes arrivées à bon port.
L'aventure pouvait commencer !
Un peu calmées d'entrée de jeu en apprenant l'accident de Mathilda Rappaport, nous partons dès le lendemain vers les stations de El Colorado et La Parva avec le grand Drew Tabke, rencontré la veille. A cet instant précis, nous n'avons aucune idée de la suite du programme, ni des conditions de neige que nous allons trouver là-bas.
Lors de la première journée sur les skis nous décidons de nous rafraichir la mémoire sur les points de sécurité : recherche DVA, pelletage et sondage. Nous sommes invitées ensuite à notre première soirée chilienne. Drew nous présente alors à ses amis, principalement des riders du coin.
Notre trip a commencé à prendre forme lors de cette soirée : nous sommes conviées par Vicente Sutil (allias Vicho, un local sponsorisé par TNF, Oakley..) à passer deux nuits dans un Camp The North Face situé en haut de la station de El Colorado à 3300m d'altitude. Dormir dans une tente à cette altitude fut une sacrée expérience ! Petit conseil : la bouteille d'eau chaude dans le duvet avant de se coucher, c'est la solution pour lutter contre froid !
Nous avons pu skier des couloirs simplement magnifiques lors de ces deux journées. Nous avons gravi le fameux Cerro Parva (4047 m d'altitude). Notre cœur n'oubliera jamais cette belle rando. La Cordillère des Andes est une chaine de montagne offrant des sommets à plus de 6000 m d'altitude comme l'Aconcagua. En moyenne les sommets se situent entre 4000 et 5000 m d'altitude, c'est un peu perturbant au début : tu finis une rando, et on te dit que tu es à la même altitude que le Mont Blanc.
Petit conseil : ne pas rigoler avec les horaires de fermeture des téléskis au Chili. Si arrivez 5min en retard, vous vous rajoutez 1h30 de rando. Nos jambes s'en souviennent encore.
Nous nous sommes ensuite dirigées vers l’océan car de grosses chutes de neige étaient attendues. Nous passons une journée à Cachagua, à 2 heures au nord de Santiago. C'est un bel endroit avec une plage de plusieurs kilomètres d'un coté et de l'autre un sentier littoral authentique et rocheux, se fondant dans le décor.
Le deuxième jour, nous nous arrêtons à Zapallar, à quelques kilomètres plus au nord. Il s'agit d'une petite ville entre la montagne et le littoral. Nous avons fait une tentative "surf", sanctionnée par un bel échec : la pluie de la veille avait fait déborder les torrents et avait ramené toute la terre des montagnes dans l’océan...
Nous nous sommes rabattues sur un trekking avec nos copains chiliens rencontrés la semaine précédente. Ils nous ont accueillies chez eux à bras ouverts et nous ont fait découvrir le pays. Les Chiliens ont vraiment le cœur sur la main, leur générosité et leur ouverture d'esprit nous ont impressionnées. C'est avec plaisir qu'ils ont partagé avec nous leur culture et leur vie quotidienne.
Par la suite nous avons pris la direction de Portillo, nous avons dormi à Los Andes à 1h30 au nord de Santiago, dans notre van mais garées dans l’entrepôt d'un ami d'un ami (oui nous avons rencontré beaucoup de personnes en une semaine). En effet cette ville n’était pas l'endroit le plus sûr, nous avons donc fait appel à des connaissances pour nous trouver un endroit tranquille.
Le lendemain nous avons rendez vous aux aurores avec le distributeur chilien BCA, l'un des sponsors de Sophie, pour prendre un hélicoptère et nous diriger vers Portillo pour une journée shooting. Portillo est une station de ski se situant à la frontière Argentine, station privée, c'est un spot idéal pour le freeride. Pourquoi en l’hélicoptère ? La route étant fermée à cause des chutes de neige de la veille, il était impossible de se rendre à la station en voiture.
Au programme : poudreuse, soleil, lac... Portillo nous en a mis plein la vue ! Nous y sommes donc retournées une journée supplémentaire pour se faire les canes.
On en avait pas pris assez dans le museau, on y est donc retournées le lendemain pour se faire les cannes.
