Bon Appétit Ep5S6 : Plan D

Vos fidèles serviteurs vous présentent leurs dernières péripéties de l'hiver 2016, enfin si on peut appeler ça un hiver. Il tentent leur dernière chance dans les Dolomites, sur les traces de "cliffhanger" avec "Mister Good Guide" et  "Mimouze" !

Et oui Plan D, on aurait aussi pu l'appeler plan Z tellement le plan B était loin dans les rétros. En fait pour Bon App c’est un peu une saison de plans B tant nos programmes ont dû changer. On en aura annulé des destinations et des idées d’épisodes ! Celui-ci par exemple aurait du être tourné autour de la Meije (l’épisode que nous avions déjà annulé l’an dernier à la même époque). Bref, vous connaissez la chanson, quand on travaille en montagnes il faut une flexibilité à toute épreuve. Là pour le coup il y a eu un changement de programme plutôt radical. Quand t’es parti pour aller skier à la Meije et que tu te retrouves 9h de bagnole plus à l’Est dans les Dolomites, t’es quand même pas mal niveau flexibilité. En effet, quelques jours avant le début du tournage la météo se remet à faire des blagues, comme un éternel recommencement dans cet hiver de merde. Cette fois-ci c’est le foehn, ce vent du sud bien chaud, le mangeur de neige, qui a apporté avec lui une bonne dose de sable du Sahara. Franchement, avec l’hiver qu’on se tape, fallait encore qu’on nous foute le sable du Sahara ! Le vent en question devait souffler à 90km/h sur la Grave. Autant vous dire qu’avec des conditions pareilles aller là bas ce n'était même plus "comme pisser dans un violon", ça arrivait au stade "d’installer une chasse d’eau sur un violon"….

Du coup, après la symphonie des coups de téléphones, les annulations et les recherches dans tous les sens, nous finissons par voir que le seul endroit des Alpes « proches » potentiellement skiable est la région des Dolomites. On rentre donc dans le plan D et on file là bas. Comme l’idée de base était de faire de la haute montagne autour de la Meije on avait avec nous deux  guidos :  Yann Mimet et l’indétronable Cedric Grand. Les Dolo pouvaient coller au programme de base. Pour la Montagne et le ski de couloir c’est quand même un must mondial ! La région connait aussi une mauvaise année niveau neige et souffre de la chaleur. L’isotherme 0 est à 3300 m, forcément à moins de skier sur le Mont Blanc ça ne laisse pas énorme de marge… Nous potassons donc les topos pour trouver les couloirs qui marcheront : assez haut, bien orientés, avec une montée qui ne craint pas trop… Bref, quand c’est la merde ça demande dix fois plus de boulot. Heureusement, il reste de quoi faire et la zone est tellement riche que même avec une liste de critères longue comme le bras on trouve notre bonheur.

Nous nous dirigeons le premier jour sur la zone de Cristallo, au dessus de Cortina. Une petit crochet en voiture nous permet d’avoir la vue sur le couloir visé. De loin il parait assez large, enneigé et sain. On décide donc de s’y rendre. La montée et ses différentes possibilités nous montrera que nos deux guides peuvent avoir des avis ben divergents. L’option étant choisie, la dite montée s’avère simple et courte pour un beau couloir, c'est souvent le cas dans les Dolomites. Tu peux avoir des couloirs longs et raides très facilement accessibles. Nous arrivons là haut en fin de matinée. Le manteau neigeux est déjà bien réchauffé mais notre couloir bien encaissé est orienté Nord, la neige n’a donc pas trop changée. Reste à espérer que la fonte du moment ne fera pas chuter de pierres depuis les falaises qui nous entourent. On est dans du 40/45°, ce qui commence à être raide mais pas extreme, le couloir est bien dans l’axe et sans piège, la chute est autorisée. On skie donc tranquille toute la première partie. Ces couloirs au milieu des falaises propres aux Dolomites sont toujours un spectacle incroyable. On a vraiment le sentiment d’être dans la montagne, happé par ces falaises comme une mâchoire qui se fermerait autour de vous.

Les conditions sont vraiment pas mal et les virages s’enchainent. Jusqu’à ce que notre pauvre Yann Mimouze sente un claquement et une mauvaise douleur dans son genou. Il nous racontait en route qu’il s’était fait opérer des ménisques et qu’il sortait de 3 mois sans ski. La même douleur que celle qu’il avait connu avant à plusieurs reprise. La mauvaise nouvelle est double : son genoux lâche encore, et il s’est donc fait enlever un bout de ménisque pour rien. Mauvais diagnostique, mauvais traitement et encore la moitié du couloir à se taper en dérapage pour se sortir de là… D’autant plus que nous arrivons sur un verrou rocheux et les choses deviennent un peu plus techniques. Un relais existe déjà pour passer la zone en rappel mais un des deux pythons s’est décroché. on décide donc de changer le relais. Une bonne occasion de voir comment un guidos plante un python. En fait pas si bonne en fait. En effet, si le relais d’avant était si mal mis c’est parce que la roche est impénétrable. Cedric et Yann passeront 15 min à taper dans tous les sens pour réussir à rentrer de moitié des pitons de moins de 10cm de long. Heureusement que le rappel ne fait pas 50m parce que quand tu te pends à des pitons l’idée de sécurité est une notion assez subjective… Tout se déroule bien, Mimouze nous fait un dérapage géant pour ne pas solliciter son genoux explosé et nous descendons tranquillement derrière lui.

