L'ANENA a publié récemment le bilan des accidents d'avalanches de l'hiver 2014-2015, malheureusement mis-à-jour par le terrible accident du Dôme des Ecrins du 15 septembre. C'était l'occasion de prendre un peu de recul et de se plonger dans les statistiques des hivers précédents pour tenter d'y voir des évolutions dans les pratiques, les équipements et le secours grâce aux données et études publiées par l'ANENA ces dernières années.
En France le nombre de personnes décédées dans des avalanches chaque hiver est assez stable sur les quatre dernières décennies : 28 morts en moyenne par hiver entre 1971 et 1981, 31 entre 1981 et 1991, 30 entre 1991 et 2001 et 32 entre 2001 et 2011. On ne peut pas parler d'une réelle tendance à l'augmentation.
Là où on remarque une légère évolution et dans le bon sens, c'est le ratio du nombre de personnes emportées par accident mortel : on passe d'environ 3 personnes emportées à presque 2 en moyenne entre 1981 et 2011. C'est certainement un des effets de la prévention et notamment du conseil sur l'espacement entre les skieurs lors des sorties (un par un dans les passages risqués, à la montée comme à la descente).
Le nombre de personnes ensevelies par accident mortel est aussi en légère baisse depuis le début des années 2000. Le nombre de personnes décédées pour chaque accident est en revanche assez constant.
Source : PDF - 40 ans d'accidents d'avalanche
On observe un glissement au fil des années du nombre d'accidents du printemps vers l'hiver. Auparavant on considérait que le printemps était la saison de la randonnée, mais désormais on sort tout le long de l'hiver et les conditions ne sont pas les mêmes, plus difficiles à appréhender avec des plaques de neige sèche. La part des accidents printaniers a progressivement baissé au fil des années au profit de l'hiver. L'été et l'automne sont tout de même présents, avec des accidents alpinisme ou randonnée qui rappellent que les avalanches arrivent tant qu'il y a de la neige et de la pente, quelle que soit la saison. Dans les chiffres globaux les accidents arrivés durant l'été et le mois de septembre sont comptabilisés avec l'hiver précédent, la bascule sur la saison suivante se faisant au 30 septembre (et de même dans les statistiques des autres pays).
Evolution de la proportion des accidents mortels en ski de randonnée en fonction des saison. Source : PDF - 40 ans d'accidents d'avalanche
La randonnée et le hors-piste sont les principales activités lors desquelles on peut trouver la mort dans une avalanche. Elles rassemblent 83% des victimes sur la période 1971-2011, avec une part à peu près égale : 42% pour la randonnée, 41% pour le hors-piste. Le reste étant l'alpinisme et diverses autres activités plus occasionnelles (déclenchement, voies de communication). A la fin des années 90 le hors-piste a dépassé la randonnée (le "boom" du freeride probablement), mais avec l'essor récent de cette dernière elle l'a rattrapé depuis la saison 2008-2009.
Source : PDF - 40 ans d'accidents d'avalanche
La première tendance claire est l'évolution de l'équipement : lors des accidents il est noté si les victimes ensevelies étaient équipées de DVA (Détecteur de Victimes d'Avalanches), et elles sont de plus en plus nombreuses à en avoir au fil du temps. Cependant il y a une grosse distinction entre la randonnée et le hors-piste : les skieurs en hors-piste sont globalement bien moins équipés de DVA et leur évolution est moins nette qu'en randonnée où on est passé de près de 45% des personnes équipées entre 1981 et 1991 à plus de 80% dans les années 2000. En hors-piste, cela passe d'environ 10% il y a 30 ans à presque 45% entre 2001 et 2011 :
Source : PDF - 40 ans d'accidents d'avalanche
Cette différence d'équipement (et par conséquent les formations et entrainements qui vont avec) provoque ainsi de grosses différences au niveau des secours et du moyen avec lequel les victimes sont retrouvées. Alors qu'en randonnée au fil du temps ce sont les compagnons des victimes qui prennent le relais des secours pour arriver presque à part égale sur la dernière décennie, en hors-piste ce sont toujours les secours organisées qui retrouvent les victimes en majorité (85%). En clair, au cours des années en randonnée ce sont de plus en plus les accompagnants qui ont retrouvé les victimes avant que les secours n'arrivent essentiellement grâce aux DVA (près de 40% retrouvées grâce au DVA de 1981 à 2001, 70% dans les années 2000) :
Source : PDF - 40 ans d'accidents d'avalanche
En hors-piste le DVA a pris maintenant le relais dans les recherches mais tout de même moins qu'en randonnée, le sondage et les recherches par les chiens sont toujours très utilisés (les seules méthodes possibles si les victimes n'ont pas de DVA ou réflecteur RECCO) bien qu'en légère baisse dès les années 90 :
Source : PDF - 40 ans d'accidents d'avalanche
Les skieurs hors-piste sont donc moins équipés et moins formés à intervenir pour retrouver un proche que les skieurs de randonnée.