Les jours suivants, nous prenons part aux championnats nationaux du Chili à El Colorado sur le site de Santa Teresa. L'organisation de cette compétition est rondement menée, beaucoup de moyens sont mis en oeuvre sur un tel événement sportif.
Les qualifications se déroulent sous un ciel clément avec de la bonne neige et devant un public nombreux. Il y a même des barbecues, des bières... Bref, tout pour passer une belle journée ! Juliette accède à la finale tandis que Sophie chute quelques mètres avant la ligne d'arrivée.
Le lendemain, la journée est tout aussi belle, Sophie s'improvise coach et Juliette termine sur la première marche du podium. Nous repartons avec 1500$ supplémentaire pour notre trip !
Après un peu de repos, nous restons à la Parva pour partager une belle journée avec nos chers amis français Tof Henry et Arthur Ghilini, de passage eux aussi pour la compétition. Nous skions ensemble au couché du soleil, une expérience unique.
Pour la suite de notre séjour nous prenons la direction de la vallée du Volcan de Cajon Del Maipo, toujours avec notre super Wicked Van. Nous nous arrêtons au lac Embalze el Yeso, pas naturel malheureusement, mais qui offre un paysage tout simplement magique avec des montagnes de part et d'autre.
Le soir roulons jusque dans la Vallée de la Arena à quelques dizaines de kilomètres, où nous rencontrons les français Aurélien Routens (Snowboarder sponsorisé par Mammut) et sa copine Agathe. Il passent depuis plus de 10 ans leur été en Amérique du sud pour rider et découvrir de nouvelles montagnes.
La Vallée de la Arena est désormais envahie par une grosse centrale électrique où des hommes travaillent jours et nuits, cassent la montagne et creusent des ruisseaux... L’ accès au fond de la vallée est un peu compliqué, il faut une autorisation. Le bout de la route se situe au niveau de la centrale électrique et ils ne voient pas d'un bon oeil ceux qui s'aventurent dans le coin. Sans cette autorisation, il faut commencer sa rando 1000m plus bas à côté de leur barrière ! C'est ce que nous avons fait !
Aurélien et Agathe ayant deux motos neige, nous avons essayé d'avancer un peu en moto mais la neige trop dure nous a vite stoppées. Nous avons donc sorti les peaux et nous nous sommes dirigées vers un couloir qui nous faisait de l'oeil. Après 5 h de rando, nous étions lessivées…
Apres cette grosse rando, on s'est dit que l'on méritait un tour aux thermes d'eau chaude ! L'Amérique du sud possède de nombreuses sources d'eau chaude, on peut en trouver un peu partout à travers les différents pays. Se baigner dans une eau à plus de 38 degrés alors que les températures sont négatives à l’extérieur, ça n'a pas de prix ! L'eau d'ailleurs est salée, cela en raison de la roche se trouvant dans cette vallée.
Le soir, de retour au camp de base, nous aspirons seulement à un gros repas afin de reprendre des forces. On fait bouillir de l'eau pour des pâtes, tous assis les uns à coté des autres près du réchaud, certainement un peu inattentifs à ce qu'il pouvait se passer. La casserole d'eau bouillante s'est renversée sur Juliette. Voilà pourquoi nous sommes en train d’écrire cet article depuis son lit d’hôpital à Santiago...
12 % du corps brûlé au second degré : ce qui lui vaut 3 passages au bloc, une anesthésie locale et 3 générales. Juliette a passé 10 jours la Clinica Las Condes, elle s'est fait rapatrier le 17 Août dernier pour finir ses soins en France. Le moral et la pêche ne sont pas partis avec sa peau, il va juste lui falloir un peu de patience pour revenir en pleine forme avant l'hiver !
Sophie n'ayant pas d'avion pour rentrer, va rester au Chili jusqu'en Septembre, suite des aventures dans un prochain article…
Sophie et Juliette remercient chaleureusement toutes les personnes qui ont rendu ce voyage possible, leurs partenaires Concept Pro shop et le Moö bar cuisine à Chamonix ainsi que leurs sponsors respectifs.
Sophie : Dynastar, Lange, Julbo, Roxy, Tom Tom bandit actioncam, BCA
Juliette : Elan, Mammut, Uvex, Pra Loup et CeramiQ
5 Commentaires
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Bon courage et bon rétablissement Juliette.
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