Vous connaissez surement le film de Matchstick Attack Of La Nina, vous savez peut-être qu'il s'agit du nom d'un phénomène météorologique du Pacifique. Et depuis quelques semaines on entend parler de plus en plus de son frère El Nino et de son influence sur l'hiver 2015-2016 aux Etats-Unis, ainsi que de sa possible influence sur l'Europe. Alors c'est quoi ce truc ? Est-ce que ça peut nous amener de la neige ? Combien ? Où ? Quand ? Respirez un grand coup et détendez-vous, nous allons essayer d'y voir plus clair dans tout ça...
En temps normal, les alizés, des vents intertropicaux soufflants d'est en ouest, poussent l'eau chaude du Pacifique vers l'ouest, du côté de l'Indonésie et de l'Australie. Cela a pour effet d'avoir une zone chaude de basses pressions à l'ouest et une zone plus froide de haute pression à l'est, du côté de l'Amérique. A cet endroit le thermocline, la zone de rupture entre les eaux chaudes de surface et les eaux froides du fond de l'océan, remonte car l'eau chaude a été chassée à l'ouest. Qui dit eaux chaudes et basses pressions dit précipitations, et c'est ce qu'il se passe du côté de l'Asie et l'Océanie. L'air chaud monte dans l'atmosphère où il est ensuite transporté par les vents de haute altitude en se refroidissant, il va alors redescendre (comme en chimie au collège, le chaud monte et le froid descend). Cela crée une circulation appelée la boucle de Walker, spécifique à l'Océan Pacifique :
Pour des raisons encore indéterminées, sur un rythme irrégulier allant de deux à sept ans, les alizés faiblissent et ne poussent plus l'eau chaude à l'ouest du Pacifique. Celle-ci afflue alors vers la côte est, le thermocline redescend et les précipitations ont lieu plus à l'est qu'habituellement, augmentant ainsi en Amérique.
On parle beaucoup d'El Nino car celui de 2015-2016 semble être un des plus importants qu'on ait pu observer. Sachant qu'il va continuer de grossir cet automne, il se pourrait qu'il atteigne le niveau de celui de 1997-1998, un des plus violents jamais enregistrés. D'après la NOAA*, il y a 90% de chances qu'El Nino continue durant l'hiver et 85% qu'il tienne jusqu'au début du printemps. Ici la vue satellite de la SST Anomly, l'anomalie de la température de la surface de la mer, avec en rouge les zones plus chaudes que la moyenne. On distingue bien El Nino le long de l'équateur à gauche de l'Amérique :
La Nina est le phénomène opposé à El Nino, il s'agit d'un renforcement de la situation normale, avec un océan Pacifique plus froid. Les alizés, pour une raison toute aussi indéterminée, se renforcent et à l'inverse poussent encore plus qu'à la normale les eaux chaudes vers l'ouest, la température de l'océan étant alors plus froide qu'habituellement sur la bande équatoriale.
Ces deux phénomènes s'alternent dans le temps selon des rythmes irréguliers, dont les causes sont encore incomprises :
Les différents phénomènes El Nino (en haut) et La Nina (en bas) sur les 65 dernières années et leur intensité (rouge=fort Nino, bleu=fort Nina, noir=modéré)
El Nino déplace les précipitations équatoriales plus à l'est, plus près de l'Amérique. Il perturbe donc à la fois les courants marins, l'atmosphère, le déplacement des précipitations, et les vents. Les typhons seraient plus nombreux et déroutés de leurs routes habituelles.
Les différentes cellules de tempêtes du Pacifique au 1er septembre 2015
Une des conséquences les plus connues d'El Nino est la raréfaction du poisson le long de l'Amérique du Sud, remarquées par les pêcheurs depuis plusieurs siècles. En effet, comme l'eau chaude a afflué à l'est, les eaux froides ne remontent plus comme dans la situation normale, et ces dernières remontaient avec elles les sédiments dont de nombreuses espèces se nourrissent. Résultat, les pêcheurs font moins de prises.
Les conséquences d'El Nino peuvent être désastreuses, avec de grosses pluies et tempêtes qui créent des inondations et des glissements de terrain en Amérique, tandis qu'en Indonésie et en Australie, les précipitations se font plus rares et plus faibles, avec des périodes de sécheresse.
El Nino provoque en général un hiver plus doux sur l'Amérique du Nord, essentiellement sur l'ouest du Canada et le quart nord-ouest des Etats-Unis. En revanche cette zone est aussi plus sèche que la normale, ce qui n'est pas l'idéal pour avoir beaucoup de neige...
Les gagnants en terme de neige d'El Nino sont les états de la partie sud-ouest des Etats-Unis : il se met en place un flux de précipitations sur le sud du pays qui proviennent du Pacifique, et avec de l'air frais. Dans les zones où il y a des montagnes (Californie, Colorado), il y a des chances qu'il y ait de beaux cumuls de neige.
L'influence d'El Nino sur le climat européen est très floue et assez controversée. Cependant, plusieurs études récentes ayant analysé les caractéristiques des hivers sur plusieurs siècles permettent de trouver une corrélation. Cette dernière est légère car les hivers européens dépendent de nombreux facteurs autres que l'effet potentiel d'un El Nino (ou La Nina), notamment la température de l'Atlantique nord ou bien l'étendue des terres enneigées de Sibérie qui forment un gros réservoir de froid.