Il est difficile de comparer les deux car nous n'avons pas de notions du nombre de skieurs de chaque catégorie, cependant avec cet écart de matériel et de formation on peut se demander pourquoi est-ce qu'il n'y a pas plus de victimes en hors-piste qu'en randonnée ? Fred Jarry de l'ANENA nous apporte des éléments de réponse :
"Tout d'abord les secours sont beaucoup plus proches en station : les pisteurs interviennent vite et les ensevelis sont retrouvés alors que leurs chances de survie sont encore élevées. De plus, ils prodiguent les premiers secours rapidement aux victimes dégagées. En randonnée, même si les victimes sont de plus en plus dégagées pas leurs compagnons, ce dégagement est plus ou moins rapide en fonction du niveau de formation de ces derniers. Et ensuite les victimes ne reçoivent pas forcément tout de suite les soins appropriés (éloignement des secours, malgré l'hélicoptère)."
On peut aussi penser qu'en hors-piste en station, il y a moins de chances de se faire prendre dans une avalanche car les pisteurs les déclenchent le matin. Il vaut mieux se méfier de cette idée, car seules les pentes dominant des pistes ou des remontées sont déclenchées par les pisteurs. Tout le reste ne l'est pas, c'est-à-dire une bonne partie des hors-pistes de proximité : pas besoin de tirer très loin en traversée pour sortir des zones sécurisées... Et en fonction de la configuration du terrain, on trouve de nombreuses zones proches des pistes qui ne sont pas sécurisées car ne donnant pas directement sur elles.
L'ANENA permet d'observer les bilans complets des derniers hivers :
- En 2011-2012, on dénombrera 32 accidents, 87 personnes emportées, 31 ensevelies et 22 décédées (8 en randonnée, 4 en hors-piste et 10 en alpinisme, dont 9 lors d'une avalanche estivale).
- En 2012-2013, on dénombrera 72 accidents, 133 personnes emportées, 46 ensevelies et 36 décédées (dont 8 en randonnée et 16 en hors-piste).
- En 2013-2014, on dénombrera 59 accidents, 100 personnes emportées, 28 ensevelies et 20 décédées (dont 7 en randonnée et 10 en hors-piste).
L'hiver 2011-2012 a été le moins meurtrier en ce qui concerne le ski des 40 dernières années (12 morts en ski, essentiellement dans les Alpes du Nord, aucun dans les Alpes du Sud où c'était un hiver très sec). De même que l'hiver 2013-2014, ils se situent bien en dessous de la moyenne de 32 décès (sur la période 1981-2014). Ce n'est malheureusement pas le cas de 2012-2013, hiver neigeux qui a duré longtemps, avec de bonne conditions jusqu'en mai et un mois de mars particulièrement meurtrier :
Les hivers se suivent mais ne se ressemblent pas : chacun a ses caractéristiques temporelles ou spatiales. Source : PDF - bilan complet hiver 2012-2013
Alors que nous écrivions ces lignes, nous avons appris la mort de 7 alpinistes dans une avalanche au Dôme des Ecrins, sur la commune de Pelvoux. Cet accident fait passer le nombre de décès de 38 à 45, augmentant un bilan déjà lourd. L'hiver 2014-2015 est ainsi le quatrième hiver le plus meurtrier depuis 1981 (même nombre de victimes que l'hiver 1984-1985, pour moins d'accidents).
