Alors faire de l'heliski en Alaska, c'est un peu le rêve de tous les riders, mais ce n'est pas si simple. Un reportage exclusif de skipass.com
spoiler : chouette vidéo en fin de page
6h30 : réveil. café, banane, café, muffin, café.
7h30 : on prend un taxi pour se rendre sur la base d’Alaska Heliskiing, située à une trentaine de minutes de Haines. Par l’intermédiaire de Tom Burt, Douds Charlet a de façon informelle réservé un hélico pour notre groupe, idéalement constitué de 5 personnes ( (toujours les mêmes : Kevin Guri, Loïc Collomb-Patton, Leo Slemett, Douds Charlet et moi-même). Si vous n'êtes pas un groupe constitué, c'est encore plus compliqué, voire impossible une journée comme celle-ci.
On y croit sans trop y croire : le temps est bouché et arrivés sur place on se rend compte qu’on est loin d’être seuls. Bref, ça sent le but mais l’accueil est sympathique : on remplit docilement les fiches de renseignement, les décharges qui précisent qu’on est complètement cool avec l'idée de mourir sans trop nous plaindre et nous joignons aux autres skieurs en stand-by. Mais bon, on le sait : ça ne va pas marcher.
9h30 : Histoire d’entretenir l’illusion, un guide emmène notre groupe faire un exercice d’entrainement DVA (on gagne) puis nous briefe sur les hélicos et les procédures d’embarquement, désembarquement, la sécurité et tout le tintouin. Mais bon, faut pas nous la faire, on sait très bien que même si le temps se lève, une prod’ quelconque ou tout simplement quelqu’un de plus américain que nous viendra nous griller la priorité qui nous est pourtant due en tant que français (d’autant qu’on a avec nous un Guide de Chamonix, oui madame)
10h45 : le temps commence à se lever et en quelques minutes le ciel est entièrement dégagé. Le premier groupe est appelé par son guide, on regarde l’hélico décoller, la larme à l'oeil. Comme on est foncièrement sympas, on se réjouit de leur bonne fortune. Pas à nous que ça risque d’arriver vu le nombre de groupes, et le nombre d’hélicos. De toute façon, tout le monde le dit, l’hélico en AK c’est l’arnaque.
11h00 : "Hey guys, get ready, you’re third, heli in 10" Ué ué, c’est ça, bien sûr… Comme on est bien élevés on se get ready quand même.
11h13 : on monte dans l’hélico, un peu méfiants quand même. Il pousse le vice jusqu’à décoller. Sont forts ces ricains.
11h23 : comme dans les films, notre flap flap jaune se pose sur une crête tout juste assez large pour ses patins. Ca fait beaucoup de bruit, on se fait fouetter la gueule, puis plus rien : le silence, seuls au monde perchés là haut. Autour c’est tout blanc et assez joli ma foi, à perte de vue. Bordel.
11h40 : S’ensuit un peu de bricolage du guide qui effectue une coupe du manteau neigeux, ce secteur n’ayant pas été ridé depuis les dernières chutes de neige. Verdict : couche de 60 à 80 cm de fraiche, stable, « ça m’étonnerait qu’une avalanche parte ». Cool !
Au total, on passera en tout une demi-heure sur cette crête, avec un panorama incroyable à 360°. "Ils" cherchent à gagner du temps, c’est évident. Pourquoi? parce que.
la vue en question, en haut du premier run.
12h02 : 3, 2, 1 droppin’… Douds Charlet est le premier à s’élancer, après Happy le Guide (c’est son nom). La face est courte, pas très engagée mais la neige est plus que belle : ça fume, ça va vite. On y croirait presque, mais bon, ne nous emballons pas. Kevin, Loïc et Leo suivent.
12h05 : je m’élance, un peu nerveux quand même. C’est bon, très bon, très très bon. Sensation totalement indescriptible d’un premier run en héliski en Alaska. Quelque part entre le 4ème et le 5ème virage, je me fais un petit statut Facebook mental rien que pour moi « Heliski en AK : check » en me promettant de ne surtout pas le poster parce que ça craint quand même ce genre de statut.
Bref, à cet instant, il faut se rendre à l’évidence : il semblerait bien que le plan ait finalement fonctionné et qu’on soit en train de faire l’héliski en Alaska. Et qu’en plus les conditions soient proches de la perfection : 60 à 80 cm d’une neige ultra légère mais dense à la fois. Un bonheur à rider. Seul regret : les runs que nous avons fait étaient courts, en général une première section de un peu engagée à très engagée selon son choix de ligne, puis une longue partie glaciaire vallonnée qui tenait plus de la balade (sympa) pour rejoindre la zone de récupération.
14h15 : la lumière se dégrade, ça tourne au jour blanc, on décide à l’unanimité de s’arrêter au bout de 3 runs. C’est à la fois peu et beaucoup car les runs sont intenses, exigeants en termes de concentration. Pas de quoi effrayer un rider du Freeride World Tour mais pour un rider comme vous et moi, il faut engager un petit peu la viande par moment, et avoir confiance dans le Guide quand il vous fait passer en second dans un beau (long et large) couloir à 40/45 bien chargé (mais rien ne bouge, ce n’est pas qu’une légende).
14h45 : on passe à la caisse. 3 runs, 480 dollars par personne. Bon, à ce prix là, vous avez 3 forfaits saison à Lans en Vercors, c’est vrai. Mais disons que c’est une expérience un peu différente, une belle chose à vivre, surtout quand on est sur place. Mais il y a a aussi moins de sapins, et c’est un chouilla plus loin de la maison, donc au final ça se discute.
15h : meilleur burger du monde, round 2. Alaskan Amber. Best day ever, trop stoked quoi.
16h : on refait la route dans l'autre sens, c'est pas vilain.
Toute blague à part, c’était un peu le rêve alaskayen aujourd’hui, quelque chose de fort pour les néophytes de l'Alaska que nous étions tous (à l'exception de Douds). Happy, notre guide, était super pro et cool, même s’il n’a pas offert aux riders les faces dont ils rêvaient : mais la règle ici est qu’elles se méritent (le critère de mérite étant tout simplement ce bon vieux dollar). Les meilleurs runs, les plus longs, les plus engagés, ceux des films sont réservés aux boites de prod justement, ou aux très bons clients, ceux qui sont capables de dépenser plusieurs dizaines de milliers de dollars (à répartir entre 5 personnes) et ont posé sur la table de confortables avances (non remboursables).
17h30 : la course est confirmée pour le lendemain.
23h30 : Kevin Guri vient de boucler ce chouette premier edit du trip. Il va pouvoir commencer à réfléchir à sa ligne du lendemain.
Update : finalement, la course de mardi a été annulée en raison des mauvaises conditions de visibilité. La prochaine fenêtre sera certainement pour jeudi (à confirmer).
6 Commentaires
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Ou alors c'est parce que le Qatar a piraté zapiks
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