D’un coté nous étions chanceux et contents d’avoir trouvé un spot encore correcte dans les Alpes, d’un autre nous avions déjà cassé Yann au premier jour du trip.

Heureusement le programme du second jour pouvait encore correspondre à un éclopé. L’idée était de repartir sur Cristallo pour faire un autre couloir mais sur le versant opposé. Nous avions déjà skié le Couloir Staunies là bas avec Cedric Pugin et Enak Gavaggio lors de l’épisode Bon App VS Enjoy your meal. Cette fois nous partons du même endroit mais bifurquons directement sur une arête en amont. L’arête en question est équipée d'une via ferrata, les Dolomites sont aussi le pays de la via. Il y en a donc un peu partout là bas et le truc cool c'est que nous pouvons utiliser ces installations pendant l’hiver pour atteindre certains couloirs. Plutôt classe. Bien-sûr cela demande quelques notions d’alpinisme tout de même étant donné que sous la neige une bonne partie des câbles et barreaux ne sont plus accessibles. Néanmoins, il est facile de louvoyer autour de la Via et de trouver de temps en temps des segments du câble pour s’y attacher. C’est ainsi que Bon app vous introduit à la pratique de la via-ferraski. En ce qui nous concerne la via avance de quelques centaines de mètres sur la crête pour arriver à une passerelle. Depuis cette passerelle il est possible d’installer un rappel pour arriver dans un couloir environ 40 m en contrebas. Mimouze nous accompagne en boitant jusqu’à la passerelle pour nous aider à installer le rappel. Ça c’est du guidos ! Le bougre est bien à l’aise là dedans ! Vous pourrez aller voir ses exploits de grimpeur dans les films de son team Planet Big Wall. Ceux là ne sont pas des benjamins 2…

De notre coté on descend nos modestes 40m de rappel pour atteindre la pente. Un petit couloir de 200/300m puis nous bifurquons pour retomber sur un autre run qui lui fait 1000m. La neige n’est pas aussi bonne que la veille. La pente plutôt orientée Est, a pris le chaud le matin et redurcie ensuite. Pas top la neige cassante dans les couloirs raides. Puis le bas est en soupe. Ça se skie quand même pas mal mais nous filons de peur des avalanches de neige lourdes.

Encore un couloir dans la boite, cette fois-ci avec une balade en via sur l’arête sommitale. Vraiment classe ce pays…

Il nous reste un jour, donc un couloir. Nous partons à l’ouest de Cortina pour trouver un couloir plus large et plus simple pour finir tranquille. Celui ci est quand même bien sympa puisque son départ se fait à travers une arche dans la falaise. Comme un air d’Arizona dans cette grosse arche rocheuse. Décidément les paysages ici sont fous. Nous skions le couloir qui est plus une grande pente tant il est large, la neige y est moyenne et nous sentons vraiment la fin de la saison nous frapper de plein fouet. Mais si le ski n’est pas dingue la vue l’est. Nous arrivons au pied d’une montagne qu’on appelle la Tofana, 1000m de de roche abrupte à couper le souffle. On se sent bien petit là dessous…

En bon touristes nous passons par Venise en rentrant, je ne sais pas si c’est l’amour des grands espaces mais, entre l’eau crâde et le coté usine à touriste, aucun des montagnards de notre équipe ne trouvera l’endroit cool. On l’aura vu mais on ne vous le conseille pas plus d’une demi journée. Par contre on vous conseille franchement les Dolomites, en été comme en hiver. Avec ses paysages, ses falaises, ses couloirs, la nourriture et la gentillesse italienne c’est vraiment un endroit unique sur terre. Et pour le coup ce n'est pas si loin que ça !

C’était notre dernier épisode de la saison. On espère que vous aurez apprécié cette saison même si on aura eu quelques difficultés avec les conditions. En espérant vous revoir l’an prochain avec un vrai hiver !

Merci beaucoup !

Nous on fait nos valises pour aller tourner un épisode un peu spécial qui sortira l’automne prochain !

On vous souhaite du beau ski de printemps et un bel été.

Allez Ciao !