Un hiver meurtrier, au dessus de la moyenne. Source : Fred Jarry - ANENA
On a dénombré ainsi 59 accidents, dont 29 mortels, emportant au total 134 personnes, dont 62 ont été ensevelies et 45 sont décédées. En ce qui concerne les pratiques, après deux hivers où la tendance s'était inversée avec plus de décès en hors-piste, c'est la randonnée la plus meurtrière cet hiver avec 25 morts lors de 16 accidents mortels, dont deux importants (6 personnes décédées en janvier à Ceillac, 3 début avril dans les Ecrins). Ce chiffre contient également 4 personnes décédées lors de 3 accidents en randonnée en raquettes, activité que l'on assimile à une promenade tranquille lors de laquelle le danger d'avalanche est malheureusement parfois négligé. L'accident du Dôme des Ecrins a porté à 8 le nombre de tués en alpinisme, et 10 personnes sont décédées en hors-piste. Cet hiver est particulièrement marqué par des accidents aux multiples victimes : trois accidents ont fait deux victimes, et il y a les trois accidents qui ont fait 6, 3 et 7 victimes. Le département des Hautes-Alpes a été bien plus touché que les autres hivers, avec 9 accidents mortels recensés ayant entrainé la mort de 24 personnes.
Le vallon où a eu lieu l'avalanche de Ceillac, faisant 6 victimes. Photo de DICI, l'article complet ici.
Il y a de nombreuses leçons à tirer de ces statistiques. Tout d'abord comme le répète souvent Fred Jarry dans ses bilans et avec raison, "Les hivers se suivent et ne se ressemblent pas". Même si les chiffres sont assez stables dans les moyennes au fil des hivers, les différences inter-annuelles sont importantes. Le bilan dépend directement de la nivologie, et le nombre d'accidents et leur nature évoluent tout le long de l'hiver en fonction d'elle. Plus un hiver est long, plus les pratiquants sortent et plus le nombre d'accidents augmente. En revanche, un hiver très enneigé avec de grosses séries de précipitations n'est pas forcément le pire. Le problème vient des différentes couches du manteau : des conditions risquées et complexes comme la présence d'une ou plusieurs couches fragiles au fond du manteau augmentent le nombre d'accidents. C'est ce qu'on a vu cet hiver, faiblement enneigé mais au bilan lourd avec plusieurs accidents aux multiples victimes. Il était plus difficile d'appréhender les risques et la vigilance "normale" ne suffit parfois pas, car avec des avalanches de grande ampleur les zones qui peuvent sembler en sécurité ne le sont plus. L'avalanche de Ste Foy en janvier dernier était un bon exemple, où le groupe a suivi les instructions de sécurité normales mais qui ne suffisent pas dans des situations de déclenchement de grande ampleur, typiques des ruptures de couches fragiles homogènes sur de grandes surfaces et qui se propagent.
L'avalanche du Boussolenc en décembre 2012 aux Orres, grande rupture de couche fragile homogène
Ensuite il est clair qu'il reste du travail pour que les personnes qui sortent des pistes en station s'équipent mieux et apprennent à se servir du matériel de recherche, comme le disait Fred en 2011 : "cette population ne semble pas encore suffisamment sensibilisée au fait que le secours doit en premier lieu être le fait des compagnons avant l’arrivée de professionnels du secours. Un réel effort de prévention doit être fourni vers les pratiquants du hors-piste. Le message doit à la fois porter sur l’intérêt de l’équipement de secours et sur celui de se former et de s’entraîner à son utilisation."
Même si les stations déclenchent une grande partie des hors-pistes, ils déclenchent presque uniquement les zones qui peuvent comporter un risque pour une piste ou une remontée. Ainsi de nombreuses pentes ou contrepentes pas forcément éloignées des pistes peuvent ne pas être déclenchées et présenter un risque. C'est ce qu'on a vu en décembre 2013 à Serre-Chevalier avec la mort d'un jeune snowboardeur sur une pente courte et à quelques mètres des pistes qui donnait sur un torrent :
La zone de l'accident où on distingue encore la rupture après une nouvelle chute de neige. Source : data-avalanche.org, voir la fiche de l'avalanche.