Le genre de schéma sur lequel on tombe en faisant des recherches sur l'influence d'El Nino en Europe
Pour résumer, il semblerait qu'en période El Nino les débuts d'hiver (novembre-décembre) soient plus doux et humides avec un flux d'ouest, avant que la situation ne change entre janvier et mars en passant sur une situation plus propice aux blocages anticycloniques (tant redoutés pour nous autres skieurs, car synonymes de moins de chutes de neige). En période La Nina l'effet serait opposé : après un début plutôt anticyclonique, on passerait au milieu de l'hiver à une situation de flux d'ouest humide et doux, plus propice aux précipitations. Ce changement de situation au milieu de l'hiver rend donc difficile un bilan sur l'enneigement en période El Nino ou La Nina : non seulement il y a de nombreux aux paramètres, mais selon le moment où s'effectue l'inversion cela peut donner un bon ou un mauvais hiver au sens neigeux du terme. De même que pour les températures, avec cette inversion le bilan de l'hiver n'est pas forcément chaud ou froid.
La Chaîne Météo a publié aujourd'hui ses prévisions pour l'automne et le début de l'hiver. Elle table sur un automne doux, puis un hiver doux et humide à 70% de chances (20% pour un hiver "standard", 10% un hiver froid), avec un flux d'ouest dominant, des précipitations abondantes et une fin d'hiver plus froide. Ce type de prévision rappelle l'hiver 2013-2014 qui avait été également doux et humide, donnant ainsi de bonnes quantités de neige mais surtout en altitude. Plus encourageant qu'un hiver sec, mais toujours à prendre avec des pincettes. En tout cas, cela correspond avec les résultats des études en ce qui concerne la période automnale, douce et humide avec un flux d'ouest. A voir ce que cela donnera pour la suite de l'hiver.
La prévision des centres d'action dominants en Europe cet automne d'après La Chaîne Météo, D=Dépression et A=Anticyclone
Il ne faut pas oublier que les prévisions saisonnières sont des tendances de températures et de précipitations à long terme dont la probabilité est bien moins bonne que les prévisions à court terme. De plus, ces dernières ne prennent pas du tout en compte les spécificités locales des vallées montagneuses et se contentent de dire que tel ou tel mois sera 1° plus chaud que la normale, ou bien avec 20% de précipitations en plus par exemple mais sur des zones de plusieurs centaines de kilomètres carrés. Il est donc difficile d'en tirer des conclusions précises concernant les futures chutes de neige.
Alors que les influences des phénomènes El Nino et la Nina sur l'Amérique sont très documentés et font consensus, c'est encore très flou en ce qui concerne l'Europe. Si vous pensiez pouvoir trouver la quantité de neige au centimètre près qu'il va tomber le 17 janvier à 18h à Chalmazel, désolés de vous décevoir : c'est raté. La météo est une science qui progresse lentement, et même si elle se repose sur des études, des statistiques, des calculs et des modèles, elle est loin d'être infaillible. Et nous avons malheureusement la fâcheuse tendance à nous focaliser sur l'enneigement (qui définit pour nous un "bon hiver"), alors que celui-ci est très complexe et dépend d'énormément de critères : les températures, les micro-climats, l'axe selon lequel les dépressions arrivent, le vent, l'orientation, l'altitude, la localisation, etc. Alors d'après vous, quels massifs seront les gagnants l'hiver prochain ?
Sources : Images Wikipédia, Infoclimat, la Chaîne Météo, *NOAA (National Oceanic Atmosphere Administration), Earth
26 Commentaires
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stay stoke
Serez vous le reconnaître ...?
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En tout cas c'est relativement clair. Mais comme tu le dis, l'influence de ces phénomènes sur le climat en Europe est loin d'être évidente.
J'ai l'impression qu'on se focalise sur des phénomènes qui nous concernent peu au final. Mais ça, seul le temps nous le dira !
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Bravo Loïc, comme dit plus haut, c'est dur à "résumer", mais tu t'en es bien tiré ! En effet, ça progresse lentement à la météo. En 80, on avait la même fiabilité de prévisions à échéance +24h qu'aujourd'hui à + 72h !
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niuno, on dit niuno ou niunio ?
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L'ai été rendre visite a des vieux (et quand je dis vieux c par l'age)ils étaient plutôt incites les vaches veulent redescendre en vallée et les bergers commencent tot la transhumance, ça ne les rassure que très peu quand a la suite que l(on pourra voir l'automne et l’hiver qui vient, généralement quand ça commence si tout dans la saison c signe de grand froid et bcp de neige
alors messires NINO mesdames NINA feriez mieux de prendre exemple sur les anciens et nn es centres mega futuristes ou on est mm pas capable de prédire le temps a 2 jours avec un minimum de sérieuxx
donc froids (tot) neige abaissement des temp du sor assez rapines, bonnes sou souches et un hiver bien neigeux.
j'en pends le pari je paye um magnum de champ du meiller cru si sil se trompent pour uen soirée télépasseur organisée dans la station de mon choix
APPEL AU B2N2FVOLES ET CEUX QUI Y VEULENT PARTICIPER
CHAMPAGNE A FLOT BONNES SIQUES GRISL A GOGO SI ELLES GARDENT LEUR MOON BOOTS ET Y AURA UNE SUPRISE......
Et en plus j'aime pas trop le champagne donc wait and see
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