De plus, être équipé ne signifie pas seulement qu'on peut être retrouvé mais surtout qu'on peut aider à retrouver des personnes. On le voit bien en randonnée, au fil du temps les compagnons ont pris le relais des secours pour retrouver les personnes ensevelies. Le temps qu'il faut pour alerter les secours, le temps qu'ils arrivent et qu'ils commencent la recherche au sondage et avec les chiens, des minutes capitales s'écoulent. En étant bien équipé et surtout bien formé, avec des compagnons de confiance, pendant que l'un alerte l'autre commence sa recherche et on augmente les chances de retrouver la victime vivante.
Remerciements : Fred Jarry, L'ANENA (Association Nationale pour l'Etude de la Neige et des Avalanches).
30 Commentaires
J'ai par le passé participer à une formation Anena c'est toujours instructif ce qu'ils ont à dire..
Pour le coup l'article ne fait pas qu'énoncer des chiffres avec plein de graphiques, il explique de nombreuses choses
Merci
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Il ne faut pas négliger non-plus le fait qu'en rando, les skieurs restent bien plus longtemps en zone "hostile" à cause de la montée. Il aurait d'ailleurs été intéressant de donner la stat montée/descente pour cette catégorie de victimes ...
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Chaque accident étant différent et traité par des personnes différentes, il est dur de croiser des données moins "définies" que le base "décès/blessé/indemne". Ne serait-ce que sur le port du DVA, Fred m'a expliqué qu'il était compliqué de sortir des chiffres non biaisés car on ne prendrait pas en compte les incidents isolés où des personnes se sont secourues au DVA sans l'aide de personne et qui n'ont pas été médiatisées/comptabilisées. Et il y en a c'est sur, mais combien ? Aucune idée... Et vu qu'on parle de chiffres peu élevés, 4 ou 5 incidents de ce style suffiraient à biaiser les résultats.
Sur les formations/connaissances des gestes de premiers secours, c'est quasiment impossible... Si la personne a passé le SST il y a 5 ans, elle a une formation mais est-ce qu'on peut dire qu'elle est apte à intervenir sur une victime d'avalanche ? Les victimes du froid sont particulière à gérer, tu le sais comme moi. J'ai moi-même passé les PSE1 et 2 mais ils ne sont pas recyclés, depuis 2 ans, ça me placerait où dans une stat ? Ce qui est sur, c'est qu'être formé et entrainé à intervenir sur une avalanche est un gros plus.
Maintenant je comprend tres bien que ca soit tres difficil de repondre a ce genre de question.
Killa, je pense qu'un mec qui intervient sur un blessé à des connaisances en premier secours, celui qui n'en a pas va rester un peu ballot sans oser rien faire. Et pour le coup les equipes d'intervention savent si des gestes ont été pratiqué avant leur arrivée.
Il est claire que plus on est formé mieux, mais le mieux est quand même de tout faire pour que l'accident ne se produise pas.
Malheureusement, je crains que le pourcentage de pratiquants capables de faire une coupe du manteau neigeux et de tirer un diagnostique soit extrêmement faible.
La capacité à évaluer correctement le risque est pour moi primordiale et je pense vraiment que tout le monde devrais ce former plutôt que d'acheter des équipements de sécurité qui parfois donne l'impression de réduire l'exposition au risque. Je pense en particulier au Sac ABS. De mon point de vue il est plus intéressant d'investir dans sa formation nivologique plutôt que dans un équipement qui ne permet pas de réduire le risque. Mais qui en réduit parfois les conséquences (heureusement).
- être formé aux premiers secours ne peut nuire en cas d'intervention, ne pas être formé peut-être fatal pour un compagnon...
- disposer d'un matériel DVA devrait être une obligation pour toute personne en situation de mise en risque potentielle de sa vie ou de celle de tiers, la notion de responsabilité civile et pénale étant plutôt incomprise dans notre pays. Et il est aussi vrai que bon nombre de détenteurs de DVA puissent se sentir protégé avec, et donc se sentir libéré et prendre plus de risques que s'ils en étaient dépourvus.
- être formé aux conditions de neige et de terrain semble être un point très important, les randonneurs en montée ont toujours l'idée de la trajectoire à suivre car ils savent qu'en cas d'avalanche ils n'ont quasiment pas de temps pour réagir. Le questionnement de la "trajectoire à prendre" est plus rare en descente, l'ivresse de la trace à faire et l'appel de la descente l'emportent bien souvent sur la raison.
- Et bien sûr d'autres points qui vont dans le sens d'une connaissance accrue de la neige et son environnement, des matériels, des dispositifs de prévention et de secours, et de sa propre responsabilité en toute situation...
Enfin, les statistiques sur les avalanches sont certes non pertinentes "statistiquement et formellement" parlant, mais il en demeure qu'un certain nombre de tendances événementielles ou comportementales en ressortent. Cependant, j'ai été surpris de ne pas voir apparaître le paramètre "heure de l'événement", n'est-ce pas important?
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Pierre
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Avec la promotion du freeride / freerando et le développement du matos qui va avec, le nombre de pratiquants - inexpérimentées qui plus est - à juste du faire BOOM ! Non ?
Si c'est le cas, la prévention fonctionne juste trop bien !
Donc visiblement la sensibilisation fonction plutot bien.
Apres la montagne, c'est la montagne... il faut rester humble face a elle et savoir quand faire demi tour.
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J'ai vu toujours autant d'inconscients se ruer sur les rares zones vierges en post-chute, avec autant d'équipements et de bon sens qu'un touriste en bateau gonflable à Teahupoo, pourtant à chaque accident on perdait un mono, un guidos, aspi ou autre cafiste de longue date pas franchement connus pour leur soif d'imprudence ou leur incompétence.
Le biais du hasard sans doute, mais qui colle un sacré coup à la cafetière en donnant l'impression que l’expérience ou l'équipement et l'aptitude à s'en servir ne pèsent pas toujours bien lourd dans la balance...
Super étude en tout cas.
Les guides, mono ... sont plus souvent dans le milieu, tout les jours exposé, un jours ou y faut pas et c'est fini, probablement dans une zone ou ça part rarement.
Cela s'appelle "le syndrome du vieux guide" : le gars emmène ses clients faire le même itinéraire où il ne lui est jamais rien arrivé depuis des dizaines d'années; il ne se méfie plus trop puis, un jour, ... crac ...
Et pas forcément non plus une inconscience ("ici, je connais, c'est safe" mais bien un risque statistique...
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"Le même jour (27 décembre 2013), dans la station de Serre-Chevalier (Hautes-Alpes), un jeune snowboarder perd la vie dans des conditions particulières mais qui rappellent que, me?me une petite pente, dans certaines configurations de terrain, peut être fatale. Alors qu’il s’est engagé dans un thalweg peu adapte? a? la pratique du hors-piste, le jeune homme décide de de?chausser et de remonter la courte pente pour rejoindre la piste rouge. Tandis qu’il entame sa remonte?e, la pente d’environ 15 mètres de dénivelé se décroche. La plaque le pousse au fond du torrent et comble son lit. La victime, non équipé d’un système de détection, est localisée grâce aux efforts combinés d’un chien et des sondeurs. Elle est dégagée au bout d’une heure alors qu’elle était ensevelie sous 2,5 m de neige. Malgré le travail des secouristes et médecins, la victime décède au CHU de Grenoble des suites de son ensevelissement. Ici, c’est clairement le piège de terrain que constituait cette cuvette, dans laquelle s’est accumulée la « petite plaque », qui est la cause principale du décès de la victime. L’ensevelissement a été profond et trop long."
Cet accident est très parlant pour toutes les personnes qui pensent "hors-piste dangereux = grande pente non tracée" et qui font du bord de piste sans équipement en pensant que le danger est faible ou inexistant.
Lorsqu'on se sert de skitrack.fr ou d'autres sites de fonds de cartes qui indiquent les pentes à plus de 30°, ces cartes ne prennent pas ou peu en compte les courtes pentes de ce style (forcément, un peu difficile d'arriver à ce niveau de précision). Parfois dans une pente peu pentue (disons 20-25 degrés), il y a des mouvements de terrain (généralement des "couloirs" formés par l'écoulement de l'eau, qu'on peut difficilement appeler des torrents, plutôt des ruisseaux) qui peuvent localement dépasser les 30° et former de petites plaques, petites en taille mais selon les chutes de neige qui peuvent être grosses en volume et suffire à emporter voire ensevelir quelqu'un comme dans le cas de Serre-Chevalier. Si on rajoute à ça une journée de brouillard/jour blanc et que la personne est seule ou dernière du groupe, ça peut vite devenir une situation délicate...
Ps: un départ au terrain ça fait bizarre quand tu saute sur le coté et que tu te retrouve sur de l'herbe avec toute la neige en bas pas l'air d'un con ^^
Mais effectivement, ça doit faire bizarre...
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- hors période de fort radoucissement (entraînant des plaques "de fond", c'est-à-dire qui vont jusqu'au sol), les avalanches sont de type "superficiel" : neige sur neige. Donc la rugosité (herbe rase, couchée, dalles, pierrier fin, pierrier grossier, etc.) du terrain n'a aucun rôle à jouer dans le départ/déclenchement de l'avalanche. Et c'est la majorité des cas d'accident. Par contre, la présence de végétation basse type rodho, arcosses/vernes, peut jouer un rôle dans la création de couches fragiles ... de la même façon que l'on retrouve assez souvent des couches fragiles (gobelets notamment) à l'aval des rochers (reptation de la neige, création d'un vide, conditions plus propices au fort gradient).
- les plaques sèches déclenchées, c'est à partir de 30° (environ. ce chiffre rond est facile à retenir). Sachant que la majorité des plaques, selon différentes études, part plutôt au-dessus du 35°. Un gros mur de piste noire donc.
- il y a plein de facteurs à analyser, mais si on parle "terrain" et qu'on reste basique, vous devez vous poser trois questions fondamentales lorsque vous abordez une pente :
- l'inclinaison maximum de la pente que je vais skier est-elle supérieure à 30° ? Selon les conditions nivologiques (notamment le niveau de risque), cela ne peut concerner que l'axe de pente que vous allez skier ; la totalité de la pente ... voire la combe entière.
- quel serait la surface et le volume de l'avalanche ? le terrain est-il très cloisonné ou est-ce une pente ouverte ? (en gros).
- si ça part, où l'écoulement m'entraîne-t-il ? c'est la question des pièges de terrain, tout aussi importante que celle de savoir si ça peut partir ou pas. Une grande partie des décès ou accidents graves sont dus à des pièges type : percussion contre un arbre, des rochers (dans les couloirs scabreux), saut de barre ou de sérac, enfouissement profond dans un talweg, une ravine, une crevasse, noyade dans une rivière, un lac ....
c'est du basique, mais c'est fondamental.
fred.
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merci
On commence a voir des chiffres:
secours-montagne.fr
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Salut,
concernant l'efficacité des airbags, je vous conseille cet article (traduction française d'une étude internationale menée par Pascal Haegeli et à laquelle l'ANENA a participé : anena.org
L'idée est : dans une même situation d'avalanche, quelle différence de résultat/efficacité entre une personne équipée d'un sac airbag et une personne non équipée. Je vous laisse découvrir.
fred.
http://www.anena.org/7601-efficacite-des-airbags-avalanche.htm
"(...) les bénéfices personnels de sécurité issus des airbags sont rapidement annulés si la personne les utilise pour justifier une exposition accrue dans des terrains où de plus grosses avalanches sont probables."
J'utilise un sac airbag et je me pose autant que possible la question est ce le fait de porter ce sac qui m'encourage à y aller ? où si mon analyse est détachée de ce fait et donc objective.
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